LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE
Sommaire
Introduction
Fiche n° 1 : Travail biblique à partir des épîtres de Paul, par Régine Maire
Fiche n° 2 : Charismes, dons naturels, dons du Saint Esprit, par le Père Ado Bedoin et rapide historique, par Régine Maire
Fiche n° 3 : Les charismes dans l’assemblée de prière, par Etienne Garin, Violaine Aufauvre, Geneviève Constant
Fiche n° 4 : Charismes de la Parole, des langues et du discernement, par le Père Emiliano Tardif
Fiche n° 5 : Critères de discernement pour l’exercice des charismes, par Etienne Garin, Violaine Aufauvre, Geneviève Constant
Fiche n° 6 : Ne laissons pas s’éteindre les charismes, par David Roth, le Père Jean-Marie Gaudeul et Mgr Joseph Boishu
Fiche n° 7 : Questions-réponses autour de l’exercice des charismes, par Guy Noël
Fiche n° 8 : Le Renouveau charismatique : mise en perspective et repères, par Pierre Chieux
Fiche n° 9 : Proposition d’un temps de formation et de partage avec ceux qui exercent des charismes prophétiques, par Guy Noël
Jean-Paul ll, célébrations des premières Vêpres de la solennité de la Pentecôte, 26 mai 2004
« Très chers frères et sœurs ! La célébration de ce soir me rappelle à l’Esprit la mémorable rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les Communautés nouvelles lors de la veillée de Pentecôte, il y a six ans. Ce fut une extraordinaire épiphanie de l’unité de l’Eglise, dans la richesse et la variété des charismes, que l’Esprit Saint accorde en abondance. Je répète aujourd’hui avec force ce que j’ai pu observer à cette occasion : les mouvements ecclésiaux et les Communautés nouvelles sont une “réponse providentielle”, “suscitée par l’Esprit Saint”, à la demande actuelle de nouvelle évangélisation, pour laquelle sont nécessaires des “personnalités chrétiennes mûres” et des “communautés chrétiennes vivantes” (cf. Insegnamenti XXI, 1 [1998], p. 1123).
C’est pourquoi, je vous dis à vous aussi : “Ouvrez-vous avec docilité aux dons de l’Esprit ! Accueillez avec gratitude et obéissance les charismes que l’Esprit ne cesse de répandre ! N’oubliez pas que chaque charisme est donné pour le bien commun, c’est-à-dire pour le bénéfice de toute l’Eglise” (ibid., p. 1122) ».
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Fraternité Pentecôte, Service national des groupes de prière du Renouveau Charismatique, a vocation d’aider les groupes de prière à vivre pleinement la grâce propre du Renouveau. Pour cela elle organise des rassemblements, des sessions de formation, et propose aussi des publications, telles que la revue « Pentecôte Aujourd’hui ».
Ayant constaté que le besoin se faisait sentir de donner des points de repères « éprouvés » sur lesquels se fonde la vie charismatique et s’organisent les groupes de prière, Fraternité Pentecôte a jugé bon de constituer une série de numéros spéciaux de sa revue à cet effet.
Comment ?
L’élaboration de ces fiches de travail a été confiée à Régine Maire, membre du Renouveau Charismatique depuis 1972 et au service du diocèse de Lyon pour la formation et les relations œcuméniques. Son travail a consisté à rechercher d’abord un texte biblique sur lequel s’enracine la réflexion, puis, dans la documentation déjà parue sur le sujet, à sélectionner quelques articles de base.
Des membres de la Fraternité Pentecôte ont mis en forme ces différents documents, les ont actualisés et complétés notamment par des propositions de temps de formation.
Pour qui ?
Les destinataires de ces fiches sont les responsables engagés dans le Renouveau Charismatique et qui portent particulièrement le souci de la formation : principalement les membres des équipes diocésaines ainsi que les équipes régionales, qui organisent des rencontres de formation, mais aussi les responsables des groupes de prière et plus particulièrement les plus récents dans ce service. Le renouvellement des responsables et participants à ces groupes de prière demande de rappeler en permanence les fondements de la vie charismatique.
Quels documents ?
Les articles choisis peuvent présenter plusieurs niveaux de lecture :
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Certains, plus immédiatement accessibles, serviront de base à la réflexion.
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D’autres paraîtront peut-être d’un abord plus difficile et seront alors réservés à ceux qui désirent un approfondissement des questions.
Comment utiliser ces fiches de travail ?
Ces fiches visent à aider à la formation de ceux qui sont en responsabilité actuelle ou à venir dans les groupes de prière du Renouveau Charismatique, et notamment les bergers et membres des noyaux.
Elles seront aussi une aide pour tous ceux qui doivent effectuer des enseignements dans leur groupe de prière.
De ce fait elles pourront être travaillées :
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Dans des rencontres de formation (journées, week-ends, …).
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En noyau, voire en noyau élargi à d’autres membres du groupe.
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A titre personnel, bien que cela limite leur intérêt.
Ces fiches ont 2 objectifs :
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Fournir des documents de travail et de réflexion pour les responsables de formation.
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Proposer des éléments pédagogiques pour animer des temps de formation.
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En ce sens elles ne proposent pas un cadre rigide, mais plutôt des pistes et des documents que le ou les formateurs devront adapter au public, au temps disponible ainsi qu’aux buts de la formation. Il est bien compréhensible qu’une formation pour des “nouveaux” responsables sera différente de celle pour des responsables plus anciens. De même la pédagogie devra s’adapter au vécu, aux problèmes et aux attentes des participants.
De ce fait, le contenu, le déroulement et la pédagogie des temps de formation devront être repensés à chaque fois.
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De même, tous les documents proposés ne sont à utiliser ni systématiquement, ni dans leur totalité à chaque formation. Leur variété permet justement de choisir les passages et les thèmes qui seront les plus pertinents face aux buts recherchés.
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Une des utilisations possibles est de fournir aux responsables de la formation des éléments solides pour assurer eux-mêmes des temps d’enseignement. En ce cas il ne s’agit pas pour l’enseignant de lire aux participants le ou les textes proposés, mais de les redonner, après un travail personnel, avec la grâce et la pédagogie qui est la sienne. Certes pour les débutants en ce domaine, ce ne sera pas parfait la première fois, mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Jésus lui-même n’a pas craint de donner des responsabilités à ses disciples : “Donnez-leur vous-mêmes à manger” (Mt 14, 16).
Puissent ces fiches aider ceux qui dans les diocèses et les groupes ont ce souci de la formation.
Que l’Esprit Saint guide votre travail !
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°1
Travail biblique à partir des épîtres de Paul
(Traduction : la Bible en français courant)
par Régine Maire
Le mot “charisme” tel que l’emploie Paul est toujours associé à la communauté chrétienne comme Corps du Christ. Il l’emploie au pluriel, il s’agit de dons gratuits (charis = grâce) distribués en vue du rôle que chacun est appelé à tenir dans l’assemblée. Les charismes sont divers et répartis : ainsi ils fonctionnent comme un principe de différenciation et déterminent la fonction que chaque membre doit exercer, dans un unique Esprit. Ils sont toujours soumis à l’Eglise.
Epître aux Romains, chapitre 12, versets 3 à 8
3 A cause du don que Dieu m’a accordé dans sa bonté, je le dis à vous tous: n’ayez pas une opinion de vous-mêmes plus haute qu’il ne faut. Ayez au contraire des pensées modestes, chacun selon la part de foi que Dieu lui a donnée.
4 Nous avons un seul corps, mais avec plusieurs parties qui ont toutes des fonctions différentes.
5 De même, bien que nous soyons nombreux, nous formons un seul corps dans l’union avec le Christ et nous sommes tous unis les uns aux autres comme les parties d’un même corps.
6 Nous avons des dons différents à utiliser selon ce que Dieu a accordé gratuitement à chacun. Si l’un de nous a le don de transmettre des messages reçus de Dieu, il doit le faire selon la foi.
7 Si un autre a le don de servir, qu’il serve. Celui qui a le don d’enseigner doit enseigner.
8 Celui qui a le don d’encourager les autres doit les encourager. Que celui qui donne ses biens le fasse avec une entière générosité. Que celui qui dirige le fasse avec soin. Que celui qui aide les malheureux le fasse avec joie.
1ère Epître aux Corinthiens, chapitre 12, versets 4 à 12
4 Il y a diverses sortes de dons spirituels, mais c’est le même Esprit qui les accorde.
5 Il y a diverses façons de servir, mais c’est le même Seigneur que l’on sert.
6 Il y a diverses activités, mais c’est le même Dieu qui les produit toutes en tous.
7 En chacun l’Esprit Saint se manifeste par un don pour le bien de tous.
8 L’Esprit donne à l’un de parler selon la sagesse, et à un autre le même Esprit donne de parler selon la connaissance.
9 Ce seul et même Esprit donne à l’un une foi exceptionnelle et à un autre le don de guérir les malades.
10 L’Esprit accorde à l’un de pouvoir accomplir des miracles, à un autre le don de transmettre des messages reçus de Dieu, à un autre encore la capacité de distinguer les faux esprits du véritable Esprit. A l’un il donne la possibilité de parler en des langues inconnues et à un autre la possibilité d’interpréter ces langues.
11 C’est le seul et même Esprit qui produit tout cela ; il accorde à chacun un don différent, comme il le veut.
12 En effet, le corps est un, et pourtant il y a plusieurs membres ; mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps : il en est de même du Christ.
Lire les deux textes de Paul et comparer sa pensée :
Dans la lettre aux Romains, de quelle idée part-il et pour arriver où ?
Dans le passage aux Corinthiens, que considère-t-il d’abord ? Pour quelle affirmation ensuite?
Dans ces deux textes, souligner les charismes décrits par Paul. Noter les différences : Paul connaissait bien la communauté de Corinthe et pas du tout celle de Rome. Qu’est-ce qui, d’après vous, a déterminé son choix ?
Sur 1 Corinthiens, 12
v. 4-6 : Remarquer l’origine trinitaire des dons, services, activités dans la communauté. Quel critère est-il donné ici pour reconnaître la présence de l’Esprit ?
v. 7-11 : Que veut nous montrer Paul avec cette insistance “à l’un….à l’autre”…?
Que pensez-vous de cette liste (hiérarchie ?) des charismes ici ?
v. 8 : Il s’agit de deux actes de parole, et c’est le contenu de la parole dite qui peut confirmer qu’il s’agit d’un don de l’Esprit.
v. 9 : Pour vous qu’est-ce que le charisme de foi ? Pourquoi a-t-il sa place dans cette liste ? Don de guérir : d’après vous, s’agit-il d’un pouvoir habituel ou occasionnel ?
v. 10 : Pourquoi Paul lie-t-il le don de prophétie et celui de discernement ? Pourquoi deux personnes différentes ?
Dans le chapitre 14 de cette même lettre aux Corinthiens, Paul va essayer de mettre un peu d’ordre dans l’Eglise de Corinthe. Il va aborder l’exercice des charismes de prophétie et de parler en langues.
1ère épître aux Corinthiens, chapitre 14, versets 1 à 33
1 Cherchez donc avant tout à recevoir l’amour. Désirez aussi les dons spirituels, surtout celui de transmettre les messages reçus de Dieu.
2 Celui qui parle en des langues inconnues ne parle pas aux hommes mais à Dieu, car personne ne le comprend. Par la puissance de l’Esprit, il exprime des vérités mystérieuses.
3 Mais celui qui transmet des messages divins parle aux autres pour les faire progresser dans la foi, pour les encourager et pour les consoler.
4 Celui qui parle en des langues inconnues est seul à en tirer profit, tandis que celui qui transmet des messages divins en fait profiter l’Église entière.
5 Je veux bien que vous parliez tous en des langues inconnues, mais je désire encore plus que vous puissiez transmettre des messages divins. En effet, celui qui donne de tels messages est plus utile que celui qui parle en des langues inconnues, à moins que quelqu’un ne soit capable d’expliquer ce qu’il dit afin que l’Église entière en profite.
6 Ainsi, frères, je vous le demande : quand je viendrai chez vous, si je vous parle en des langues inconnues, en quoi vous serai-je utile ? A rien, à moins que je ne vous communique une révélation, une connaissance, un message divin, ou encore un enseignement.
7 Prenons l’exemple d’instruments de musique comme la flûte ou la harpe : si les notes ne sont pas données distinctement, comment reconnaîtra-t-on la mélodie jouée sur l’un ou l’autre de ces instruments?
8 Et si le joueur de trompette ne fait pas retentir un appel clair, qui se préparera au combat ?
9 De même, comment pourra-t-on comprendre de quoi vous parlez si le message que vous exprimez au moyen de langues inconnues n’est pas clair ? Vous parlerez pour le vent !
10 Il y a bien des langues différentes dans le monde, mais aucune d’entre elles n’est dépourvue de sens.
11 Cependant, si je ne connais pas une langue, celui qui la parle sera un étranger pour moi et moi un étranger pour lui.
12 Ainsi, puisque vous désirez avec ardeur les dons de l’Esprit, cherchez à être riches surtout de ceux qui font progresser l’Église.
13 Par conséquent, celui qui parle en des langues inconnues doit demander à Dieu le don d’interpréter ces langues.
14 Car si je prie dans de telles langues, mon esprit est bien en prière, mais mon intelligence demeure inactive.
15 Que vais-je donc faire ? Je prierai avec mon esprit, mais je prierai aussi avec mon intelligence; je chanterai avec mon esprit, mais je chanterai aussi avec mon intelligence.
16 En effet, si tu remercies Dieu uniquement en esprit, comment celui qui est un simple auditeur dans l’assemblée pourra-t-il répondre Amen à ta prière de reconnaissance ? Il ne sait vraiment pas ce que tu dis.
17 Même si ta prière de reconnaissance est très belle, l’autre n’en tire aucun profit.
18 Je remercie Dieu de ce que je parle en des langues inconnues plus que vous tous.
19 Mais, devant l’Église assemblée, je préfère dire cinq mots compréhensibles, afin d’instruire les autres, plutôt que de prononcer des milliers de mots en langues inconnues.
20 Frères, ne raisonnez pas comme des enfants ; soyez des enfants par rapport au mal, mais soyez des adultes quant à la façon de raisonner.
21 Voici ce que déclare l’Écriture : C’est par des hommes de langue étrangère que je m’adresserai à ce peuple, dit le Seigneur, je leur parlerai par la bouche d’étrangers. Même alors ils ne voudront pas m’entendre.
22 Ainsi, le don de parler en langues inconnues est un signe pour les non-croyants, mais non pour les croyants ; inversement, le don de transmettre des messages divins est un signe pour les croyants, mais non pour les non-croyants.
23 Supposons donc que l’Église entière s’assemble et que tous se mettent à parler en des langues inconnues : si de simples auditeurs ou des non-croyants entrent là où vous vous trouvez, ne diront-ils pas que vous êtes fous ?
24 Mais si tous transmettent des messages divins et qu’il entre un non-croyant ou un simple auditeur, il sera convaincu de son péché à cause de ce qu’il entend. Il sera jugé par tout ce qu’il
25 et ses pensées secrètes seront mises en pleine lumière. Alors, il se courbera le visage contre terre et adorera Dieu en déclarant : Dieu est vraiment parmi vous !
26 Que faut-il en conclure, frères ? Lorsque vous vous réunissez pour le culte, l’un de vous peut chanter un cantique, un autre apporter un enseignement, un autre une révélation, un autre un message en langues inconnues et un autre encore l’interprétation de ce message : tout cela doit aider l’Église à progresser.
27 Si l’on se met à parler en des langues inconnues, il faut que deux ou trois au plus le fassent, chacun à son tour, et que quelqu’un interprète ce qu’ils disent.
28 S’il ne se trouve personne pour les interpréter, que chacun d’eux renonce alors à s’exprimer à haute voix dans l’assemblée : qu’il parle seulement à lui-même et à Dieu.
29 Quant à ceux qui reçoivent des messages divins, que deux ou trois prennent la parole et que les autres jugent de ce qu’ils disent.
30 Mais si une autre personne présente reçoit une révélation de Dieu, il faut que celui qui parle s’interrompe.
31 Vous pouvez tous donner, l’un après l’autre, des messages divins, afin que tous soient instruits et encouragés.
32 Ceux qui transmettent de tels messages doivent rester maîtres du don qui leur est accordé,
33 car Dieu n’est pas un Dieu qui suscite le désordre, mais qui crée la paix.
Par rapport à la prophétie
v. 1a : A quoi se rattache ce verset ? (Lire en entier le chapitre 13 de l’épître aux Corinthiens)
v. 1b-12 : Quelle place est accordée à ceux qui parlent en langues ? Quelles en sont les limites ?
A quoi doit aboutir la prédication ? Dans quel but ? Du coup, s’il y a un parler en langues, de quoi doit-il être accompagné ?
v. 13-25 : Sur quoi Paul va-t-il insister ici ? Est-ce que seuls ceux qui parlent en langues sont visés ? Pour Paul, quel est le seul moyen pour toucher les cœurs ?
v. 26-33 : Quels conseils Paul donne-t-il à l’Eglise de Corinthe ?
Dans tout ce passage, Paul encourage les Corinthiens à accueillir la prophétie apportant ainsi leur contribution à la liturgie. Quelle est d’après vous cette contribution ? (voir aussi verset 3 et versets 30 et 31)
v. 29-30 : Pourquoi Paul fait-il ici une différence entre prophétie et révélation ?
Quel est le fruit principal de la prophétie ?
Par rapport au don des langues :
Paul s’adresse à des gens qui ont l’habitude de la glossolalie ou langage inintelligible.
Pensez-vous que c’était une forme de prière ? (cf. les versets 2 et 14-17)
Pourquoi Paul fait-il une distinction public/privé ? A qui le don des langues est-il surtout utile ?
Pourquoi Paul insiste-t-il sur la nécessité d’interpréter ?
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°2
Charismes, dons naturels, dons du Saint-Esprit
Par le Père Ado Bedoin1
Les CHARISMES sont des dons gratuits venant de l’Esprit Saint en vue de l’édification de l’Eglise, Corps du Christ. Ils ont donc un caractère altruiste, à la différence des dons mystiques. Mais ce serait durcir la réalité que de les référer à la seule utilité de l’Eglise et d’oublier la dimension personnelle. Vie de la communauté et vie du sujet sont inséparables.
Un DON NATUREL est une disposition innée pour quelque chose. Par exemple : chanter. Ceci par opposition avec une disposition acquise à la suite d’un effort, d’une étude ou d’un exercice. Un journaliste sportif a fait récemment la différence entre la “pointe de vitesse” d’un coureur cycliste et la “vélocité”. La première est un don naturel. Quant à la seconde, elle est acquise. Ne consiste-t-elle pas à se placer adroitement au milieu des autres coureurs, à se faufiler, à se mettre dans le sillage d’un adversaire, puis, soudain, à accélérer, au moment précis où il le faut, afin de franchir le premier la ligne d’arrivée ? Par contre, le coureur qui a naturellement une “pointe de vitesse” peut fort bien terminer second ou troisième parce qu’il s’est laissé “enfermer” dans un virage.
Un DON DU SAINT ESPRIT est également une disposition. Reçue de Dieu, elle nous rend dociles aux motions divines de telle sorte que nous sommes soulevés dans l’exercice des vertus théologales de foi, d’espérance et de charité.
Une image remontant à Saint Jérôme (5e siècle) nous aide à comprendre la différence entre la foi, l’espérance, la charité sans le souffle d’un don de l’Esprit et la foi, l’espérance, la charité avec un tel souffle. Il en est comme d’une promenade sur un lac suivant que nous sommes dans une barque ou dans un voilier. Généralement, nous croyons, espérons et aimons à l’aide de rames, c’est-à-dire en faisant effort. Par contre, si nous tendons nos voiles à l’Esprit, s’installent en nous facilité, spontanéité, ingéniosité, et même ce que l’on pourrait appeler un “instinct” divin.
I – DONS DU SAINT-ESPRIT
Il y a, traditionnellement, sept dons du Saint Esprit : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu (cf. Isaïe 11, 1-2, du moins dans la version grecque de la Septante, ou latine de la Vulgate, qui, seules, ajoutent la piété aux six autres du texte hébreu).
A/ Les dons d’intelligence et de science viennent perfectionner et parfaire la vertu de Foi. Expliquons-nous. L’intelligence du Saint-Esprit nous fait déjà “voir” Dieu ou plutôt le deviner. Par exemple, cette Parole de Dieu que j’avais tant de peine à lire dans ma Bible se met, soudain, à pétiller. Les mots me sautent aux yeux. Ils ne me frappent plus au front mais au cœur. Ils prennent corps dans ma vie… Quant à la science du Saint-Esprit, elle me fait regarder la réalité à la lumière de Dieu : aussi bien la mienne que celle des hommes, de l’histoire de l’Eglise ou celle de la nature. Il en est comme de ce ver de terre que je découvre sur le sol. Il se confond presque avec le sable. Il est gris comme la cendre. Et voilà que, tout à coup, avec le lever de la nuit et de ses perles que sont lune et étoiles, il devient luisant. Une véritable braise. De même, ce proche sort de la grisaille quotidienne. Je remarque son sourire pour la première fois : c’est un arc-en-ciel, un peu comme celui que tendit le Seigneur en signe de son Alliance avec nous (Genèse 9, 13).
B/ Le don de crainte couronne l’espérance. En effet, je ne suis pas seulement persuadé que Dieu me promet la vie éternelle. Je sais que, dès aujourd’hui, je participe à la nature divine. Il suffit que je m’abandonne, comme le cerf-volant, au souffle du vent. Quand j’étais vieux, de la vieillesse du péché, je mettais moi-même ma ceinture, et j’allais où je voulais. Maintenant que je suis jeune, de la jeunesse de Dieu, “un Autre” noue ma ceinture et me mène là où je ne pensais pas. Cette paraphrase de Jean 21, 18 permet d’approcher de cette crainte venant de l’Esprit, Celui dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va. Je redoute tout ce qui peut le contrister, l’étouffer ou tout au moins tout ce qui pourrait me mettre à l’abri de sa brise et de sa bise.
C/ Le don de sagesse. Comme il est le plus grand des sept, arrêtons-nous longuement. Voyons quelle relation il a avec la charité.
Dieu est Charité parce qu’il s’efface continuellement, aussi bien à l’intérieur de Lui-Même (la Trinité que nos frères orthodoxes préfèrent appeler Uni-Trinité ou Tri-Unité) qu’à l’extérieur (la création, notre rédemption et notre divinisation).
A l’intérieur de Lui-Même, tout d’abord. Le Père s’efface, car Il n’est qu’en se communiquant dans le Fils. Le Fils s’efface, car Il n’est qu’en se restituant au Père. Quant au Saint-Esprit, il est effacement au superlatif : il n’est que Transparence au Père et au Fils. L’icône d’Andrei Roublev est une bonne illustration de tout cela. Portons notre attention sur l’ange de droite qui figure le Saint-Esprit : son “corps” est une courbe s’inclinant à la fois devant les deux autres et vers nous, les hommes.
A l’extérieur de Lui-Même. La création est comme un deuxième effacement : pour que l’homme soit, Dieu se met en retrait. La rédemption est un troisième effacement que décrit parfaitement l’hymne de la lettre de Paul aux Philippiens (2, 6-11), Jésus-Christ se vida Lui-même, est-il écrit au verset 7.
Ainsi n’aimons-nous que dans la mesure où, par un don de Dieu, nous nous effaçons, nous décentrons et nous centrons sur un autre : à la fois les autres et l’Autre.
Le cœur d’un tel amour est la prière. Prier, c’est se donner et s’abandonner à ce Dieu qui s’efface. Mais prier, c’est prier dans la nuit de la foi. “Je crois, Seigneur, que tu es là, à la fois devant et au-dedans de moi. Je ne te vois pas, je ne te sens pas, et ta parole est embuée de silence”. Pour peu que je sois attentif, je décèle en moi une faim et une soif qui me donnent de l’élan.
La sagesse nous met donc sur le chemin de la contemplation, aussi bien dans la prière elle-même que dans la vie. Si nous pouvons avoir cette audace, nous inventerons un mot décrivant cette contemplation dans l’action : celui de “contemplaction”.
D/Les autres dons
Si les dons d’intelligence, de science, de crainte et de sagesse parfont les vertus théologales de Foi, d’Espérance et de Charité, les autres dons parfont les quatre vertus cardinales (ainsi appelées parce qu’elles sont les pivots de notre vie morale, le mot “pivot” se disant en latin “cardo”). Sont “en cheville” :
don de conseil et vertu de prudence (cette moralité en action),
don de piété et vertu de justice,
don de force et vertu portant le même nom,
don de crainte (à nouveau) et vertu de tempérance.
II – LES CHARISMES
Ce sont également des dons du Saint-Esprit, mais accordés au Corps tout entier de l’Eglise, en vue de sa croissance. Certes, ils sont conférés à des personnes, mais jamais pour elles-mêmes.
En un seul verset (1 Co. 12, 7), Saint Paul souligne bien cette relation entre le personnel et le communautaire : “à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit pour l’utilité commun ”.
Si les dons du Saint Esprit sont des dispositions permanentes nous permettant, dans la mesure de notre ouverture, d’être saisis personnellement par la brise légère et parfumée du Souffle de Dieu, les charismes sont des “compétences” passagères, toujours gratuites, toujours nouvelles, destinées à faire circuler ce même souffle dans le Corps ecclésial. Donnés en fonction d’une situation de besoin, ils disparaissent avec elle.
Cette circulation est bien figurée sur l’icône d’Andrei Roublev. Le sceptre de l’ange de gauche (le Père) est vertical, celui de l’Ange du milieu (le Fils) légèrement penché et celui de l’ange de droite (1’Esprit) nettement incliné. L’amplitude pacifique du Souffle de Dieu part du Père, passe par le Fils, s’épanouit dans l’Esprit avant de refluer vers le Père et de nous envahir, nous les humains, vers qui toutes les lignes de l’icône convergent. Si nous nous souvenons que le sceptre est le prolongement du bras et de la main, ne peut-on pas dire que le bras du Père se déploie dans la main du Fils pour se donner dans le doigt de l’Esprit ?
L’Eglise, étant bâtie sur ce modèle, est habitée par le même mouvement : ce que le charismatique reçoit, il le donne. Il est comme le cœur qui n’accumule le sang que pour mieux le diffuser dans les membres du corps.
Il est nécessaire de préciser que les charismes ne sont pas des vertus auxquelles on peut s’entraîner et dans lesquelles on peut persister par ascèse, même si cette ascèse, tout à fait spéciale, qu’est l’oraison favorise éminemment la réception des charismes.
Il n’empêche qu’un charisme s’éduque en Eglise, mais comme une disponibilité se creuse. Le prophète Isaïe le dit : c’est “matin après matin” que le Seigneur veut nous ouvrir l’oreille afin que nous écoutions vraiment sa Parole et que nous parlions avec une “langue de disciple” (50, 4). Et nous savons que les charismes sont le Verbe de l’Esprit.
La vie charismatique ne se réduit pas à l’assemblée de prière, mais se déploie sous l’action de l’Esprit Saint et selon l’accueil que fait chacun des charismes dans la vie de l’Eglise.
En un seul dossier, il n’est pas possible de présenter, de manière approfondie, l’ensemble des charismes. En conséquence, nous avons fait le choix de limiter ce dossier aux charismes exercés dans l’assemblée de prière.
(Rédigé par Régine Maire). L’Église, tout au long de son histoire, est habitée par l’Esprit Saint qui la vivifie de sa puissante énergie et l’enrichit de ses dons. Les charismes ont toujours existé dans l’Église. Mais, selon les époques et les lieux, ils se sont manifestés avec plus ou moins d’ampleur. Notre temps redécouvre ces dons spirituels que l’on avait tendance à considérer comme des grâces exceptionnelles réservées à l’Église primitive puis à quelques grands saints, et non comme des dons destinés à tout le peuple chrétien et sans lesquels l’Église ne saurait vivre, croître et rendre témoignage à Jésus.
Le concile Vatican II, qui s’est achevé le 8 décembre 1965, a remis en valeur les charismes et les a resitués parmi les dons que l’Esprit Saint fait à l’Église (1). Le fait que le Concile ait puisé à nouveau dans ce trésor se comprend dans la grande perspective ecclésiologique qui l’anime en tous ses documents, à savoir l’Église comprise comme communion ; car les charismes sont au service de la communion et l’on ne pouvait approfondir la communion sans redécouvrir les charismes. La communion, qui est un don fondamental de l’Esprit Saint à l’Église, se déploie en des grâces multiples : c’est ainsi que les ministères, les charismes, les charges et les services dans l’Église existent pour et dans la communion. « Ce sont là des richesses complémentaires pour le bien de tous, sous la sage conduite des Pasteurs » (2).
Dans l’Église catholique depuis 1967 et antérieurement dans le protestantisme, un vaste courant de renouvellement dans l’Esprit Saint s’est fait jour où l’on réapprend l’exercice large et diversifié des charismes tels que le Nouveau Testament les décrit. A la lumière de cette expérience encore récente, mais déjà confirmée, nous voudrions étudier ici les charismes en un sens aussi spécifique que possible, à la fois selon une démarche inductive à partir de l’expérience vécue dans le Renouveau charismatique et selon une approche théologique fondée sur le donné révélé et la Tradition de l’Église.
Avant d’aborder cette étude, il convient toutefois de se rappeler que les charismes ne sont qu’un aspect de l’activité multiforme de l’Esprit Saint dans l’Église et dans les âmes, ensuite qu’ils ne sont pas le tout, tant s’en faut, de ce vaste courant qu’est le Renouveau charismatique.
« Extraordinaires ou simples et humbles, les charismes sont des grâces de l’Esprit Saint qui ont, directement ou indirectement, une utilité ecclésiale, ordonnés qu’ils sont à l’édification de l’Eglise, au bien des hommes et aux besoins du monde.” (CEC n°799) Le Catéchisme de l’Église catholique décrit les charismes comme « une merveilleuse richesse de grâce pour la vitalité apostolique et pour la sainteté de tout le Corps du Christ ; pourvu cependant qu’il s’agisse de dons qui proviennent véritablement de l’Esprit saint et qu’ils soient exercés de façon pleinement conforme aux impulsions authentiques de ce même Esprit, c’est-à-dire selon la charité, vraie mesure des charismes ». (CEC n°800)
(…) Les charismes sont à accueillir avec reconnaissance par celui qui les reçoit, mais aussi par tous les membres de l’Eglise. Il sont, en effet, une merveilleuse richesse de grâce pour la vitalité apostolique et pour la sainteté de tout le Corps du Christ » (Exhortation apostolique Christifideles Laici (1988) n° 24)
(1) Les principaux textes sur les charismes du concile Vatican II sont : Lumen Gentium, n° 4, 12 ; Ad Gentes, n° 4 ; Apostolicam Actuositatem, n° 3. (2) Exhortation apostolique Christifideles Laici (1988) n° 20. Cette exhortation apostolique post-synodale a une théologie extrêmement forte et précise des charismes que nous reprendrons à plusieurs reprises.
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°3
Les charismes dans l’assemblée de prière
Par Etienne Garin, Violaine Aufauvre et Geneviève Constant
Dans la vie de l’Eglise, les charismes sont nombreux et d’une grande diversité : ils sont donnés selon les besoins actuels de l’Eglise et de la mission. (cf. Les Fidèles Laïcs, N° 24 en fin de fiche).
Pour ne pas alourdir ce dossier, nous avons fait le choix de nous en tenir aux charismes habituellement exercés dans l’assemblée de prière. D’autres charismes sont exercés en d’autres lieux ou d’autres circonstances, comme le charisme de guérison, de compassion etc… Ils seront présentés dans d’autres dossiers.
Les textes du Nouveau Testament citent un certain nombre de charismes, en particulier dans le cadre des assemblées de prière des Corinthiens (1 Co 12, 4-10 ; 28-31 ; Rm 12, 6-8 ; 1 P. 4, 10-11). Ces listes ne sont pas exhaustives mais liées à ce qui se vivait dans les assemblées de prière de l’époque.
Dans le texte suivant, les auteurs présentent les charismes exercés le plus fréquemment dans les assemblées de prière du Renouveau.
Le charisme de foi : don de l’Esprit, c’est une force qui fait demander dans la certitude d’être exaucé. C’est la foi qui ose croire que Dieu est fidèle à sa Parole et qu’Il est le maître de l’impossible.
Le charisme d’accueil : ce charisme donne à l’accueilli l’évidence que c’est le Christ lui-même qui l’accueille. Celui qui a ce charisme fait ressortir par une parole, un geste ou un commentaire, l’accueil miséricordieux du Christ ou son admiration ou son attention bienveillante….
Le charisme de louange : ce charisme est un don étonnant : il rend facile la louange impossible. Elle devient une jubilation spontanée devant Dieu, un élan admiratif qui n’a rien d’artificiel ou de commandé : c’est l’Esprit lui-même qui fait exulter.
Le charisme de chant : celui ou celle qui exerce un charisme de chant permet à l’assemblée de se sentir en présence du Seigneur lui-même. L’assemblée est touchée au niveau du cœur et se découvre rassemblée autour du Christ grâce à ce chant. Ce n’est pas nécessairement la personne la plus formée musicalement mais celle qui propose le chant qui favorise la prière.
Le charisme de sagesse : cette parole tombe avec une force paisible comme une lumière libérante, indique une direction, résonne avec vérité, touche en profondeur. Une parole de sagesse est toujours brève, inattendue, reconnue et efficace. Elle est porteuse de la puissance de l’Esprit, apporte paix et unité.
Le charisme d’enseignement : celui qui a reçu ce charisme parle comme Jésus enseignant ses disciples et en constate les fruits avec étonnement : les cœurs sont touchés, ils se tournent vers le Seigneur, leurs yeux s’ouvrent…
Le charisme de compassion : il manifeste l’amour compatissant que Jésus a laissé paraître devant ses amis. Ce n’est pas une simple émotion mais c’est la tendresse miséricordieuse du Christ qui construit la communauté et imprègne les relations entre tous.
Le charisme de la prière en langues : il s’agit avant tout de prière, selon le cas de louange, d’action de grâce, d’intercession : l’Esprit nous aide et nous soutient dans notre faiblesse car nous ne savons pas toujours comment faire. Alors l’Esprit intercède pour nous avec des soupirs et des gémissements trop profonds pour pouvoir être enfermés dans des mots précis. Prier en langues c’est prier dans un langage d’enfant : dans une assemblée, le chant en langues survient généralement lorsque la prière devient plus intense et paraît hésiter entre la parole et le silence.
Prier en langues peut être aussi manifestation de l’Esprit pour annoncer l’Evangile comme le jour de Pentecôte. C’est aussi manifester le renouvellement de son être et exprimer l’inexprimable. C’est accueillir un signe qui accompagne la foi en la promesse de Jésus. C’est, pour certains, un lieu de combat spirituel. C’est aussi un lieu réel de risque et d’ambiguïté.
Le charisme d’interprétation : complémentaire de celui de la prière en langues, le charisme d’interprétation est une compréhension intuitive du sens de la parole donnée. C’est en fait une forme de prière qui répond à celle en langues. Rien n’empêche par exemple que plusieurs personnes reçoivent de l’Esprit une interprétation qui ne coïncide pas forcément mot pour mot.
Le charisme de science ou parole de connaissance : la parole de connaissance dit ce que le Seigneur désire faire ou est en train de faire en l’autre. C’est un don fait à l’Eglise pour l’Eglise. C’est une sorte de prophétie qui n’annonce pas le futur mais dévoile le présent ; elle est ordonnée à l’amour et nécessite une réponse immédiate. L’exercice de ce charisme exige une grande vigilance tant pour celui qui l’exerce que pour celui qui s’approprie la parole dite.
Le charisme de prophétie : « c’est Jésus qui parle aujourd’hui ». Tout chrétien est « porte-parole de Dieu » et se laisse animer par l’Esprit de prophétie. Le prophète parle aux hommes, il édifie l’assemblée, exhorte, appelle à la conversion, il encourage et console. La parole de prophétie respecte toujours la liberté et la responsabilité de l’homme. Notons que la « prophétie » peut s’exprimer parfois sous forme d’image ou par la lecture d’un texte d’Ecriture (on peut parler en ce cas du charisme de donner un texte de l’Ecriture, ndlr).
« Les charismes peuvent prendre les formes les plus diverses, soit comme expression de la liberté absolue de l’Esprit qui les accorde, soit comme réponse aux multiples exigences de l’histoire de l’Eglise. La description et la classification que nous fournissent de ces dons les textes du Nouveau Testament, sont un signe de leur grande variété » (1 Co 12, 4-10 ; 28-31 ; Rm 12, 6-8 ; 1 P. 4, 10-11). (Les fidèles laïcs du Christ, N° 24a)
A partir de la liste non exhaustive donnée ci-dessus, quels sont les charismes réellement exercés dans votre assemblée de prière ?
Quels sont ceux qui ne sont pas vécus dans votre assemblée ? Pour quelles raisons ? Quels sont les freins, les obstacles repérés ?
Comment le noyau encourage-t-il ceux qui exercent les charismes ?
Quels moyens le berger et le noyau mettent-ils en œuvre pour que les charismes se développent dans l’assemblée de prière ? Font-ils une relecture régulière de la prière pour aider à repérer les charismes exercés et ceux qui ne le sont pas
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°4
Charismes de la Parole, des langues et du discernement
Par le Père Emiliano Tardif
On entend parfois dire que l’important c’est la charité et qu’il ne faut pas trop donner d’importance aux charismes. C’est vrai ! (cf. 1 Cor 13)… Mais si nous acceptons les charismes et les mettons au service de la communauté, la charité naîtra et grandira car les charismes sont des dons de puissance pour édifier la communauté.
Je suis attristé parfois d’entendre dans le Renouveau des réflexions du genre « ce charisme n’est pas important, celui-là est plus important… ». Acceptez tous les charismes, acceptez tout ce qu’Il donne !
« A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit pour l’utilité commune » (cf.1 Co 12, 7) et les dons sont au service de l’édification de la communauté (cf. 1 Co 14), que ce soit la prophétie, la guérison, la parole de puissance, l’enseignement, l’hospitalité ou la consolation, faire l’aumône et demander l’aumône.
Tous les charismes sont importants et au lieu de discuter, accueillons-les car il n’y a pas de communauté possible sans charisme : plus ils se manifestent dans une communauté et plus celle-ci va se fortifier et grandir. Et comprenons que le renouvellement des charismes que nous vivons est bien un signe du besoin que nous en avons pour l’Eglise : il est évident que l’Esprit aujourd’hui veut reconstruire les communautés.
Le don des langues
J’ai été étonné d’entendre dire en Europe que le chant en langues n’était pas très important : si de telles personnes doutent de la puissance du chant en langues, je dois témoigner que dans mon ministère, c’est pendant le chant en langues que l’Esprit agit avec puissance pour guérir et délivrer. C’est pendant le chant en langues que je reçois les paroles de science. La prière en langues ne doit pas être cataloguée comme « petit don » destiné à ceux qui ne peuvent avoir les autres. Le don des langues est un don de PRIERE, une prière puissante de l’Esprit en nous.
Tous les membres des groupes de prière devraient accueillir ce don comme don de prière de l’Esprit (cf. l Co 14, 14) pour la prière commune comme pour la prière personnelle, prière du cœur, prière de louange, signe de la présence de Dieu en nous, en tout temps et en tout lieu. Il faut aider les membres des groupes de prière à accueillir ce don en priant avec eux, en les confirmant : il ne s’agit pas de faire du bruit avec sa bouche ! Mais de prier paisiblement, sans nervosité en s’unissant aux autres. Tous devraient parler en langues (cf. l Co 14, 5).
Je distinguerai ce chant en langues, cette prière en langues qui s’énonce tout bas dans un groupe car elle s’adresse à Dieu seul (cf. l Cor 14, 2) du message en langues qui est une prophétie à interpréter.
Si quelqu’un est poussé à donner un message en langues, le ton de la voix permettra de reconnaître s’il s’agit d’une prophétie : on ne donne pas un message d’exhortation ou de déclaration sur le même ton qu’une prière. Le message devra être suivi d’une interprétation sinon il est inutile (cf. 1 Cor 14, 5). Si quelqu’un reçoit l’interprétation et hésite à la donner par crainte… c’est là une façon d’éteindre l’Esprit, comme dit St Paul.
La parole de sagesse, de science
La parole de sagesse semble porter sur la connaissance de Jésus et de son mystère ou sur l’amour de Jésus et nous fait parler comme Jésus. Soyons attentifs aux paroles de sagesse, inspirées par le Seigneur, qui nous sont données en assemblée ou en entretien spirituel. C’est la parole que l’assemblée attendait, dont l’autre avait besoin : c’est une parole de vérité et qui est agissante.
La parole de science est comme un télégramme du Seigneur. Parole de connaissance de la gloire de Dieu, de manifestation de son amour. Mais ce don de science demande la confirmation par les témoignages : il est inutile de l’exercer s’il n’est pas confirmé par la communauté qui devient ainsi responsable de l’exercice des charismes.
La prophétie
La plupart des chrétiens sont appelés à exercer ce don (cf. 1 Cor 14, 1) et l’exercice de la prophétie est donné le plus souvent dans la prière, il est très lié à la prière (cf. 1 Cor 11, 4-5 et 1 Cor 14, 22-23). Le prophète parle au nom du Seigneur… inutile alors de commencer une prophétie par ce commentaire : « le Seigneur me dit que ».
Si le Seigneur est présent, il s’adressera directement à l’assemblée en interpellant, en exhortant, en consolant (cf. 1 Cor 14, 3). Toujours la prophétie parlera au cœur et touchera celui à qui elle est destinée. La prophétie est un charisme qui édifie la foi de l’assemblée et manifeste la présence de Dieu ; c’est le charisme que l’on doit désirer et être heureux de recevoir dans un groupe de prière.
La parole de Dieu est agissante et c’est en cela que la prophétie est importante pour l’assemblée. Je le répète, la prophétie exhorte, libère, manifeste la compassion mais très rarement annonce quelque chose qui va venir. Il y a encore dans nos groupes des gens qui croient que la prophétie annonce le futur… en tout cas si elle le fait, elle doit être vérifiée et confirmée par les événements et le témoignage comme pour la parole de science.
Le charisme de discernement
Le charisme de discernement est de plus en plus nécessaire dans nos groupes, surtout pour les responsables et les bergers.
a) le discernement naturel : don de Dieu qui nous permet de conduire nos vies. Il faut nous rappeler que l’exercice des charismes s’enracine dans notre humanité et l’Esprit Saint se sert de toutes nos facultés pour se manifester. .
Alors soyons attentifs à ce qui se passe dans nos groupes et réagissons avec bon sens. Soyons attentifs à ceux qui ont reçu un « bon sens » développé et un discernement aigu…
b) le discernement doctrinal « un art qui s’apprend » :
Ce discernement s’acquiert au contact de la Parole de Dieu, s’appuie sur la vérité de la Parole et les fruits qu’elle porte « un bon arbre ne peut donner de mauvais fruits ». La Parole par exemple nous dit que l’Esprit ne nous enlève jamais notre liberté, que « l’Esprit des prophètes est soumis au prophète » (cf. 1 Co 14, 32) : pour discerner c’est un critère sûr !
C’est notre responsabilité de berger de savoir reconnaître les fausses prophéties, celles qui ne sont pas en accord avec la Parole de Dieu.
Nous devons développer en nous ce discernement doctrinal qui peut s’exercer seul ou mieux à plusieurs et c’est bon pour un groupe de se réunir de temps en temps pour discerner si le groupe « va bien », si règne la paix ou le malaise, si les fruits de l’Esprit se font sentir ou s’ils sont contredits, si la foi et l’amour grandissent.
c) le discernement charismatique
Parfois, même les personnes les mieux préparées au discernement doctrinal peuvent se trouver devant une impasse, un problème sans solution, un diagnostic difficile à faire. C’est dans ces moments de détresse que l’Esprit Saint vient en aide à notre faiblesse en nous donnant un discernement charismatique, une certitude intérieure qui nous est donnée gratuitement sans expérience antérieure, un peu comme une parole de science. C’est un don pour la communauté.
Peut-être aurions-nous pu le reconnaître en prenant le temps d’un discernement doctrinal… D’ailleurs un discernement charismatique doit toujours être soumis à un discernement doctrinal et être confirmé par les fruits. Il faut savoir aussi que le discernement charismatique est un don passager et non durable et qu’on n’a jamais « le » discernement charismatique… C’est pour moi comme un télégramme du Seigneur : je ne le lis que quand il me parvient !
Ce charisme est un cadeau merveilleux pour le Renouveau : il peut être donné à des frères et sœurs sans préparation intellectuelle ni formation, ni capacité particulière. S’ouvrir à l’exercice d’un tel charisme est en quelque sorte une mort à soi-même et une ouverture de totale confiance au Seigneur et à la communauté car nous ne pouvons jamais être sûrs à l’avance de l’authenticité de ce que nous disons : c’est à la communauté à authentifier le charisme.
parole de science, parole de sagesse sont dans la ligne de la prophétie, s’enracinent dans le don de sagesse et nous sont données pour nous faire PARLER comme Jésus.
guérison et miracle ont leur racine dans le don de force et nous sont donnés pour nous faire AGIR comme Jésus.
le don des langues est une manifestation du don de piété, c’est un don de prière qui nous fait PRIER comme Jésus.
discernement et interprétation ont leur racine dans le don de connaissance et nous font PENSER comme Jésus.
Je voudrais rapidement répondre à la question sur la lecture de l’Ecriture dans l’assemblée : parfois on est poussé à lire un texte et on a la certitude que c’est un texte qui éclaire le groupe. Il peut parfois jouer le rôle d’une prophétie. Mais attention à ne pas faire de la Bible un objet magique car la Bible ne contient pas toutes les solutions de notre vie… et l’interprétation trop rapide et l’utilisation littérale peut même compliquer sérieusement les choses !
Accueillons-nous tous les charismes tels qu’ils sont donnés par l’Esprit Saint ou manifestons-nous des préférences ? Lesquelles ? Pourquoi ?
La prière en langues, le chant en langues sont-ils exercés dans votre assemblée de prière ? Par quelques personnes ou par le plus grand nombre ? Qu’est-ce qui fait obstacle ? Comment le noyau encourage-t-il et aide-t-il à le pratiquer ?
Quels sont les fruits dus à la prière en langues, en particulier pour l’exercice des autres charismes ?
Les charismes de prophétie, de sagesse, de connaissance sont-ils exercés dans votre assemblée ? Sont-ils accueillis, confirmés, encouragés ?
Comment se fait le discernement des charismes exprimés dans l’assemblée de prière ?
De Saint Augustin (Enarrationes in Psalmos. 32, Sermo 1, 8, CCL, 38, p. 254.)
: « Qu’est-ce que chanter en jubilant ?
Comprends que les mots ne peuvent traduire le chant, quand c’est le cœur qui chante. Voyez en effet ceux qui chantent pendant les moissons ou les vendanges ou quelque autre travail qui les absorbe ; à peine ont-ils commencé à exprimer leur joie par des paroles chantées que sous l’emprise de cette joie trop abondante pour se traduire en paroles, laissant de côté les mots articulés, ils se mettent à pousser des cris de jubilation.
Il y a jubilation quand le cœur laisse échapper ce que la bouche ne peut dire. Et qui donc peut être objet de jubilation mieux que le Dieu ineffable ? L’être ineffable est celui qui ne peut être dit; si donc tu ne peux le dire et que tu ne dois pas le taire, que te reste-t-il sinon jubiler, en sorte que la joie du cœur éclate sans le secours des paroles et que l’immensité de l’allégresse déborde les étroites limites des mots ? »
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°5
Critères de discernement pour l’exercice des charismes
Par Etienne Garin, Violaine Aufauvre et Geneviève Constant
L’appel à exercer des charismes implique des critères pour les reconnaître et en vérifier l’authenticité. Soulignons que ce discernement n’est pas infaillible : il faut avoir sans cesse l’humilité d’accepter de s’être trompé. La décentration de soi, la centration sur le Seigneur, la communion avec les autres et l’humilité sont comme les critères généraux de tout discernement qui nous sont enseignés par les apôtres Jean et Paul (1 Jn 4,1-3; 1Co 12, 3 ; Jn 7, 18). Il est bien évident que chacun doit vérifier que la parole qui l’habite n’est pas en contradiction avec l’Ecriture et l’enseignement de l’Eglise, ni avec le bon sens éclairé par la foi. Certains en effet s’imaginent naïvement que tout ce qui monte spontanément en eux vient de l’Esprit; d’autres à l’inverse estiment que tout jaillissement intérieur est tout simplement humain et n’a rien à voir avec le don de l’Esprit. C’est à la personne qui éprouve une “motion” de la discerner, et nul, de l’extérieur, ne peut le faire à sa place.
Cependant, il ne suffit pas de discerner si tel élan du cœur ou tel désir a toutes les chances de venir de l’Esprit. Chaque participant doit en outre discerner si l’Esprit lui demande de manifester à l’assemblée la motion qui l’habite. A cet effet, il a besoin de critères pour reconnaître si le désir de manifester son “ charisme” du moment à l’assemblée est bien le désir de l’Esprit en lui.
Un désir qui n’est pas habituel. Celui qui a médité le texte du Bon Pasteur le matin même n’attribuera pas trop vite à l’Esprit le fait qu’il se sente poussé à le lire dans l’assemblée. Mais si depuis un mois sa vie spirituelle n’a jamais été habitée par ce message de l’Ecriture et qu’il l’envahit avec force, à l’improviste au sein de l’assemblée, il peut légitimement penser que c’est l’Esprit qui le lui met dans le cœur à cet instant pour le donner.
Un désir ou une motion sans cause apparente. Rien ne semble pouvoir l’expliquer. Voici soudain en soi une parole qui vient du cœur et n’est manifestement produite ni par la mémoire, ni par l’activité réfléchie de l’intelligence, ni par une association d’idées.
Une conviction très vive que l’assemblée sera “édifiée” par le charisme qu’on lui communique. “Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous” (1 Co 12, 7). Ce qui va être offert à l’assemblée va-t-il s’intégrer harmonieusement dans la construction de la prière ? Voici soudain une personne désireuse de proclamer le texte de l’Ecriture sur la Samaritaine. Mais il y a quelques minutes, quelqu’un a lu le récit de l’aveugle Bartimée et l’assemblée a fait sienne cette parole. Elle sent qu’elle risque de briser le mouvement de la prière en lui offrant une autre semence de vie. Loin d’édifier, elle mettrait la confusion; mieux vaut se taire et goûter intérieurement ce que le Seigneur a voulu lui faire sentir en lui rappelant son dialogue avec la Samaritaine. Mais tout n’est pas si simple; il se pourrait que ce soit bien l’Esprit qui la pousse à livrer la semence de vie contenue dans le passage de la Samaritaine. Dans ce cas, son souci d’harmonie ne serait peut-être que respect humain.
Un autre sentiment peut encore servir de critère : celui que l’Esprit sera contristé si le charisme n’est pas manifesté. Qui ne livre pas la prophétie qui l’habite sent bien qu’il étouffe l’Esprit en lui. Au terme de l’assemblée, il se constatera attristé. Qui retient un cri de louange qui cependant montait avec force de ses entrailles sait qu’il tarit une source de joie en lui. Il sent que l’Esprit lui demande de vaincre ses résistances, d’oser exprimer ce qui monte en lui. Il sait que s’il ne le fait pas, c’est qu’il manque de foi, d’humilité, de soumission au souffle de l’Esprit.
Pour lever ses hésitations, il peut encore se demander s’il est en communion avec les responsables de l’assemblée de prière. S’il ne se sent pas à l’aise avec la façon de faire des animateurs, il a à se méfier des “mouvements” intérieurs même “irrésistibles” qui le pousseraient à enseigner, à prophétiser… Il y a bien des chances pour que l’origine de ces mouvements soit ambiguë. L’assemblée n’a jamais à être le lieu où, de façon plus ou moins voilée et consciente, se jouent les conflits entre personnes. Par contre, hors de l’assemblée, il sera sans doute bon d’oser dire ce qui a été la pierre d’achoppement : qui veut demeurer fidèle à la lumière qui est en lui doit prendre les risques d’une telle confrontation. De toute façon, il sera préférable de ne pas communiquer à l’assemblée ce que l’on croit être un charisme si l’on ne se reconnaît pas libre par rapport à l’exercice ou au non-exercice de ce charisme. Qui soupçonne en lui un désir orgueilleux de le livrer ou qui le possède comme son bien propre n’est pas libre. Par contre, il est bien “libre” celui qui, après coup, ne justifie pas à tout prix la parole donnée : ce n’est plus son affaire, mais celle de Dieu.
Enfin, il est bon parfois de recourir aux confirmations et signes qui seront donnés par les membres de l’assemblée. Il est bon de les demander lorsque l’on hésite et demeure dubitatif sur l’opportunité d’offrir à tous ce qui nous habite. Quelqu’un déclarera par exemple: “Que celui qui a reçu une image et qui n’ose pas nous la donner cesse de douter” ou bien un autre dira en des termes très semblables ce que l’on était sur le point d’exprimer.
Ainsi chaque membre de l’assemblée ne peut se dispenser d’un discernement spirituel qui est nécessairement personnel. La confirmation de ce discernement se fera par les fruits produits dans l’assemblée entière. Chacun pourra voir ces fruits grâce aux motions qui vont habiter les autres après l’exercice de ses charismes. Certains sont touchés par une parole qui rejoint en eux une attente, comme une promesse de vie, de purification. Pour d’autres, ce seront des fruits de larmes et de conversion ou bien un cri de louange, une réponse pleine d’amour, de joie ou de confiance. Ou encore devant ces fruits non comestibles que sont l’indifférence, l’ennui ou l’exaspération on pourra reconnaître qu’un “chant en langues”, par exemple, était seulement l’expression d’un besoin psychologique de remplir un silence trouvé trop lourd.
C’est ainsi que l’assemblée pourra s’édifier comme le souhaite Paul:
« Puisque vous aspirez aux dons spirituels, cherchez à les avoir en abondance pour l’édification de l’assemblée » (1 Co 14, 12).
L’édification de l’assemblée est en effet le fruit ultime du discernement des charismes. Si ses membres se laissent imprégner humblement de l’Esprit, celui-ci accomplit sûrement, quoique doucement, son œuvre de sanctification. Voici que tel se révèle avoir le charisme de l’accueil tandis que tel autre reçoit celui de l’intercession ou de la compassion, tel autre celui de guérison intérieure. Les “prophètes” ne sauraient faire défaut. Presque tous pourront chanter en langues puisque c’est le plus petit des charismes, celui des enfants encore incapables d’exprimer en termes d’intelligence le mystère de l’Amour. Une assemblée de prière peut regorger de dons sans le savoir, car les présents de l’Esprit sont enfouis en chacun. C’est à elle de donner à tous l’occasion d’exercer leurs charismes encore secrets afin qu’ils se manifestent et soient reconnus.
L’édification de l’assemblée se reconnaît à quelques critères qui permettent d’être sûr qu’il y a bien eu construction dans le Seigneur. Parmi les repères de cet itinéraire, il y a au départ un appel et une réponse libre. C’est seulement si l’Esprit les y invite que des libertés s’y engagent.
Alors leur est proposé un mouvement de conversion : l’assemblée peut faire une marche commune à la suite du Christ: elle se laisse guider par une parole qui est “donnée” ; elle la reçoit, la goûte, s’en nourrit, la laisse germer dans les cœurs et porter ses fruits inattendus. Il n’y a pas dix ou cinquante têtes qui pensent mais une seule Parole semée en chacun et reprise de façon toujours nouvelle, rebondissant de témoignages en silences, de chants en appels, d’émerveillements en interrogations confiantes.
Ceux qui sont fidèles aux assemblées de semaine en semaine constatent que de plus en plus ils n’ont qu’un même cœur, qu’un seul esprit. Peu à peu leur partage va plus loin et ils mettent davantage en commun ce que chacun a, ce qu’il est. Sans discernement, tous ces fruits ne se manifesteront que de façon confuse ou seront vite gâtés. Ce n’est qu’en prenant conscience de la nécessité du discernement des motions en chacun et dans l’assemblée, que devient évidente l’importance du service de discernement offert par le noyau d’animation d’une assemblée de prière.
Le service de discernement du “noyau” d’animation
A partir du discernement spirituel de chacun, le noyau d’animation va pouvoir aider l’assemblée à se laisser conduire par l’Esprit. Parfois il constitue à cet effet une petite “équipe de discernement” formée de quelques personnes qui se complètent. Espérons que l’une d’entre elles au moins, pleine d’un solide bon sens, aidera l’équipe à garder les pieds sur terre, qu’une autre sera capable d’offrir un sérieux discernement doctrinal et que toutes auront un vrai sens de l’Eglise. Cette petite équipe doit faire preuve d’un réel charisme de discernement, c’est-à-dire de la possibilité de discerner suivant les trois modes : naturel, doctrinal et charismatique (voir fiche numéro 4).
Ce charisme de discernement se reconnaît à quelques traits spécifiques. Celui qui le reçoit “sent” c’est-à-dire perçoit ce qui se passe dans l’assemblée.
Il “sent” avant tout la présence de l’Esprit qui est là, guide, agit avec puissance ou dans la faiblesse. Il reconnaît la Parole donnée par l’Esprit, celle dont le groupe a faim, celle que le Seigneur lui offre aujourd’hui par la bouche de n’importe lequel des priants.
Il “sent” chacun des membres de l’assemblée, sans trop savoir comment. Il “voit” celui qui aujourd’hui est tendu, angoissé, comme celui qui est libéré, plein de paix, celui qui attend une Parole comme celui qui a un témoignage à donner. Il aide chacun à prendre sa place dans le groupe en y exerçant ses charismes.
Il “sent” le groupe, ses ambiguïtés, sa docilité à l’Esprit, comme ses tentations, ses habitudes. Il l’aide à prendre conscience des mouvements qui l’animent. Il distingue clairement ce qui est phénomène de groupe de ce qui est action de l’Esprit.
Il reconnaît les charismes de chacun, ceux propres à l’assemblée, leur permet de s’exercer afin qu’ils contribuent à la construction de la communauté. Il met en valeur tous les charismes, des plus éclatants aux plus humbles, comme le Christ qui admire la veuve déposant ses deux piécettes dans le trésor du Temple.
Il exerce son discernement en demeurant humble, priant et aimant. C’est la familiarité avec le Christ, une intimité sans cesse renouvelée avec Lui qui seule permet de “sentir ”, de percevoir comme Lui. Tout homme qui s’imaginerait “posséder” ce “sentir” le réduirait par le fait même à une technique, à un système de connaissances disséquant la vie au lieu de la servir. Ce ne serait plus qu’un savoir analytique, qui n’aurait plus rien à voir avec cette reconnaissance de la présence de l’Esprit qui invente toujours du neuf. Seule l’union au Christ peut l’inspirer. C’est peut-être ce qui explique que très rarement ceux qui sont “à la première place”, ceux qui ont quelque pouvoir dans la communauté, soient les plus indiqués pour exercer ce discernement dans cette même communauté. Comment ne seraient-ils pas influencés par leurs préoccupations ? Ils sont moins libres que d’autres pour approuver des motions de l’Esprit entraînant certains sur des routes autres que celles qu’ils proposent.
Celui qui a le charisme de discernement a par contre le souci permanent d’être remis en question. C’est tout d’abord l’Esprit qui le remet en question. Dans la prière, Il lui fait sentir son approbation, sa réserve, son désaveu. De plus bien des gens viennent lui donner leur avis, leur sentiment sur ses discernements. Des frères dotés du même charisme de discernement peuvent l’aider, en formant avec lui une petite équipe.
Avec eux, sans cesse, il renvoie à l’Unique Pasteur, le Christ, et à Sa Parole. Il veille à ce que la Parole soit la nourriture de l’assemblée, la transformant peu à peu en cellule du Corps du Christ. Loin de s’appuyer sur une pensée propre, il est attentif à toute parole de l’Ecriture qui monte au cœur de l’un des plus “petits” de l’assemblée ; il l’accueille et la fait accueillir comme un don précieux de l’Esprit, surtout si elle interpelle, ou dérange les plus assurés. Comment oublierait-il que :
« Vivante est la Parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu’à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du cœur. Il n’est pas de créature qui échappe à sa vue ; tout est nu à ses yeux, tout est subjugué par son regard. Et c’est à elle que nous devons rendre compte » (He 4, 12-13).
Lorsqu’une assemblée a découvert ainsi les personnes ayant vraiment reçu ce charisme de discernement, elle progresse plus finement dans les voies du Seigneur.
Les moments d’exercice du discernement du “noyau” d’animation
Tout d’abord, en cours d’assemblée, les membres de l’équipe de discernement se sentent responsables, et chacun discerne en lui les motions qui l’animent devant tout ce qui se vit. Ils n’ont pas cependant à imposer leurs désirs à partir des motions qui les habitent. Confiants dans l’Esprit qui vit en chacun, patients dans l’amour pour supporter les errements du groupe, ils auront cependant à intervenir à certains moments, mais surtout pour authentifier et encourager. Ils prennent donc le risque de laisser faire, d’intervenir, d’infirmer ou de confirmer.
Au terme de l’assemblée, une personne du groupe de discernement pourra faire la relecture du don de l’Esprit. Si une telle relecture se fait devant tous, il sera préférable de retenir ce qui a été bon plutôt que d’insister sur les bavures qui ont pu entraver la vie de l’Esprit. Les gerbes de la moisson seront ainsi liées dans l’action de grâces. Chacun peut être invité à exprimer les motions qu’il a vécues ; le bon grain est alors séparé de la paille et tous peuvent recueillir la Parole de Sagesse, c’est-à-dire cette nourriture pour la semaine, dont l’Esprit leur a donné le goût.
Il peut arriver qu’un membre du “noyau” ou de l’équipe de discernement estime devoir interpeller en particulier tel ou tel sur l’authenticité d’une prophétie par exemple, mais il ne pourra jamais imposer son opinion comme la seule juste.
Tout au long de l’année il revient à ce petit groupe de discernement d’être la mémoire des dons de l’Esprit offerts par le Seigneur semaine après semaine. Mémoire des conversions, des étapes diverses sur le chemin de la mise en pratique des paroles reçues. Alors l’assemblée pourra s’émerveiller de voir sa pauvre histoire humaine transfigurée en “histoire sainte”.
En conclusion, disons qu’il y a, dans une assemblée de prière, un temps durant lequel il faut taire le discernement. Avoir le souci vigilant que tout soit tout de suite parfait est la meilleure façon de supprimer toute possibilité de vie. Quand l’Esprit rassemble en assemblée charismatique des personnes que rien ne préparait à ce genre de réunion, croyons que Dieu est à l’œuvre et laissons-les prier comme elles le désirent. La foi, l’espérance et l’amour que l’Esprit met en elles peuvent seuls faire durer une telle assemblée et la fortifier. Un jour viendra où des questions se poseront : une prophétie ne se réalise pas, l’interprétation d’un chant en langues est controversée, quelqu’un divise le groupe tout en n’ayant que des Paroles de l’Ecriture sur les lèvres, tel autre porte des jugements sévères qui ne semblent pas inspirés du Seigneur. On s’imaginait que tout n’était que blé, mais voici qu’il y a de l’ivraie un peu partout. Le temps du discernement est venu. Les personnes appelées à exercer ce charisme seront serviteurs de l’unité autour du Christ.
Avant d’exercer un charisme dans l’assemblée de prière, avez-vous le souci de vérifier les différents critères proposés par les auteurs de l’article ci-dessus ? Vous paraissent-ils pertinents ? Avez-vous d’autres critères de discernement personnel ?
Comment pressentez-vous que le non-exercice de tel charisme risque de contrister l’Esprit Saint ? Les personnes exerçant un charisme de la parole ne peuvent-elles pas partager sur leur expérience de discernement personnel pour donner ou non telle ou telle parole de Dieu, image, prophétie, parole de connaissance ?
Quand et comment le noyau discerne-t-il les charismes exprimés dans l’assemblée ? Les critères et attitudes énumérées ci-dessus sont-ils ceux du noyau du groupe ? En utilise-t-il d’autres ? Lesquels ?
Qu’est-ce que le noyau met en œuvre pour assurer une croissance de la vie charismatique ? Comment fait-il pour confirmer, émonder et corriges les charismes exprimés ?
Le noyau propose-t-il de rendre grâce à Dieu régulièrement pour les fruits spirituels (paix, joie, guérison, conversion…) liés à l’exercice des charismes dans l’assemblée de prière ?
« Ils sont en effet, une merveilleuse richesse de grâce…. Pourvu cependant qu’il s’agisse de dons qui proviennent véritablement de l’Esprit Saint et qu’ils soient exercés de façon pleinement conforme aux impulsions authentiques de ce même Esprit. C’est dans ce sens qu’apparaît toujours plus nécessaire le discernement des charismes. En réalité, comme l’ont déclaré les Pères du Synode, « l’action de l’Esprit Saint qui souffle où il veut, n’est pas toujours facile à distinguer et recevoir. Nous savons que Dieu agit en tous les fidèles chrétiens et nous avons bien conscience des bienfaits qui procèdent des charismes à la fois en faveur de chacun et pour toute la communauté chrétienne. Toutefois, nous avons également conscience de la puissance du péché et de ses efforts pour semer le trouble et la confusion dans la vie des fidèles et des communautés ».
Voilà pourquoi aucun charisme ne dispense de la référence et de la soumission aux Pasteurs de l’Eglise. De façon très claire le Concile écrit : “C’est à ceux qui ont la charge de l’Eglise de porter un jugement sur l’authenticité de ces dons et sur leur usage bien entendu. C’est à eux qu’il convient spécialement, non pas d’éteindre l’Esprit, mais de tout éprouver pour retenir ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 12 ; 19-21)”, afin que tous les charismes coopèrent, dans leur diversité et leur complémentarité au bien commun ». Les fidèles laïcs, n° 24
Questions-réponses autour du charisme de discernement
Comment être sûr qu’une prophétie, une image ou un texte sont bien inspirés par l’Esprit Saint ?
Un parachutiste n’est sûr de l’ouverture (ou non !!!) de son parachute, qu’après avoir sauté.
De même il n’est pas possible d’être sûr que l’image, la prophétie ou le texte viennent bien de l’Esprit Saint avant de donner à l’assemblée ce que l’on perçoit comme tel. Certes, il est nécessaire d’effectuer avant un discernement, mais aussi juste soit-il, la seule vraie confirmation sera le discernement a posteriori effectué par les responsables.
Saint Paul encourage l’exercice de la prophétie, mais celui qui l’exerce doit toujours être soumis au discernement. « N’éteignons pas l’Esprit Saint, mais retenons ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 19) ».
Et si l’on se trompe ?
Il suffit selon la parole de Paul (1 Th 5, 19) de ne pas retenir ce qui a été donné.
Mais se tromper, faire une erreur, ne pas avoir perçu que cela ne venait pas de l’Esprit Saint est une chose. En ce sens il y a le droit à l’erreur. Autre chose est de faire semblant quelle qu’en soit la raison. Si nous ne recevons rien, ne faisons pas semblant. Dieu est dur pour les faux prophètes. A ce sujet il est bon de lire les textes suivants : Dt 13, 2-6 ;
Dt 18, 9-20 ; Jr 28, 15-17 ; Ez 13, 1 et ss.
D’autre part, ne donnons pas sous forme prophétique ce qui doit être donnée dans une prière ou une exhortation.
Les “faux prophètes” sont souvent des personnes qui ont besoin de reconnaissance. Le vrai prophète, lui sait rester dans l’humilité. Mais attention à la fausse humilité qui peut amener à refuser d’exercer ce charisme, ce qui n’est pas mieux.
Qui effectue le discernement des charismes et comment effectuer ce discernement ?
Le discernement s’effectue en 2 temps :
avant, par celui qui exerce ce charisme
Tout d’abord, et cela tient du bon sens, l’Esprit ne peut inspirer que des paroles conformes au bon sens, à la Parole de Dieu ou à l’enseignement de l’Eglise. Ensuite, les fruits seront-ils bons, du moins a priori ? Cela va-t-il dans le sens de la prière et permet-il qu’elle continue à se construire ? Ou au contraire, cela part-il dans un sens complètement différent au risque que la prière perde son unité ? Si j’ai déjà exercé ce charisme, est-ce que je perçois en moi des signes, réactions, émotions, … que je ressens habituellement ? … Il est aussi possible dans certains cas de demander le conseil d’un voisin.
après, par les personnes responsables, souvent le berger et le noyau
La relecture de la prière et le discernement des charismes est une des missions importantes du noyau du groupe de prière. Voici succinctement quelques points pour aider à ce discernement :
La parole a-t-elle trouvé un écho dans l’assemblée ? A-t-elle été reprise ? A-t-elle touché des personnes, aidé la prière du groupe, etc…?
Ou bien, n’a-t-elle eu aucune répercussion dans la prière ? Mettait-elle mal à l’aise ? A-t-elle été confirmée par quelqu’un … ?
Dieu ne parle pas pour rien. Si la parole prophétique vient bien de l’Esprit, elle touche des cœurs, console, encourage, édifie et porte des fruits car elle s’accomplit (Dt 18, 22). Mais ne pas s’arrêter à ce qui est superficiel, “Cela est beau !”, mais plutôt aux fruits qui seront dans la durée.
Dans notre groupe de prière, la même personne donne systématiquement une image ou une prophétie. Est-ce normal ?
Sauf cas très particulier un charisme n’est pas donné pour toujours. Son exercice ne peut être systématique. Si une personne donne une parole de type prophétique de façon fréquente à chaque assemblée, il est bon qu’un discernement sérieux soit effectué par le noyau pour vérifier si ces paroles sont données par l’Esprit Saint ou suscitées par une imagination débordante. Les responsables doivent effectuer ce discernement puis aider la personne dans cet exercice prophétique. Que ce soit pour une image, une prophétie ou un texte, certes il faut avoir l’audace d’intervenir à certains moments, mais il faut aussi la sagesse de savoir se taire à d’autres moments.
Parfois je suis mal à l’aise en entendant des prophéties ou des images ? Doit-on toujours accepter ce qui est dit de cette façon ?
Tout d’abord, le problème peut être sur la forme. Il faut éviter les formules et tons trop solennels du type : “Ainsi parle le Seigneur, le Dieu des armées célestes à son peuple assemblé…” Gardons un ton et un langage simples.
Le malaise peut aussi provenir du contenu. En effet il se peut que le discernement personnel n’ait pas été bien fait ou que des éléments personnels aient été rajoutés. Cela est plus gênant surtout quand le sens du message prophétique ne respecte pas l’Evangile, l’enseignement de l’Eglise ou tout simplement le bon sens. Il revient aux responsables d’aider la personne dans le discernement des motions qu’elle perçoit.
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°6
Ne laissons pas s’éteindre les charismes
Par David Roth
Trois textes dans cette fiche mais qui pourraient n’en faire qu’un tant les points abordés sont liés les uns aux autres. Si le premier texte insiste sur la nécessité d’accueillir les charismes et les conditions pour les recevoir, les deux suivants soulignent le lien entre charismes et mission. Les charismes reçus et exercés dans l’assemblée de prière doivent nous « porter aux autres » et nous « pousser au large » dans le groupe de prière certes mais aussi à l’extérieur, dans l’Eglise et le monde car « la force charismatique est nécessaire aujourd’hui pour ouvrir les cœurs au message de l’évangile » (p. 28).
Un groupe de prière m’a demandé récemment de donner un enseignement sur les charismes de l’Esprit Saint. Toujours la même demande! Où que j’aille, on me réclame la même chose!
Car les catholiques du Renouveau Charismatique sont préoccupés : leurs rangs s’éclaircissent, le feu qui brûlait si bien semble faiblir, et la puissance de l’Esprit paraît inférieure à ce qu’elle devrait être. Ils ont besoin de conseils sur la façon de restaurer les dons.
Ne pas limiter Dieu !
Demandons-nous au préalable de quels dons il s’agit. On trouve la liste classique des dons charismatiques dans 1 Cor 12 : parole de sagesse, parole de connaissance, don de foi, don de guérison, don de miracle, don de prophétie, don de discernement des esprits, don des langues, don d’interprétation des langues enfin. Lorsque nous parlons de dons de l’Esprit, nous nous référons d’ordinaire à cette liste-là.
L’ennui, c’est qu’en se centrant sur les dons, on en vient à oublier que ce ne sont que des dons ; ils ont un donateur, l’Esprit en personne. C’est capital. L’un des principaux obstacles à l’exercice des dons consiste à ne pas reconnaître que Dieu nous donne son Esprit, ce même Esprit qui a donné puissance à la vie et au ministère de Jésus. Chaque don provient de ce don fondamental de l’Esprit. Les dons ne sont pas des objets spirituels. Ils ne sont pas plus limités en nombre et en variété que Dieu n’est limité.
Il se peut bien que l’apôtre Paul soit involontairement à la source de cette confusion. Il a cherché à démontrer que nul n’avait à remplir tous les rôles dans une église, qu’au contraire chaque chrétien dépendait des autres membres du Corps (1 Cor 12, 4-12). Cela peut toutefois donner à penser que Dieu attribue les dons spirituels au coup par coup. Il semble qu’il y ait effectivement des frères et des sœurs qui servent dans ce que l’on a parfois appelé des “ministères” (le ministère de prophète ou d’évangéliste ou d’enseignement, pour ne citer qu’eux). J’ai le sentiment que Paul désignait ainsi une personne qui exerce un don particulier d’une manière remarquable et reconnue, de façon conséquente et avec autorité. Cela ne s’oppose pas au fait que l’Esprit puisse employer quelqu’un d’autre pour quelque don que ce soit au moment qu’Il choisira.
Evitons le piège d’une pensée qui nous ferait dire systématiquement que notre charisme est de telle ou telle sorte, ou bien que nous n’avons pas tel don ; parler ainsi limite la capacité de Dieu d’œuvrer par notre intermédiaire.
Autre pierre d’achoppement sur la voie de l’exercice des dons : déclarer que nous sommes bien trop petits pour que Dieu songe à guérir une personne par nous, que nous manquons par trop de sainteté.
St Thomas d’Aquin, le théologien médiéval, a montré que l’opération des dons spirituels ne dépendait pas de la sainteté de celui qui l’effectue. Les dons de l’Esprit sont “une grâce donnée gratis”. Si nous souhaitons maintenir ces dons en vie, il nous faut reconnaître que l’Esprit souffle où il veut. Il donne des charismes en fonction des situations et du plan qu’Il poursuit.
Faire tout ce que Dieu ordonne
L’entretien de la vigueur des dons dépend plus de l’obéissance que de la foi ; non point que cette dernière soit sans importance. La plupart d’entre nous avons assez de foi ; mais il nous manque le désir de faire ce que le Seigneur nous dit de faire. Jésus a donné à ses disciples des enseignements clairs sur la manière de vivre ; Paul et les apôtres l’ont également fait. Aimer Dieu par-dessus tout, et aimer son prochain comme soi-même implique que l’on se garde de tout mal, mais aussi que l’on fasse tout le bien possible, c’est-à-dire que l’on serve.
Nourrir ceux qui ont faim, s’occuper des veuves et visiter les prisonniers sont des tâches indissociables pour le chrétien de l’annonce prophétique de la Parole de Dieu, de la guérison des malades ou de la manifestation d’une foi surnaturelle. Le chrétien témoigne de la présence de l’Esprit par les charismes en obéissant à la Parole de Dieu. Nous devons donc faire tout ce que le Seigneur nous ordonne, selon nos capacités. Rares sont les personnes qui le font vraiment !
La foi est nécessaire. Mais pas dans la proportion que nous imaginons parfois. Il suffit de croire que Dieu est Dieu et que ce qu’il dit est vrai. Nous avons alors assez de foi pour qu’Il puisse nous employer et pouvons accueillir la vie et la puissance de l’Esprit. Nous obéissons, c’est tout.
Quatre attitudes sont nécessaires pour vivre à fond l’accueil des charismes de l’Esprit ; elles commencent par la lettre A :
Apprendre
Il est précieux d’apprendre ce que sont les dons. Il n’est pas de meilleure façon de s’initier à réaliser les œuvres de l’Esprit que de les pratiquer avec quelqu’un d’expérimenté. Les sessions, les stages et les livres peuvent aussi nous y aider. Plusieurs responsables bien connus dans le Renouveau Charismatique proposent des formations pour ceux qui souhaitent œuvrer pour le Royaume.
Aider
Il faut rappeler aux chrétiens qu’il n’y a rien d’anormal à exercer les dons de l’Esprit. En fait, les croyants ont souvent besoin d’être incités à demander à Dieu l’effusion de son Esprit Saint pour faire ce que Jésus faisait. Il est bon que nous nous aidions et exhortions les uns les autres.
Accompagner
N’exhortons pas sans nous impliquer nous-mêmes! Nos beaux discours déboucheront sur peu de choses à moins que nous ne descendions dans l’arène. Il est temps que les responsables fassent la démonstration de ce que le Seigneur peut faire ; il est urgent qu’ils montrent comment l’on peut pratiquer les dons spirituels. Jésus l’a fait. Ses disciples l’ont observé faire les œuvres de Dieu. Il les a ensuite envoyés avec mission de faire de même (cf Mat 10, 7-8 ; Marc 6, 12-13 ; Luc 9,1-6).
Attendre
Les Ecritures nous disent que la foi consiste à croire fermement à ce que l’on ne voit pas (cf Héb 11, 1). On ne saurait trop insister sur l’importance de la force de l’attente : s’attendre à ce que Dieu agisse par son Esprit. Se contenter de déclarer : “le dire, c’est déjà le posséder” s’avère redoutablement insuffisant. Nous devons néanmoins nous attendre à ce que Dieu agisse par notre truchement. Que les responsables invitent les frères et sœurs à s’attendre à voir Dieu œuvrer !
Attention aussi, lorsque Dieu est à l’œuvre, que l’on y prête attention, et que l’on guette les signes de la manifestation active de ses dons. Des personnes sont-elles en train de guérir ? Des prophéties édifiantes sont-elles données ? Assiste-t-on à des libérations de l’emprise du Mauvais ? Loue-t-on Dieu en d’autres langues ? Que l’on se réjouisse dès que l’Esprit agit ! Montrons ce qu’Il a fait, mettons en lumière ce qu’Il est en train de faire, afin de permettre aux témoins d’être encore plus disponibles à son action !
Dieu pourvoit
Dieu veut que l’action de l’Esprit Saint se manifeste dans la vie, le ministère et les activités de tout membre de son corps. La grâce divine, toujours présente, réclame notre coopération, cela va de soi. Si nous ignorons comment coopérer, la grâce paraîtra faire défaut alors même que Dieu l’accorde effectivement.
Nous pouvons entretenir la vie des charismes en vivant dans l’Esprit, en Le guettant continuellement. Bien que son action par notre intermédiaire ne soit pas fonction de notre sainteté, permettre vraiment à l’Esprit de régner nous fait croître en sainteté et dans la pratique des dons.
Je crois que dans l’accueil de dons de l’Esprit, s’il y a apprentissage, aide, accompagnement, attente et attention, Dieu agit de façon éclatante et visible.
« Si vous, pécheurs que vous êtes, savez donner à vos enfants de bonnes choses, combien plus le Père donnera l’Esprit Saint à qui le lui demandera ! (Lc 11, 13) »
Père Jean-Marie Gaudeul, Père Blanc
« Si les apôtres s’enferment dans la chambre haute pour y être assidus à la prière, c’est avant la venue de l’Esprit Saint. Après, l’Esprit les pousse dans la rue et sur les chemins du monde : les Actes des Apôtres nous montrent le déploiement continu de cette mission sous la poussée de l’Esprit de Dieu.
Nos groupes ne sont fidèles à leur appel que s’ils entraînent leurs membres dans ce mouvement de l’Esprit Saint qui veut nous pousser au large.
(…) Présentons-nous les charismes comme des outils de travail pour la mission ? Ils ne sont pas une panoplie à porter pour nous faire valoir. Ils ne sont donnés à quelqu’un que dans la mesure où il se laisse porter aux autres : Dieu donne des dons de sagesse, de discernement, de guérison… dans la mesure où nous acceptons d’aider des gens qui ont besoin de ces dons. Le charismatique se laisse traverser par des dons qui sont, en fait, destinés à d’autres. S’il ne veut pas rencontrer les autres, il ne recevra aucun charisme.En nous appelant à la mission, l’Esprit Saint nous préservera de ronronner pieusement. Accepterons-nous ? »
(Texte extrait d’un article de Pentecôte Aujourd’hui n° 25, intitulé : « La Pentecôte est un envoi »)
Monseigneur Joseph Boishu, évêque auxiliaire de Reims
“Si ces grâces extraordinaires sont données pour fonder l’Eglise, ne faut-il pas admettre que le temps de la fondation est terminé puisque l’Eglise se trouve maintenant présente dans toutes les nations ?
En fait, l’Eglise est toujours en fondation : « L’Esprit Saint équipe l’Eglise et la dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques » affirme le Concile Vatican II (L. G. n°4). Et il précise : « Le même Esprit Saint ne se borne pas à sanctifier le peuple de Dieu par les sacrements et les ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des vertus, il distribue parmi les fidèles de tous ordres, « répartissant ses dons à son gré en chacun » (1 Cor 12, 11), les grâces spéciales qui rendent apte et disponible pour assumer les diverses charges et offices utiles au renouvellement et au développement de l’Eglise » (Lumen gentium, n°12).
Il est inutile de souligner combien l’Eglise est encore à fonder dans notre société païenne et combien cette force charismatique est nécessaire aujourd’hui pour ouvrir les cœurs au message de l’Evangile.
(…) « Les charismes sont au service de la charité qui édifie l’Eglise » (CEC n°2003).
Ils ne peuvent porter fruit que s’ils sont inspirés par cette charité répandue en nos cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5). Nous connaissons tous cet hymne à l’amour que Paul glisse intentionnellement au milieu de ses réflexions sur les charismes. Saint Pierre, Saint Paul, Saint Etienne et tant d’autres ont exercé de grands charismes. Mais la grâce « toute spéciale » qu’ils ont reçue fut celle du martyre. C’est dans le don de leur vie qu’éclate cet amour de charité qui fait les saints et édifie l’Eglise.
L’essentiel n’est pas de devenir un grand charismatique ou un grand mystique mais de devenir saint comme le Seigneur lui-même est saint (cf. Mt 5, 48).
(Extrait d’un article de Pentecôte Aujourd’hui n°57,intitulé : « Des charismes pour la mission »)
Les charismes, dans notre groupe de prière, sont-ils en train de s’éteindre ? Quelles sont les causes de cette extinction ?
David Roth dit que, pour le développement des charismes, c’est plus une question d’obéissance qu’une question de foi, qu’en pensez-vous ?
Dans le groupe et personnellement, faisons-nous tout ce que Dieu nous ordonne au niveau du service des frères et sœurs ?
Les charismes ne sont donnés à quelqu’un que dans la mesure où il se laisse porter aux autres. Ne mettons-nous pas la charrue avant les bœufs en attendant les charismes pour partir en mission, alors que c’est la disponibilité à la mission qui sera ouverture aux charismes ?
Les charismes ne peuvent porter du fruit que s’ils sont inspirés par cette charité répandue en nos cœurs par l’Esprit Saint. Comment veillons-nous à la croissance de la charité au sein du groupe et dans les relations avec les autres communautés d’Eglise ?
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°7
Questions-réponses autour de charismes
exercés dans l’assemblée de prière
Par Guy Noël
Quelle différence fait-on entre le chant en langues et le parler en langues ?
Ce sont deux formes différentes du don des langues. Le parler ne comporte que des syllabes. Le chant y ajoute une mélodie.
Certains disent qu’il faut se taire après un chant en langues pour que l’on puisse recevoir l’interprétation. Est-ce vrai ?
Effectivement il est bon de maintenir un temps de silence après un chant en langues. Il se peut qu’une ou plusieurs interprétations soient données par des membres de l’assemblée. Cependant certains chants en langues ne sont que louange et aucune interprétation n’est alors donnée. Ne pas forcer à tout prix pour qu’il y ait une interprétation. Par contre, s’il s’agit d’un chant ou d’un parler en langues individuel, il devrait y avoir une interprétation (cf. 1 Co 14, 27).
Tout le monde est-il appelé à chanter en langues ? Comment fait-on pour chanter en langues quand on n’a jamais exercé ce charisme ?
Notre vocation dans l’éternité, mais aussi déjà sur terre, est la louange de notre Dieu (Ap 7, 9-12). Aussi le charisme du chant en langues est-il donné à tous ceux qui acceptent de vivre dans l’Esprit.
Mais une chose est de recevoir ce charisme, autre chose est de l’exercer.
Quelques points pour aider à démarrer dans l’exercice de ce charisme :
Même s’il doit être inspiré par l’Esprit, ne pas attendre que, au début, tout vienne de lui. Le chant en langues, comme tous les charismes, se purifie quand on l’exerce. Au départ il y aura beaucoup de notre personne, de notre volonté, mais il faut demander à l’Esprit que petit à petit il prenne de plus en plus de place dans ce chant et que ce qui est lié à notre volonté en prenne de moins en moins.
L’Esprit nous laisse libre, jamais il ne nous force. Pour chanter en langues, il faut ouvrir la bouche et articuler des sons. Beaucoup de personnes ne chantent pas en langues croyant que cela doit se faire sans leur participation volontaire.
Ne pas craindre si les mélodies et syllabes que nous exprimerons soient peu harmonieuses au début.
Oser faire un pas dans la foi, en laissant de côté tout ce qui, de façon rationnelle et raisonnée, nous freine dans cet exercice du chant en langues.
Démarrer le chant en langues est plus facile dans une assemblée importante où les balbutiements des débutants passent plus inaperçus que dans un tout petit groupe.
Comment reçoit-on une prophétie ou une image ?
Nos souvenirs reviennent souvent au niveau de notre pensée sous forme d’images visuelles. Nous percevons les images inspirées par l’Esprit d’une façon assez semblable. Mais attention, il ne faut pas prendre toutes les images qui nous passent par la tête pour des inspirations de l’Esprit. Il en est de même pour les prophéties, mais avec des mots, des phrases ou des idées.
De ce fait il est difficile, surtout au début, de distinguer imagination et motions de l’Esprit. Ces dernières arrivent souvent de façon non prévue, sans aucune logique avec ce qui se vit à l’instant ou avec ce que l’on a vécu dans la journée. Elles s’imposent à nous d’une façon différente de la pure imagination.
Doit-on donner la prophétie, l’image ou le texte dès qu’on le reçoit ?
Le discernement doit inclure le moment où l’on doit donner ce que l’on a reçu. Parfois ce sera de suite, mais, d’autres fois, il faudra attendre que la prière se déroule et percevoir alors que le moment est venu pour la parole ou l’image. Négliger ce point appauvrit ce que le Seigneur veut nous dire par ce charisme prophétique.
Comment aider des personnes à démarrer dans l’exercice des charismes prophétiques2?
Il est fréquent que des néophytes viennent trouver un responsable et lui partagent qu’ils avaient un texte, une image, un mot etc… qui étaient semblables à ceux donnés dans la prière. Il faut alors les aider à percevoir les motions et signes qui les habitaient à ce moment-là et les inciter à intervenir si des motions ou signes se reproduisent une autre fois.
Une aide importante est l’encouragement. Il est difficile de démarrer dans l’exercice des charismes prophétiques. L’expression peut être maladroite au début. Il ne faut pas couper la pousse fragile, mais au contraire l’aider à grandir.
Dans notre groupe nous avons beaucoup d’images, des prophéties, mais peu de textes de la Parole ? Cette dernière n’est-elle pas aussi importante que les images et les prophéties ?
Tout est important. Cependant la place de la Parole est certainement centrale dans l’assemblée de prière. Il n’est pas normal de privilégier les images et les prophéties par rapport à la Parole.
« Dans l’histoire du peuple de Dieu, et dans la vie des croyants, l’Esprit Saint se manifeste avec une liberté souveraine, parfois avec puissance et de manière immédiate, le plus souvent de façon discrète et simple. Cependant, jamais il n’entrave la liberté et les qualités des personnes dont il se sert ; il les honore plutôt et les fait grandir.
(…) « L’Esprit se joint à notre esprit » (Rm 8, 16), il ne s’y subsitue pas. L’Esprit Saint qui « souffle où il veut », se sert librement de toutes les ressources, intellectuelles, affectives, psychologiques des personnes qui veulent bien le laisser agir pour coopérer librement à son action.
L’Esprit Saint n’investit pas une personne d’une manière qui la déposséderait tant soit peu d’elle-même, de son tempéramment, de sa sensibilité, de sa culture. (…) L’Esprit de Dieu se sert de qualité humaines auxquelles il donne une grâce particulière. Il n’écarte pas, des personnes qu’il inspire, pauvretés et limites. De sorte qu’en ces personnes, à travers certaines de leurs paroles ou de leurs actes, on reconnaît, si on a le cœur ouvert, quelque chose qui vient de plus loin qu’elles. »
(Mgr Albert-Marie de Monléon, o.p. Extrait de « Rendez témoignage, Le Renouveau charismatique catholique », Mame, 1998)
AIDES ET OBSTACLES
A L’EXERCICE DES CHARISMES
« Mais tout cela c’est le seul et même Esprit qui l’opère distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend » (1 Co 12, 11).
Comme Paul l’indique clairement dans la 1ère épître aux Corinthiens, l’Esprit Saint est libre de distribuer ses dons à qui il veut, quand il veut et où il veut. Et il peut le faire quelque soit notre cheminement spirituel, notre foi, notre connaissance, notre expérience… Parfois nous nous sentons bien indignes d’exercer un charisme, et pourtant l’Esprit nous montre qu’il a besoin de nous et qu’il n’attend pas pour cela que nous soyons parfaits. D’ailleurs, si tel était le cas, il pourrait attendre longtemps : qui peut dire qu’il est parfait ?
Cependant, force est de constater que certaines attitudes et dispositions de notre part freinent ou favorisent la réception et l’exercice des charismes.
I – Les aides
La communion fraternelle
Dans la 1ère épître aux Corinthiens, Paul parle des charismes dans les chapitres 12, 13 et 14. Entre les chapitres 12 et 14 – Diversité et unité des charismes et Règles pratiques pour leur exercice – Paul place ce merveilleux texte de « l’hymne à l’amour ». Cette place centrale dans son exposé manifeste avec force combien l’amour est le plus grand des charismes, mais aussi le creuset dans et par lequel vont grandir et s’épanouir tous les autres charismes. « Et je vais vous montrer une voie qui les dépasse toutes » : celle de l’amour fraternel.
La communion fraternelle est l’un des piliers qui ont été à la base de la création de la première communauté chrétienne. Déjà au Cénacle, avant la Pentecôte, ils priaient « tous d’un même cœur » (Ac 2, 14). Ensuite dès les premiers jours qui ont suivi la Pentecôte « Ils se montraient … fidèles à la communion fraternelle » (Ac 2, 42).
Mais, tout en étant don de Dieu, cette communion est fragile. Elle n’est jamais acquise définitivement. Le diviseur sait bien qu’elle est fondamentale pour notre vie spirituelle, aussi fera-t-il tout pour la casser et mettre la division. Mettons beaucoup d’énergie à demander à l’Esprit l’amour fraternel et mettons en œuvre tout ce qui est en notre pouvoir pour la construire et la garder.
Une vie de prière personnelle
Quand le prophète Elie se rend à l’Horeb (1 R 19, 18), il entend la voix de Dieu non dans l’ouragan, la tempête ou le feu, mais dans la brise légère. Ainsi en est-il des motions de l’Esprit par lesquelles nous recevons et exerçons les charismes. Ces motions sont discrètes. Elles prennent corps en nous, non dans le brouhaha et la tourmente de la vie quotidienne, mais dans l’écoute attentive et silencieuse. La prière personnelle est un temps de calme et de paix propice où l’on s’exerce à cette écoute de la voix de Dieu et des appels de l’Esprit.
Vivre selon l’Esprit
Dans l’épître aux Galates Paul encourage à vivre sous l’action de l’Esprit : « Or je dis : laissez-vous mener par l’Esprit » (Ga5, 16). Il liste ensuite les fruits qu’une telle vie porte : « Mais, le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, persévérance, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga5,22-23). Ces fruits sont le signe d’une vie selon l’Esprit et « … nul ne peut dire “Jésus est Seigneur” que sous l’action de l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3). Il en est de même pour les charismes.
L’humilité
« Revêtez-vous tous d’humilité dans vos rapports mutuels, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais c’est aux humbles qu’il donne sa grâce » (1 P 5, 5).
Ce passage de la 1ère lettre de Pierre, mais aussi toute la Bible, montre que Dieu nous appelle à l’humilité. Ne recherchons pas la gloire dans l’exercice des charismes. Elle revient à Dieu seul sans qui nous ne pourrions rien faire. L’orgueil appauvrit l’exercice des charismes, mais l’humilité en favorise la croissance.
II – Quelques obstacles
Bien entendu les premiers obstacles sont ceux qui correspondent aux aides mentionnées précédemment. Ainsi toutes les divisions, critiques, jugement, haines, rancunes, non-pardons, seront des freins à l’exercice des charismes.
Il en est de même en ce qui concerne, selon les mots de Paul, une vie selon la chair et non selon l’Esprit, qui produit : « fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haine, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, sentiments d’envie, orgies, ripailles et choses semblables … Ceux qui comment ces choses là n’hériteront pas du Royaume de Dieu » (Ga 5, 19-21).
Evidemment, de telles pratiques limitent au moins très fortement, l’exercice des charismes
Croire que ce n’est pas pour moi
Il est fréquent de constater que certaines personnes pensent que l’exercice des charismes n’est pas pour elles, mais est réservé aux “leaders”. Les enseignements de Paul contredisent cette idée. Nous sommes tous appelés à vivre selon l’Esprit et « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien … vous avez reçu un esprit de fils adoptif qui nous fait nous écrier : Abba, Père ! ».
Si tous nous sommes animés par l’Esprit de Dieu, tous nous nous écrions « Abba, Père » et tous nous sommes appelés à exercer les charismes.
La peur de se tromper
L’exercice des charismes n’est pas exempt d’erreurs. Même avec la meilleure volonté, discerner les motions de l’Esprit n’est pas toujours chose aisée. Aussi la peur de se tromper, le fait de ne pas être sûr que cela vienne bien de l’Esprit, sont des freins importants pour beaucoup, surtout au début.
Une autre peur est celle liée à notre expression : le risque de bafouiller, de ne pas terminer une phrase, de faire des fautes de français ou, pire, des erreurs théologiques ; tout cela bloque de nombreuses personnes.
Un encouragement de la part des responsables est nécessaire pour aider l’éclosion de nouveaux charismes dans le groupe, ce qui n’empêche pas d’aider à corriger, dans l’amour, ce qui le nécessite.
Faire semblant
L’exercice des charismes peut être, pour certains, un moyen d’être valorisé, reconnu. Pour cela il est facile d’utiliser sa propre imagination et de faire semblant. Ce peut être aussi un moyen de dire certaines vérités, en se cachant sous l’apparence de prophéties ou d’images. S’il est normal de se tromper en toute bonne foi, il faut absolument éviter le “faire semblant”. Dans les prophètes Jérémie (Jr 14, 14-16 ; 23, 9-32) et Ezéchiel (Ez 13), le Seigneur est particulièrement sévère à l’égard des faux-prophètes. Une telle attitude ne dure qu’un moment et risque de bloquer pour un temps l’exercice des charismes.
Ne pas être soumis au discernement des responsables
Ce n’est pas à celui qui exerce un charisme d’en effectuer le discernement a posteriori. Ceci est du rôle des responsables. S’ils émettent des doutes quand à l’authenticité d’une prophétie, image…, voire du charisme lui-même il faut accepter leur décision. Ne pas rester dans l’obéissance peut entraîner des conséquences, parfois graves pour le groupe ou les personnes, mais aussi un appauvrissement certain de l’exercice des charismes.
Les charismes sont donnés pour le bien de la communauté. Aussi mettons tout en œuvre pour les favoriser, tout en sachant que nous ne serons jamais parfaits et que seule la miséricorde du Seigneur nous rendra capables de les exercer.
« Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3, 8).
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°8
Le Renouveau Charismatique : mise en perspective et repères
Pierre Chieux
Le Renouveau charismatique, puisque tel est le nom qu’on lui a donné, se trouve dans la situation délicate d’avoir son existence liée à la vitalité et à la propagation de l’exercice des charismes. Et il est vrai qu’il a suscité la redécouverte de nombreux charismes qui ont puissamment contribué tant à la fondation et l’édification de communautés et groupes de chrétiens, qu’à l’évangélisation. En même temps le besoin s’est aussitôt fait jour de soumettre cette activité charismatique au discernement spirituel fraternel et aux autorités communautaires et ecclésiales. En bref, groupes et communautés, nous avons sans cesse été interpellés à approfondir notre écoute du Seigneur avec l’aide des frères, de nos responsables, et de toute l’Eglise. Ceci ne se fait pas sans souffrances, crises = passages, conversions. Avec le temps, nous pourrions souhaiter que l’expérience acquise puisse permettre d’éviter les difficultés, mais la vitalité charismatique et les personnes qui en sont habitées est toujours mouvante. L’étroit Chemin à suivre ainsi que la Porte à passer sont connus et c’est l’objet de ces lignes d’en reparler, mais nous sommes bien troublés et souvent divisés, lorsqu’il s’agit de nous y engager.
L’inattendu de la dimension charismatique
Dès les premières années du Renouveau, ce ne sont pas les charismes qui ont été la signature de l’œuvre de l’Esprit, mais bien l’effet de la prédication et des assemblées charismatiques dans l’ouverture des cœurs, dans l’engagement des personnes vis à vis du Seigneur, dans la réponse à l’appel intérieur à la vie fraternelle et communautaire. Le Cardinal Suenens parlait d’un renouveau pentecostal, un renouveau de l’effusion de l’Esprit qui répondait aux attentes fortes de l’Eglise catholique après le Concile Vatican II. Mais la dimension charismatique de ce renouveau était bien inattendue; inattendue mais constitutive, et ne cessant de poser question, de demander discernement, de susciter des réactions variées, de provoquer à la Foi ou d’amplifier les doutes. De plus, cela bouleversait toutes nos habitudes d’évaluation des personnes par nos critères de ‘religiosité’ ou ‘spiritualité’, et nous révélait la gratuité et l’inattendu de l’œuvre de l’Esprit dans la sanctification de l’Eglise et l’annonce de la Bonne Nouvelle. C’est ce décalage, entre la lumière et les vases d’argile qui la transmettent ou la reçoivent, qui nous demande de sans cesse revenir au cœur de notre Foi, avant toute réflexion et points de repères.
« Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous tous en sommes témoins. Exalté par la droite de Dieu, il a donc reçu du Père l’Esprit Saint promis et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez » (Actes 2, 33).
Le primat de la communion au Christ
Dire que la grâce que nous portons est une grâce pentecostale, c’est dire que Pentecôte est le critère de discernement qui convient pour juger de notre fidélité à cette grâce et de la justesse de notre vie charismatique. Pentecôte c’est-à-dire, selon la demande du Christ et la promesse du Père: l’accueil du don de l’Esprit répandu pour faire de nous des Vivants en Dieu. Esprit du Christ qui nous rend témoins du Royaume et de l’Evangile (cf. Actes 2, 42-47), pour la gloire du Père. Esprit qui fait grandir en chacun de nous l’obéissance au Père, le service de nos frères et de tous les hommes, à la ressemblance du Christ et selon son commandement, au sein même de nos plus grandes faiblesses et vases d’argile, au beau milieu de nos morts, échecs, divisions, au cœur des ténèbres de ce monde. Le critère de base de discernement pour le Renouveau est donc d’être, en toutes circonstances et en tous lieux dans la communion avec Christ, non par nos mérites, mais par pur don de l’Esprit, pour la joie du Père. Nous ne pouvons de nos efforts solitaires nous y mettre, car il s’agit justement de renoncer à nous-mêmes pour y plonger, mais les autres eux, voient si nous nous y abandonnons. Toute volonté de posséder charismes ou dons, les détruit. L’Esprit, comme le Christ, nous saisit toujours pour nous mener au large. C’est dans cette perspective que nous pouvons reprendre certaines questions en débat qui méritent d’être détaillées, car nous y sommes vulnérables.
Il est courant de nous situer en tant que charismatiques, comme une dynamique, un enthousiasme de renouvellement, en contrepoint de tout ce qui est institutionnel dans l’Eglise. Or les personnes au service de l’institution, en quelque ministère que ce soit, ne peuvent exercer leur ministère avec fruit et fécondité qu’en se laissant habiter radicalement par l’Esprit à l’image du Christ Serviteur. La question qui nous est posée est donc de savoir en quelle mesure nous sommes capables dans un dialogue fraternel, de reconnaître l’expérience que nous avons chacun faite du mystère de Dieu, de façon à la raviver. Comment témoigner de notre propre expérience d’effusion de l’Esprit sans rebuter par l’image que nous en donnons ? Comment voir ce qui nous paraît le plus étranger dans l’autre, comme étant trace de Dieu, le tout Autre ? A nous engager en ces dialogues, nous prenons mieux conscience de notre propre appel. Ce genre d’interaction par exemple entre membres de groupes de prière et responsables de paroisses ou entre responsables du renouveau et d’Eglise est d’autant plus essentiel qu’il est crucifiant.
Pour comprendre à la lumière de la tradition chrétienne ce que nous redécouvrions des charismes, il nous a fallu approfondir dans la Parole de Dieu et l’histoire de l’Eglise, ce qui y faisait écho. C’est ainsi, par exemple, que nous connaissons bien certains passages du nouveau Testament tels : Actes 2, I ; Cor 12 et 14. D’autres chrétiens avant nous avaient, pour soutenir leur propre vie chrétienne, approfondi les mystères de l’enfance de Jésus, de sa vie à Nazareth, de sa Passion. Mais nous avons besoin de l’éclairage les uns des autres pour comprendre ce qu’il y a d’unique dans chaque approche du mystère de Dieu. Et aussi pour mieux réaliser que quel que soit notre point de départ, nous sommes tous appelés à suivre le Christ jusqu’au bout, sans pour autant renier ce qui nous a marqués. N’avons-nous pas, là dessus, beaucoup à partager avec nos frères religieux de toutes congrégations, et avec tous ceux qui sont en quête du Dieu vivant ?
Pour notre part, en tant que groupes de prière de base, la vie dans l’Esprit et la vie fraternelle nous poussent à découvrir le chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens, situé entre les chapitres 12 et 14 comme en un écrin. Il y a un enjeu à ne rien renier, ni opposer, entre vie charismatique et vie mystique, mais à mieux comprendre comment l’Esprit agit en ceux qui écoutent sa voix. Les charismes sont pour la construction, pour l’édification du corps du Christ, pour son unification dans l’Esprit. Pour beaucoup d’entre nous, notre expérience des charismes et de l’effusion de l’Esprit, est née de contacts entre confessions chrétiennes différentes ou de rencontres diverses où l’unité des chrétiens, au-delà de leurs divisions, était manifestée. De plus, c’est la vie charismatique qui dans nos groupes, a été un facteur dominant dans la mise en fraternité de personnes les plus variées. L’expérience de la prière des frères a fait tomber des murailles de jugements, de blessures anciennes, de peurs. Mais cela a fait aussi tomber un grand nombre de nos repères identitaires, basés non pas vraiment sur notre appartenance au Christ, mais plus sur des affinités et appartenances culturelles, symboliques, institutionnelles, affectives, ou sur des projets communs. Or, après le premier enthousiasme, nous sommes toujours tentés de nous reconstituer, seuls ou en tant que groupes, un jargon, des habitudes, une fonction particulière au sein de l’église et même du Renouveau. Cependant notre appel spécifique au sein de l’ensemble du Corps du Christ est plus profond. L’expérience de l’effusion de l’Esprit, nous a fait entrevoir « la largeur, la hauteur et la profondeur de l’Amour de Dieu », nous a fait entrevoir un appel dans l’Esprit à nous livrer au service de l’Unité, de la Sainteté, de la Catholicité et de l’Apostolicité de l’Eglise, à la suite du Christ et selon le désir du Père. Il est vrai que nous sommes constamment infidèles à cet appel, que nous avons à nous en repentir, à reprendre la route, mais c’est selon cette intuition initiale qu’il nous faut avancer aussi loin que l’Esprit nous conduise, pas à pas.
Où l’Esprit nous conduit-il, sinon à suivre le Christ ?
Contrairement à ce qu’en pensent beaucoup, il y a, s’il l’on est honnête avec soi-même et avec le Seigneur, une véritable ascèse en même temps qu’une vive joie, à exercer les charismes. En effet ceux-ci produisent nécessairement des effets contraires : l’attirance et le rejet ou le dédain. Il en est ainsi de toute annonce du Royaume de Dieu. Relisons les effets du discours de Pierre le jour de Pentecôte. C’est une épreuve lorsque l’estime et le soutien ne nous viennent pas des personnes dont nous attendons une reconnaissance : certains de nos proches, certains de nos responsables chrétiens… Ces épreuves sont amplifiées lorsque la vie charismatique que nous vivons a un impact public et que les tensions grandissent. Nous courons alors le risque d’entrer dans le repli et la rancœur secrète ou dans la surenchère charismatique. Comment pouvons-nous nous entraider à passer de l’autre bord ? Il y a un temps pour apprendre à remettre nos propres visions, nos propres priorités, à tout remettre à la conduite de l’Esprit, à la suite du Christ. Toute annonce du Royaume est déjà un enfantement du Royaume, et celui-ci nous appelle à traverser la douleur et à accepter que le fruit soit autre pour entrer dans la Joie. Bien des signes nous disent que les temps que nous vivons sont ceux de la fin d’un monde. Ce qui est notre mission propre, c’est la mission même des disciples du Christ : annoncer, en ce monde qui meurt, l’enfantement du monde qui vient. Mais cette oeuvre est celle de Dieu. Le Père seul en connaît l’heure. Mais cet enfantement se réalise en nos corps et en nos vies livrées à l’Esprit. Maranatha ! Viens Seigneur Jésus !
Quel est donc le Messie que nous attendons ?
Notre culture nous apprend pour être performants, à porter notre réflexion et notre action sur des phénomènes observables, quantifiables, analysables. Nous passons tout au crible de la critique rationnelle et scientifique. Et ce faisant, nous avons développé nombre de disciplines spécialisées, y compris dans les sciences humaines et religieuses. Dans chacune de celles-ci nous avons acquis des connaissances et savoir-faire nous donnant repères et prédictions, sauf pour les imprévus, souvent dus aux folies de l’homme. L’action de l’Esprit, elle, nous prend à dépourvu. Il touche la singularité de nos personnes et, à travers nous, produit aussi des phénomènes qui échappent à nos disciplines spécialisées. Du côté de la philosophie et de la théologie nous avons tout un héritage qui nous aide à percevoir l’unicité créatrice des relations en Dieu et du don total de Lui-même que le Père nous fait en son Fils unique. Mais il est aussi écrit qu’en ce Fils, un jour, toute la création sera enfantée à neuf, dans la puissance de l’Esprit, pour la joie du Père et de tous ses enfants. Ceci nous ne pouvons le concevoir par les efforts de notre pensée. Mais c’est quelque chose qui peut nous saisir aux entrailles, comme, lorsque dans l’expérience de l’Esprit et des charismes, nous entrevoyons que tous nos repères s’effacent, que nous sommes saisis en même temps par le dedans et par le dehors de nous-mêmes. Nous n’avons pas encore connaissance de l’Etre nouveau et du monde nouveau qui naissent. Même si nous disons que tout y sera ordonné selon l’Amour, nous ne pouvons le comprendre sans être saisis par le Souffle doux et si puissant de l’Amour. Et nous ne connaissons pas l’ampleur de la jubilation qui en résultera, l’ampleur de l’intelligence du mystère et de tous les savoirs qui en résultera, l’ampleur des réconciliations, des guérisons et des consolations, nous ne connaissions pas l’ampleur des résonances cosmiques que cela suscitera. Mais nous pouvons le désirer, et notre désir peut jaillir du cœur même de ce monde dont les limites et la vulnérabilité grandissent. Nous ne connaissons pas le visage du Christ qui vient, mais déjà nous sommes appelés à en être comme de vivantes pierres d’attente. L’Esprit et l’Epouse disent : viens ! Que celui qui a soif vienne et qu’il boive.
“Les vrais charismes se distinguent nettement de toute manifestation spiritualiste ou ésotérique. Ils n’évacuent en rien le réalisme de l’Incarnation ni « le langage de la Croix » (1 Co 1, 18), et leurs conséquences pour la vie chrétienne. Toute évasion spirituelle, toute tendance à « un autre évangile » (Ga 1, 8) ou à des formes variées de gnose qui apparaîtraient à l’occasion de l’exercice de phénomènes soi-disant « charismatiques », ne relèveraient assurément pas de l’Esprit du Christ, de l’Esprit de vérité.
A la lumière de ce réalisme de l’Incarnation, il faut répéter combien l’Esprit repose sur un corps, sur la chair du Sauveur, sur l’Eglise, sur les croyants. Par conséquent, l’exercice des charismes fera toujours appel à cet enracinement dans la nature humaine.
(…) Ce réalisme de l’action de l’Esprit qui se manifeste sur une « chair » fait comprendre qu’il y ait un apprentissage dans l’exercice des charismes, une croissance dans la docilité à la grâce (cf. Lc 1, 40-52). Une expérience acquise rend l’exercice d’un charisme plus fréquent, plus régulier, plus puissant. Cela ne signifie pas que le charisme devient une faculté que l’on développe ; il est toujours une motion passagère de l’Esprit Saint, laquelle suppose une disponibilité constamment en éveil : « Matin après matin, il éveille mon oreille pour que j’écoute comme un disciple » (Is 50, 4) mais c’est précisément cette disponibilité qui s’acquiert.
(Mgr Albert Marie de Monléon, L’expérience des charismes, supplément aux numéros 9 de Tychique et des Cahiers du Renouveau.)
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LES CHARISMES DANS L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°9
Proposition d’un temps de formation et de partage
avec ceux qui exercent des charismes prophétiques
Par Guy Noël
Remarques préliminaires
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Cette proposition de rencontre s’adresse tout particulièrement aux personnes qui exercent ou commencent à exercer les charismes prophétiques dans le groupe de prière.
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Les charismes prophétiques dont il est question ici sont ceux qui sont exercés dans le cadre d’une assemblée de prière charismatique : recevoir et lire un texte de la Parole, les charismes d’images, de prophéties, d’interprétation et de paroles de connaissance.
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Cela peut ne concerner que des membres d’un seul groupe si celui-ci est assez important. Dans le cas contraire il est possible de regrouper des personnes de plusieurs groupes plus petits.
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Les buts de cette rencontre peuvent être :
un partage des expériences quant à l’exercice des charismes :
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Comment chacun reçoit-il et perçoit-il les motions de l’Esprit ?
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Quels sont les critères de discernement personnels ?
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Questions et difficultés de chacun dans l’exercice des charismes prophétiques.
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Comment vit-on l’obéissance au discernement des responsables ?
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…
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une formation sur les charismes prophétiques et leur exercice.
une aide quant à l’exercice de ces charismes (discernement, mode d’expression, confirmation …)
Déroulement de rencontre
Durée : 3 h
Participants : tous membres du groupe qui débutent ou sont confirmés dans l’exercice des charismes prophétiques, ainsi que des responsables. Pour garder l’homogénéité du groupe et ainsi faciliter le travail, il est préférable de ne pas inviter d’autres personnes.
Temps de louange et prière (30 mn)
Introduction/enseignement sur l’exercice des charismes pour préparer l’échange qui suivra : (20 mn)
– Comment discerner si ce que je reçois vient bien de l’Esprit Saint ?
– Quels sont les motions, signes, critères, repères, … qui nous permettent ce discernement ?
– Quand et à quelle fréquence exercer les charismes prophétiques ?
Echange par petits groupes de 4 ou 5, (un seul ou plusieurs selon le nombre des participants), pour partager et confronter les expériences personnelles. (30 mn)
Pause
Introduction/enseignement sur le discernement par les responsables : (20 mn)
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Nécessité du discernement a posteriori.
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Les critères de ce discernement.
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Obéissance au discernement des responsables.
Echange par petits groupes de 4 ou 5, (un seul ou plusieurs selon le nombre des participants), pour partager sur la façon de vivre ce discernement. (30 mn)
Prière pour ensemble demander à l’Esprit Saint de faire grandir chacun et l’ensemble du groupe, dans l’exercice des charismes.
Remarques
D’autres déroulements sont possibles. Ainsi, il peut y avoir :
un temps de questions/réponses,
un travail à partir de la Parole, et particulièrement avec les chapitres 12, 13 et 14 de l’épître aux Corinthiens,
un enseignement de base sur les charismes,
un enseignement sur les charismes prophétiques,
certains enseignements peuvent aussi être confiés à des personnes qui n’ont jamais enseigné dans le cadre du groupe de prière. Le public est restreint et les défauts des enseignants débutants ne seront pas un vrai problème.
« N’éteignez pas l’Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie,
mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ! » (1 Th 5,19-21)
1 Prêtre du diocèse de Saint Etienne, aujourd’hui décédé, qui fut très engagé au service des groupes de prière de son diocèse.
2 Par charismes prophétiques, l’auteur entend les prophéties, l’interprétation du chant en langues ou parler en langues, le fait de donner un texte de l’Ecriture, les paroles de connaissance, les images.
Très bel initiative! Pourriez-vous nous le partager en format PDF s’il vous plaît?
Merci de vos encouragements. Vous trouverez facilement sue le net des logiciels gratuits qui vous convertiront, à partir de l’URL de la page du site, le document en PDF. François Lebon