Mon groupe de prière selon le cœur de Dieu ?

Mon groupe de prière selon le cœur de Dieu ?

(Par Claude Turck, du Conseil national de Fraternité Pentecôte) 

Il nous arrive de rencontrer des difficultés dans notre groupe de prière : des crispations, des colères, des incompréhensions… qui créent un climat de tension et de dissension. Qu’il y ait des conflits dans le monde, c’est un fait, mais entre nous ?

Quand je vois les conflits actuels dans notre monde, en Ukraine, à Gaza, ailleurs, toutes les destructions et tous les malheurs qu’ils engendrent, je suis atterré et en colère. En relisant ma vie, ce sont des années après être revenu du Mexique, après avoir tout perdu, accueilli les bras ouverts par mes parents, que j’ai compris que j’avais été l’enfant prodigue de la parabole (Lc 15, 1-3.11-32). Tour à tour d’ailleurs, j’ai été le fils cadet et le fils aîné. C’est souvent au sein de la famille que démarre un conflit. Elle est le premier lieu où nous apprenons à vivre ensemble et à gérer les conflits, qui trouvent souvent leur origine dans des malentendus et des broutilles. Les situations familiales illustrent bien comment la paix est mise à l’épreuve. Puis cela peut être entre voisins, entre villages, et se propager entre pays, dans le monde…

Mais comment, au sein d’un groupe ou se réunissent des frères et sœurs en Christ, peut-il y avoir de telles dissensions, de telles crispations, des jugements les uns sur les autres ? La dimension fraternelle n’est-elle pas essentielle dans un groupe de prière ? Je me dis que c’est de l’inconscience, de l’égoïsme, et que nous sommes malades… Et tout ça autour de la prière, parce que nous ne sommes pas d’accord sur notre façon de prier… ? Nous sommes vraiment malades ! En prenant un peu de recul, nous voyons même que c’est ridicule et cela prête à en rire tellement c’est absurde… Cela dépasse toute raison objective ! Mais où est l’amour fraternel ? L’acceptation de l’autre tel qu’il est ? La liberté pour chacun de s’exprimer comme il le souhaite ? La compassion ? L’humour ?

©FP

Alors que la prière c’est tout simple : se mettre ensemble en présence de Dieu, tels que nous sommes, des enfants, de petits enfants avec notre pauvreté, qui se laissent conduire, accueillant ce qui vient, se laissant gagner par la joie que Dieu nous propose, sa miséricorde infinie face à nos incohérences, le laissant nous guérir au plus profond de nos entrailles… Souvent nous le proclamons : nous sommes à ton écoute, Esprit Saint, sois notre seul guide ! N’entendons-nous pas qu’il nous redit sans cesse : aimez-vous les uns les autres… ? Serions-nous sourds ?

Un aspect du combat

C’est difficile à vivre ! Mais j’ai compris que nous ne devions pas nous en émouvoir outre mesure !

« Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » (Ph 4, 6-7)

Oui, je crie vers toi Seigneur, car je suis désemparé devant ces disputes ! Je voudrais tant que tout soit selon ton cœur de Père. Mais tu me le répètes, n’aie pas peur des tribulations, elles font partie du combat.

Je comprends que là où il y a combat, de bonnes choses se passent, et évidemment le Malin n’est pas content ! Il cherche par tous les moyens à semer le trouble.

Un prédicateur nous disait un jour : « Préoccupez-vous le jour où il n’y a plus de combats, cela signifie, peut-être, que rien ne se passe, et que vous n’êtes pas sur la bonne voie… »

Vous connaissez aussi cette histoire que l’on raconte et qui a lieu dans un monastère. Des moines sont réunis dans une pièce en train de louer le Seigneur, et plein de démons sont là à les piquer avec leurs fourches, mais ils continuent à prier. Dans la pièce voisine, des moines mènent ripaille, et dans un coin les démons dorment tranquillement…

Dans ma prière, je suis encouragé par ces paroles de Paul : « Qui nous séparera de l’amour de Christ ? La tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement, ou le péril, ou l’épée ? Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur. » (Rm 8, 35, 38-39)

En échangeant avec d’autres responsables, en tant que coordinateur régional Midi-Pyrénées, j’ai bien compris que des désaccords apparaissaient dans différents groupes de prière…

Peut-être que toi aussi lecteur tu te sens concerné ?

Nous comprenons combien la fraternité, le partage et la résolution des tensions sont essentiels pour créer un environnement bienfaisant et de croissance spirituelle. Cela est vrai pour notre groupe de prière, comme pour toute communauté humaine.

« Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! (2 Cor 5, 19-20)

Alors oui, j’accepte ces tensions : nous menons un combat ; un combat dont je me passerais bien, c’est certain !

Les moyens d’en sortir vainqueur

Notamment dans le temps de carême, rappelons-nous que Jésus a été victorieux face au tentateur (Luc, 4, 1-13). Et Jésus veut nous associer tous à sa victoire. Il nous apprend à être entièrement tournés vers son Père et à nous nourrir de sa Parole chaque jour. Le carême est là pour nous rappeler que nous sommes engagés dans un combat contre les forces du mal (Éph 6,12), et que dans ce combat, heureusement, nous ne sommes pas seuls. Nous avons des armes puissantes :par-dessus tout le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin ; le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.” (Éph 6, 16-17)

Alors, je me revêts de ces armes et je me lève pour le combat.

– Afin de nous préserver au mieux, favorisons une communication ouverte et honnête en donnant à chacun la possibilité d’exprimer ses doutes et ses difficultés sans crainte d’être jugé. Reconnaissons les différentes situations qui favorisent les tensions, telles que l’évitement du contact visuel, les bras croisés ou toute autre posture fermée, l’agitation ou les mouvements nerveux, les soupirs fréquents, le ton de voix plus élevé ; les commentaires sarcastiques ou ironiques ; les critiques fréquentes, mais aussi les crispations, les colères intérieures, les renfermements sur soi, les jugements hâtifs… Ces signes de tensions peuvent être détectés rapidement afin de les dénoncer.

– Pour éviter tout cela, établissons des règles de fonctionnement claires, simples et respectueuses :

  • s’écouter attentivement et respecter la parole de chacun ; accueillir nos différences qui sont une richesse ; exprimer nos opinions, nos idées avec respect et bienveillance ; recevoir et donner la joie ; être créatifs ; assidus aux assemblées du groupe dans le souci d’un juste équilibre de l’expression des sensibilités diverses ; régler les conflits par le dialogue et la médiation.
  • Pour cela il est nécessaire de s’appuyer sur un noyau solide dont le rôle est tout à la fois de prier, de rassembler, d’écouter, de discerner, de proposer, d’accompagner, d’apaiser, d’être vigilant, en se laissant conduire par l’Esprit Saint dans l’amour fraternel. Les membres de ce noyau ne sont pas nécessairement les plus doués, les plus forts, les plus intelligents. « Je ne me sens pas compétent » entend-on  souvent. Rassure-toi, c’est bon signe ! « je te choisis », nous dit le Seigneur, « tu n’es pas capable, je te rends capable ».

Nous sommes capables de gérer les conflits dans l’amour fraternel

Nous le savons frères et sœurs, le ressentiment, la colère et la rancune peuvent peser lourdement sur nous. Cela n’est pas de Dieu ! Même si parfois une « sainte colère » peut être entendue !

Nous pouvons gérer ce mal-être en encourageant le dialogue et la recherche de solutions communes ; en pratiquant le pardon et la réconciliation. « Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. »  (Col 3, 13). Le pardon permet de se défaire de ces émotions négatives, nous libérant ainsi d’un fardeau. Le pardon me libère et libère aussi mon frère, ma sœur qui me pardonne. En m’appropriant les outils du pardon et de l’amour je rends possible la construction du pont de la réconciliation et je découvre, avec surprise, la beauté des deux rives.

La Parole de Dieu est puissante pour sortir des conflits.
Mettons une garde à nos lèvres :Tel, qui parle légèrement, blesse comme un glaive ; mais la langue des sages apporte la guérison.” (Proverbes 12, 18).

L‘unité du groupe est un témoignage de l’amour de Dieu. « Oh! qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! (Ps 133, 1). N’oublions pas que le signe de la présence de Dieu et de sa bénédiction sont dans l’amour que nous manifestons : À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.” (Jn 13, 35).Voyez comme ils s’aiment !” disaient les païens contemporains de Tertullien au sujet des premiers chrétiens.

Mettons l’accent sur ce qui unit plutôt que sur ce qui divise.

« Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. » (1 Cor 12, 25)

Prions pour cette unité, nous qui formons ensemble le corps du Christ

« Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs membres. » (1 Cor 12,14)

Dans l’amour fraternel, apprenons à nous connaître et à nous apprivoiser, comme dans Le Petit Prince de Saint-Exupéry où le renard apprend au petit prince qu’apprivoiser signifie créer des liens, et devenir unique l’un pour l’autre.

Organisons des moments de convivialité en dehors des temps de prière (repas, sorties…).

Soutenons-nous dans les épreuves et les joies de la vie, en partageant nos expériences de foi dans un espace où chacun se sente libre de témoigner de sa relation à Dieu.

Soyons solidaires, attentifs aux besoins matériels et spirituels de nos frères et sœurs, principalement envers nos frères et sœurs en difficulté.

Notre modèle : La première communauté chrétienne

“Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. (Act 2, 42.44-46)”

Soyons sans crainte, patients et persévérants, car la construction de la fraternité est un cheminement.

Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération.  (2 Tim 1, 7)

La mission de mon groupe s’ accomplit à travers sa dynamique

Ne laissons pas des conflits internes entraver la mission. C’est bien parce que nous sommes une communauté de croyants qui se rassemblent régulièrement pour prier sous la conduite de l’Esprit que nous retrouvons cette expérience vécue dès l’Église primitive, renouvelée à notre siècle. Nous nous accordons à travers la louange, par les chants, les danses et la prière spontanée, où les frères et sœurs manifestent leur joie et leur gratitude envers Dieu. Par lécoute de la Parole de Dieu au cœur de notre assemblée. Par la prière des frères pour les besoins des uns et des autres, intercédant pour les malades, les affligés et ceux qui sont dans le besoin. Par les témoignages personnels qui permettent de partager nos expériences de Dieu et nous édifient dans la foi. Par l’exercice des charismes vécus comme un don de l’Esprit Saint au service de la communauté. Par l’annonce de la Bonne Nouvelle qui nous place au cœur de l’évangélisation, témoignant de l’amour de Dieu par notre vie et nos actions. Et aussi par la formation pour approfondir notre foi et acquérir des outils pour gagner en assurance et témoigner.

Sur tous ces chantiers nous pouvons et nous devons nous accorder dans un juste équilibre.

Un groupe selon ton cœur, Seigneur, varie en fonction de son origine et son histoire, liées on non à une communauté religieuse, à une confession chrétienne, à une paroisse, à une maisonnée… Des groupes mettent davantage l’accent sur certains charismes ou pratiques spirituelles, d’autres reflètent une culture locale, des traditions religieuses spécifiques. Les grâces données peuvent varier selon les groupes (accueil, paix, joie, guérison, évangélisation, témoignages, consolation, réconfort…). Les personnes qui constituent le groupe peuvent être porteuses de ces différents héritages, ils doivent pouvoir coexister sans heurts, et cette diversité est aussi une grande richesse. Ce qui est certain, et les témoignages abondent en ce sens : tout groupe selon le cœur de Dieu est conduit pas le Saint Esprit.

Épilogue

Si pour vous, frères et sœurs, ce document est un support à votre prière, à votre réflexion, alors, très bien, qu’il vous soit utile et porte du fruit.

Quoi qu’il en soit, sachez que je l’ai préparé dans la prière et qu’en avançant dans cette réflexion je me sentais directement concerné. C’est un travail à porter dans la prière, qui m’implique autant qu’il peut impliquer chacun de vous. Je ne suis pas mis à part. Si quelqu’un nous enseigne, c’est bien le Seigneur qui, dans sa tendresse, nous rappelle les fondamentaux dont il m’a permis de faire mémoire. Notamment pour les références bibliques « reçues » ou « recherchées » en lui posant souvent la question : « Seigneur, qu’est-ce que tu en penses, qu’est-ce que tu dirais, toi ? ».

Être à ton écoute, Seigneur, ce que tu veux pour ton groupe, ce que toi tu désires, Seigneur, pour nous, quand tu le veux, de la façon que tu veux. Je suis ton serviteur, tu me l’as rappelé quand tu es venu à ma rencontre (Is 41, 9-10). Je veux rester ce serviteur fidèle et je persiste à croire que tu me conduis et me soutiens par ta droite triomphante. 

Malgré mes erreurs, mes inconséquences, Seigneur, tu me redis cela avec force. Je me sens bien petit devant cette responsabilité de serviteur et, en même temps, tu me le dis souvent, « Je te donne ma joie, sois témoin de la joie que je te donne ».

Chacun de nous est en devenir, en voie d’achèvement, précieux dans les mains de notre Dieu pour préparer la vraie vie dans l’éternité qui commence dès ici bas. Bien sûr, cela nous amène à faire preuve de beaucoup d’humilité. Loin de nous enchaîner à des principes qui nous échappent, nous pouvons en éprouver une totale liberté que nous connaissons comme étant celle des enfants de Dieu. Alors oui, nous pouvons crier de joie !

Il y a un désir de conciliation chez la plupart d’entre nous et cela est bon, malgré quelques « grincheux récalcitrants ». Seigneur ouvre leur cœur ! Si nous gardons en nous un relent de crispation, de rancœur et la volonté d’en découdre, alors nous nous enfonçons dans le désarroi qui nous détruit. Nous le savons bien, le désir de Dieu pour nous est tout autre : celui de la joie et de la paix, possibles grâce au pardon donné, reçu ! Je sais cela possible si nous le demandons. Apprenons à bénir nos frères et sœurs.

Avançons ! Ne nous attardons pas sur hier, mais regardons aujourd’hui avec confiance. C’est l’instant présent qu’il nous appartient de vivre pleinement et qui nous conduit dans l’espérance vers demain.


Prions

Dieu de paix et d’harmonie, nous nous tournons vers toi aujourd’hui, le cœur rempli d’espoir et de désir d’unité. Nous te prions pour notre groupe, pour que ton Esprit d’amour et de compréhension descende sur nous.

Accorde-nous la sagesse de nous écouter les uns les autres avec bienveillance, de comprendre nos différences et de les accepter avec humilité. Aide-nous à reconnaître nos erreurs et à pardonner celles des autres, afin que nous puissions avancer ensemble sur le chemin de la réconciliation.

Que ta lumière éclaire nos esprits et nos cœurs, dissipant les malentendus et les rancœurs. Donne-nous la force de construire des ponts là où il y a des fossés, de semer la graine de la paix là où règnent les conflits.

Seigneur, nous te demandons de bénir nos efforts pour cultiver l’unité et la conciliation au sein de notre groupe. Que notre collaboration soit un témoignage de ton amour et de ta grâce, et que nous puissions ensemble accomplir de grandes choses pour ta gloire.

Conduis-nous sur le chemin tel que tu le veux pour nous dans ton cœur de Père. Qu’ensemble nous prenions les bonnes décisions comme tu le souhaites pour chacun de nos groupes, quand tu le veux et de la façon dont tu le veux.

Nous te confions nos espoirs et nos prières, sachant que tu es le Dieu de l’unité et de la paix. Amen.

Au nom de Jésus !

Gloire à Dieu ! Alléluia!

Claude, mars 2025

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