EDITO : Que votre joie soit parfaite ! Jn 15, 11

“Mets ta joie dans le Seigneur” – Par Claude Turck

Réjouissez–vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez–vous ! Ph 4,4

Tenez pour une joie suprême mes frères, d’être en butte à toutes sortes d’épreuve. Jc 1, 2

Dans ma vie de foi, je suis confronté à des périodes de doute, qui provoquent en moi stress et angoisse. Situations éprouvantes, que je ne sais ni nommer ni décrire. Je les subis. Elles me désorientent. Moments difficiles qui éteignent ma joie.

Ces temps me conduisent à douter du bien-fondé de mes choix et de ma foi.

J’ai souvent constaté que les trois grands temps liturgiques de Noël, Pâques et Pentecôte sont particulièrement propices à ces « combats ».

Ce sont pourtant des moments où tout devrait me conduire à la joie, or je sombre dans une sorte de mélancolie. Brusquement quelque chose vient tout gâcher !

La « nuit obscure »1 éprouvée par Jean de La Croix et tant de saints, surgit. Même le goût de Dieu semble disparaître. Sentiment que tout est vain, inutile… et Dieu se tait. Je perds pied…

D’où cela vient-il ?

Je sais aujourd’hui que cela s’appelle le combat spirituel.

C’est une guerre sans merci que le démon livre à tous les enfants de Dieu ! Lui qui n’a pu vaincre le Christ, dans sa fureur, il se venge sur nous qui faisons l’objet de Son amour.

Voici une petite parabole : quelques moines font ripaille dans le réfectoire, s’empiffrant de mets succulents et se soûlant de vin qui coule à flot. Ils chantent des chansons paillardes. Ils sont ivres, délirants, insouciants. Dans un coin de la salle, des diables dorment paisiblement. Dans la chapelle voisine, d’autres moines prient et louent le Seigneur par de merveilleux chants grégoriens qui montent vers le ciel comme l’encens. Ils sont heureux, joyeux. Des diables sont là, furieux et de leurs fourches houspillent les frères, qui résistent et redoublent de louange avec un puissant chant en langues.

Si nous sommes dans de fausses joies, le diable s’en moque ; si nous sommes dans la vraie joie, nous l’exaspérons et il vient nous troubler.

Nous risquons d’être déroutés : Et ce n’est pas étonnant, car Satan lui–même se déguise en ange de lumière 2 Co 11, 14.

Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des ténèbres d’ici–bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes Ep 6, 12.

« Le diable existe et nous devons le combattre », rappelle le pape François. 2

Comment lutter ensemble ?

  1. En reconnaissant « le tentateur » pour le dénoncer et nous y opposer. Il s’agit d’être vigilants dans nos pensées, nos paroles et nos actions afin de ne pas donner prise au diable (cf. 2 Co 2,11) ; en gardant la maîtrise sur nous-mêmes (cf. 1 Co 7, 5b) ; et que le soleil ne se couche pas sur votre colère  Ep 4, 26. Pierre nous y encourage : Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, étant fermes dans la foi. 1 Pierre 5, 8-9. Et Jacques d’écrire : Soumettez–vous donc à Dieu, mais résistez au diable, et il fuira loin de vous. Jc 4, 7.
  2. En écoutant la Parole de Dieu, plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants Hé 4,12, que nous recevons comme un cadeau dans la liturgie, dans notre prière personnelle comme dans nos assemblées de prière. Nous lisons la Parole, la méditons, la ruminons (cf. Dt 30, 14) : La voix qui vient du ciel me dit : Prends [le petit livre] et mange-le. Il sera amer à tes entrailles, mais dans ta bouche il aura la douceur du miel  Ap 10, 9. Elle est pour nous source de vie et de transformation profonde.
  3. En favorisant la vie fraternelle – nous ne sommes pas chrétiens tout seuls –  et en demeurant  ensemble dans la prière, la louange, l’action de grâce, glorifiant Dieu en tout moment. La prière des frères, et particulièrement la prière de délivrance, nous libère des emprises du Malin. Nous combattons ensemble avec force.
  4. En prenant part aux sacrements, « sceau » du Dieu Amour, nous sommes introduits dans le mystère de la vie divine et sanctifiésLe sacrement de réconciliation, est une arme particulièrement puissante dans le combat spirituel. Car, en comprenant que Jésus est venu spécialement pour moi et que je suis pardonné, je perçois une grande consolation.
  5. En étant accompagné spirituellement. L’accompagnement spirituel 4 est un soutien important dans notre recherche du désir de Dieu pour nous. Nous prenons le temps de faire un « break » pour relire notre vie avec notre accompagnateur. Nous sommes en mesure de mieux comprendre ce que nous vivons et, pacifiés, nous traversons dans la paix des moments difficiles.

Dans ce combat nous ne sommes pas démunis, mais forts dans la souveraineté du Christ à la croix, qui fourbit les armes à notre disposition  (Eph 6, 11-17).

A travers nos combats, nous avançons conversion après conversion.

Avec le Christ la Victoire est assurée !

De plus, pour continuer le combat, l’Esprit-Saint nous est donné à la Pentecôte.

Nous serons alors, tels des disciples du Christ, envoyés en mission deux par deux pour proclamer avec assurance le Kérygme3 !

Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.  Jn 15,11

Une joie simple, qui ne soit pas surfaite : la vraie joie, celle donnée par Jésus et qui ne s’épuise jamais !

Notes

1Poème écrit par St Jean de la Croix et reprit dans un grand traité mystique en quatre volumes la Montée du Carmel. Cette nuit est dite « bienheureuse » par son auteur car elle est un chemin de purification et de contemplation.

2Le pape François dans son homélie du 30 octobre 2014 à la Maison Sainte Marthe.

3Kérygme : Proclamation de la foi chrétienne : « Jésus-Christ, envoyé par le Père, pour nous sauver, vrai Homme et vrai Dieu, mort et ressuscité qui nous entraîne dans sa gloire ! »

4

L’accompagnement spirituel

1 Commentaire

  1. Merci Claude pour cet encouragement à tenir, fermement enraciné dans la foi.
    Bonne route à tous vers une nouvelle Pentecôte. JM

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