Désirer et vivre l’effusion de l’Esprit

Désirer et vivre l’effusion de l’Esprit

(par le Père Etienne Garin, sj, in “Pentecôte aujourd’hui” n°7)

“Oui, c’est de l’Esprit- Saint que l’Eglise a besoin aujourd’hui. Tous, dites-lui donc toujours : Viens !” (Paul VI)

“J’attends de vous que vous partagiez avec tous, dans l’Église, la grâce du Baptême dans l’Esprit Saint.” (Pape François)

Au sein de la multitude des chrétiens, notre spécificité de charismatiques, c’est l’effusion de l’Esprit. Qui en douterait ? Une effusion de l’Esprit qu’un jour nous avons vécue de façon éminente, mais surtout une effusion de l’Esprit que nous espérons vivre souvent, que nous attendons et demandons lors de chacune de nos assemblées de prière. Pentecôte, c’est aujourd’hui, aimons-nous dire.

Mais pourquoi donc, nous charismatiques, tenons-nous tellement à cette effusion de l’Esprit ? Ne nous suffit-il pas d’avoir reçu l’Esprit par les sacrements de l’initiation chrétienne, le baptême, l’eucharistie et la confirmation ? Que vivons-nous donc qui nous permette de témoigner inlassablement que l’effusion de l’Esprit transforme notre vie ?

Même si l’effusion de l’Esprit n’est que l’une des modalités possibles de l’expérience spirituelle, elle est celle que les charismatiques vivent et qui ne cesse de les émerveiller. Par elle, ils font l’expérience d’être animés par l’Esprit qui jusqu’alors demeurait pour eux un inconnu. Dorénavant, ils ne peuvent plus en douter : l’Esprit s’est bien répandu dans toute leur humanité, ils le connaissent personnellement et ils proclament avec Saint Paul  : “Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse aussi agir” (Gal 5,25). Dans ce bref exposé, soulignons simplement quelques unes des découvertes décisives qui dynamisent de façon toute nouvelle le chrétien à qui il est donné de vivre l’effusion de l’Esprit.

L’’Esprit se révèle libéré en moi

Il m’anime de façon toute nouvelle : ma mémoire, mon intelligence, ma sensibilité, ma volonté sont à certains moments mus de façon surprenante. Curieusement, tout mon être sait aussitôt que seul l’EspritSaint est à l’origine de ces inspirations, paroles prophétiques, chants de louange et autres charismes que j’exerce à ma plus grande surprise. J’avoue donc qu’auparavant ce même Esprit, bien qu’étant déjà là, ne pouvait guère se manifester. C’était bien de l’eau vive prête à irriguer tout mon terrain, mais n’était-elle pas immobilisée par quelque barrage secret dont j’ignorais l’existence même ? C’était bien un feu prêt à tout embraser mais n’était-il pas enfoui sous quelque tas de cendres ? Aujourd’hui, l’Esprit se révèle libéré en moi, comme réveillé de sa discrétion forcée, heureux de pouvoir dire qu’il est là heureux de s’exprimer à travers d’imprévisibles charismes.

L’Esprit crie en moi

Jusqu’alors, je vivais, sans bien m’en rendre compte, principalement selon mon identité de fils d’homme. L’effusion de l’Esprit m’a fait crier, presque malgré moi, mon identité de baptisé, de fils adoptif de Dieu. Jusqu’alors cette identité demeurait comme refoulée, interdite par ma complicité avec le monde, mais aujourd’hui je ne puis oublier le cri que j’ai poussé au milieu des larmes et des rires. Il a jailli avec une puissance qui ne vient pas de moi et qui cependant devenue bien mienne. Je comprend : maintenant le témoignage de Paul : “La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie Abba, Père ! Aussi n’es-tu plus esclave mais fils” (Gal 4,6-7). Ce cri a jailli avec puissance de mes entrailles. C’est bien moi qui le pousse, mais c’est surtout l’Esprit qui le libère.

L’Esprit est une Personne

Impossible d’en douter pour qui a totalement fait l’expérience de sa présence se manifestant par des initiatives totalement imprévisibles et soudaines. Jusqu’alors l’Esprit “demeurait” en moi, maintenant il m’invite, m’entraîne, me stimule. L’Ecriture nous rapporte que l’Esprit qui “reposait” sur le vieillard Syméon l’avertit” avant de le “pousser” vers l’enfant Jésus que ses parents présentent au Temple (Luc 2,25-27). Celui qui nous fait ouvrir la bouche et prononcer une parole prophétique est Quelqu’un. Comment ne pas reconnaître une présence personnelle lorsqu’un amour brûlant, tout en nous laissant libres, nous envahit et nous presse de pardonner à qui nous en voulons depuis des années ? Nous sommes loin des prétendues “énergie spirituelle”, “christique”, “énergie cosmique” ou “esprits divins” dont parlent les gnostiques de tous les temps. Ce ne sont que maîtrise de forces physiques ou psychiques. II n’est plus possible à qui vit une authentique effusion de l’Esprit du Christ de le confondre avec les harmonisations, les promesses des magnétiseurs ou les propositions du New Age telle que celle du best-seller “Le chemin le moins fréquenté” l’auteur réduit la vie spirituelle à la fine pointe de la vie psychique, en précisant dès son introduction qu’il ne fait aucune distinction entre le spirituel et le mental. L’Esprit Saint est Quelqu’un : la Troisième Personne de la Trinité qui fait sa demeure en tout baptisé. Au moment opportun, il lui fait connaître son désir personnel et, sur sa demande, lui “énergie communique de l’intérieur sa force divine.

L’Esprit est libre

Malheur à qui voudrait mettre la main sur Lui, tel Simon le Magicien qui ambitionnait d’en disposer en sorte que “celui à qui j’imposerai les mains reçoive l’Esprit-Saint” (Ac 8,19). Tout charismatique sait bien que l’Esprit ne lui obéit pas. C’est lui seul qui a l’initiative de se donner, exauçant ainsi la prière de Jésus qui demande à son Père de l’envoyer auprès de ses disciples.

L’Esprit me libère

La vie qu’il me communique se révèle immédiatement préférée à tout ce que la création peut me proposer. Qui vit l’Esprit s’étonne de se constater comme détaché des biens de ce monde. Certes, ils restent appréciés mais perdent leur attrait dans ce qu’il a d’aliénant. Je m’émerveille : l’Esprit me rend de plus en plus libre face à l’avoir, au savoir et au pouvoir.

L’Esprit donne en surabondance des charismes à ceux qui les demandent pour la construction de l’Eglise

S’il demeure en tout baptisé qu’il sanctifie par sa présence, “la manifestation de l’Esprit est donnée à chacun en vue du bien commun. À l’un, c’est un discours sagesse qui est donné par l’Esprit; à tel autre un discours de science… Tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend” (1Co 12,7-11). Et c’est ainsi que l’Esprit offre à chaque chrétien une personnalité propre qui fait de lui un membre unique du Corps du Christ, un enfant de Dieu exultant de la joie de l’Esprit.

Le désir de celui  qui vit l’effusion de l’Esprit : que beaucoup la demandent et la reçoivent !

Tout charismatique ne peut que brûler d’un tel désir : il sait d’expérience combien son existence de chrétien est devenue tout autre depuis qu’il la vit. Mais osons-nous la proposer à qui est préparé par l’Esprit lui-même à la recevoir ? Est-il juste de l’offrir seulement à ceux et celles qui s’y préparent par quelque chemin “catéchétique” du type “sept semaines” ? Bien souvent ne serait-il pas souhaitable que nous ayons plus d’audace et de liberté : pourquoi ne pas la donner même immédiatement à qui témoigne d’un désir authentique d’accueillir la vie dans l’Esprit, comme dans les Actes des Apôtres et au début du Renouveau ?

Pour aller plus loin en noyau :

L’effusion de l’Esprit :

– est-elle proposée ? A quel rythme ? Comment ?

– est-elle source de dynamisme dans l’assemblée de prière ?

– cet article nous invite à plus d’audace et de liberté pour la proposer. Quelles sont nos réactions ?

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