AG du Renouveau : homélie de Mgr Nicolas Brouwet

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Assemblée Générale du Renouveau – Nouan-Le-Fuzelier 

Homélie du dimanche du Christ Roi, 26 novembre 2023, 

par Mgr Nicolas Brouwet.

Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Nîmes, et le cardinal François Bustillo, évêque d’Ajaccio, sont les deux évêques accompagnateurs du Renouveau Charismatique en France, nommés par la C.E.F..

« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. »

Oui, un jour nous serons jugés. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous apprend qu’il y a un jugement particulier juste après notre mort.

Et puis il y aura le Jugement dernier dont l’Evangile nous parle aujourd’hui. CEC 1038,ss.

On ne parle plus beaucoup du Jugement Dernier. Il semble qu’il n’y a plus que 2 catégories de personnes qui y pensent :

  • Les saints : ils ont conscience de la distance infinie entre Dieu et l’homme. Entre leur appel et leur péché, ils voient tout ce qu’ils n’ont pas fait et auraient pu faire.
  • Les grands pécheurs à l’heure de leur mort.

Notez que dans cette parabole sur le Jugement Dernier, le Seigneur ne nous parle pas d’abord du jugement mais de notre vocation :

«Venez les bénis de mon Père. Entrez dans le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ».

Quelle belle expression : le Père a créé le monde pour nous faire entrer dans le Royaume « préparé pour nous ».

Nous sommes bénis par le Père, revêtus des bénédictions du Père. Rappelez-vous les 6 bénédictions du Père (Eph 1)

« Il nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux dans le Christ ». Paul précise : « Il nous a élus en lui dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ ». (Eph 1, 4-5) 

De même en Col 1, 13-16 : « Le Père nous a arrachés à l’emprise des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la Rédemption, le pardon des péchés… Tout a été créé par lui et pour lui… »

Nous recevons les bénédictions de Dieu : pour nous tenir en sa présence dans l’amour.

Voilà notre appel profond : entrer dans le Royaume du Fils et tout soumettre à sa royauté qui est une royauté de « vie et de vérité, de grâce et de sainteté, de justice, d’amour et de paix » (Préface de la messe).

C’est recevoir les bénédictions de Dieu qui nous appelle à Lui pour partager sa propre vie.

Voilà ce que le Seigneur dit dans cette parabole : Tu veux hériter des bénédictions du Seigneur ? Tu veux répondre à ton appel profond ? Tu veux être citoyen du Royaume ? Tu veux étendre ce Royaume ? Construis-le à partir de maintenant dans la ferveur du Saint-Esprit.

De ce fait, quel sera le critère de notre vie au jour du Jugement ? L’amour porté à nos frères.

Non pas des actes extraordinaires mais l’amour au quotidien. (Cf Matthieu : bâtir sur le roc.)

« N’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? En ton nom que nous avons chassé les démons ? En ton nom que nous avons fait bien des miracles ? Alors je leur dirai en face : « Jamais je ne vous ai connus ; écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité ». (Mt 7, 22-23).

Le critère de notre vie dans le Christ sera l’humble amour de tous les jours.

Vous savez bien que la mesure de notre foi (si on peut dire), ce n’est pas le sentiment de la présence de Dieu, c’est cet amour porté à celui ou celle qui se présente devant moi.

C’est ce que la tradition spirituelle de l’Eglise nous conseille en période de désolation, dans ces périodes où on ne sait plus où on en est dans sa relation avec Dieu : redoubler ces petits actes de charité pour entretenir la foi plongée dans l’obscurité (Mère Teresa).

Servir, pardonner, sortir les poubelles, appeler une personne seule, visiter un malade…

Ce sont les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés ; donner à boire à ceux qui ont soif ; vêtir ceux qui sont nus ; accueillir les pèlerins ; assister les malades ; visiter les prisonniers ; ensevelir les morts.

Jusqu’où va cet amour ? Jusqu’à voir Jésus dans la personne de notre frère.

Voilà un trait de notre foi chrétienne extrêmement original et très profond. Jésus, Fils de Dieu, s’identifie au plus misérable.

Quand on voit un pauvre, une personne malade, un prisonnier, on est poussé à voir en lui ce qu’il y a de peu attirant ; on voit une misère qui nous effraie, dont on ne veut pas pour soi. On se sent parfois très démuni face à lui, à elle. D’abord parce qu’il nous renvoie à notre impuissance : on ne pourra pas le sauver et cela nous déstabilise. Et puis il nous renvoie à notre propre avenir : et si nous devenions un jour ce qu’il est devenu ? En fait, nous sommes portés à nous regarder en lui. Et cette vision nous fait peur, nous met mal à l’aise.

Et là, c’est comme si le Seigneur nous disait : « Convertis ton regard ! »

Oui, cet être malade, prisonnier, tombé dans la pauvreté a été créé par le Père ; il est l’objet de son amour. Il a, lui aussi, reçu ses bénédictions.

« Et moi, dit le Seigneur Jésus, je suis présent en eux, vivant en eux. Je suis descendu dans leur humanité blessé, malade, précaire. Et c’est en cet état que je me présente à toi. Discerne ma présence quand tu les aperçois, quand tu t’approches d’eux. Quand tu es avec un pauvre, quand tu visites un malade ou un prisonnier, je suis déjà là, je t’ai précédé. Et l’amour que tu lui portes, c’est le feu du Saint-Esprit que je t’ai envoyé et que j’ai déposé en toi.»

Cela nous ouvre à un regard contemplatif sur ceux qui nous entourent et nous sont envoyés.

« Quand aura lieu le jugement ? » semble nous dire la parabole. Dès maintenant, aujourd’hui, dans l’instant présent, dans la banalité du quotidien, en rencontrant ton prochain.

Et en discernant ma présence, nous dit Jésus, tu te soumets au Jugement. Tu te laisses conduire ; tu deviens mon disciple ; tu reçois les bénédictions du Père. Tu deviens fils ou fille du Royaume préparé pour toi depuis la création du monde.

Voyez le Jugement Dernier de Van der Weyden aux Hospices de Beaune. Le juge est le Crucifié, il porte la marque des plaies. C’est un juge qui a donné sa vie pour nous. Le lien, dans ce tableau, est fait entre le juge et les malades, le juge et ceux qui les visitent.

Ce n’est pas pour nous mettre la pression. C’est pour nous montrer que nos gestes de tous les jours ont un poids d’éternité et que notre vie est transfigurée.

Nous rencontrons le juste juge chaque jour.

Nous rencontrons le Christ présent chaque jour.

Nos gestes d’amour auront fait de nous ce que nous serons devenus : des enfants du Royaume préparé pour nous.

Amen.

 

 

 

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