Chantez au Seigneur un chant nouveau !

“Chantez au Seigneur un chant nouveau !” (Ps 149, 1)

(Par Marie-Hélène Martin, du pôle communication de FP)

La nouvelle édition des carnets de chants Fraternité Pentecôte, tant attendue, arrive dans nos groupes de prière et suscite la curiosité des participants. Ils peuvent constater que, « comme tout scribe devenu disciple du Royaume »1, la Frat a « tiré de son trésor du neuf et de l’ancien ». Joie pour les uns de retrouver des vieux chants, associés dans la mémoire des grâces reçues à celles des commencements ; joie pour les autres de découvrir des créations récentes qui montrent que le renouveau ne cesse de se renouveler !

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En ce temps pascal où fusent de nouveau dans toute l’Église les alléluias (contenus liturgiquement pendant le carême2), nous éprouvons combien la musique et les chants sont des vecteurs privilégiés de la louange. Tant de psaumes nous y invitent : « acclamez Dieu, toute la terre ! Chantez à la gloire de son Nom ! » « Sonnez pour notre Roi, sonnez ! » « Éveillez-vous, harpe, cithare ! »… Et nous connaissons tous les effets bénéfiques de la louange : même quand on vient à la prière en traînant des pieds, quand « le cœur n’y est pas », il suffit de se laisser porter par la louange du groupe pour entrer peu à peu dans la joie des fils de Dieu, aimés du Père, sauvés par le Fils, consolés, fortifiés par l’Esprit Saint. Et on finit par dire : « mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt : je veux chanter, je veux jouer pour toi ! »3 J’ajouterai que le chant est dans une large mesure un exercice respiratoire, puisqu’il repose sur notre souffle. Alors sans transformer notre veillée de prière en cure de bien-être, songeons quand même que chaque inspiration est l’occasion de nous laisser pénétrer par cette haleine de vie que le Créateur a insufflée dans les narines d’Adam, et rendons lui grâce à pleine gorge pour tous ses dons !

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Toutefois, ne confondons pas nos groupes de prière avec des réunions de chorale (d’ailleurs les fausses notes sont là pour nous préserver naturellement d’une telle confusion !). C’est d’abord une question de dosage : le chant ne doit pas prendre toute la place. Même si, pour certains qui ne prennent pas facilement la parole en public, le chant est souvent le moyen d’exprimer ce qu’ils ont envie de dire, on doit ménager le temps de la parole, y compris de la Parole de Dieu, et aussi du silence. Et c’est surtout une question de discernement. Quand j’entends dire : « elle est jolie, cette chanson », et que c’est le motif pour lequel elle est choisie, je me dis que quelque chose n’est pas « juste » (déjà, le vocabulaire, mais passons !) – c’est-à-dire ajusté au sens que prend la prière à ce moment-là.

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Il nous faut à ce stade distinguer les dons naturels que certains membres du groupe peuvent avoir reçus du Père pour chanter harmonieusement, jouer d’un instrument, voire composer de la musique – du charisme de chant, qui est tout autre chose. La qualité d’écoute qui relève de ce charisme ne s’attache pas à la qualité musicale du cantique, de l’hymne, du psaume, et encore moins à la justesse d’exécution. Comme tous les charismes, le charisme de chant est donné pour la croissance du corps que constitue le groupe de prière. À chaque rencontre, le Seigneur nous donne de construire une prière, toujours inédite, chaque participant (même silencieux !) apportant sa pierre à l’édifice. Celui (ou celle) à qui est donné le charisme de chant saura percevoir dans quelle orientation l’Esprit Saint guide la prière, et proposer au moment pertinent le chant qui convient pour accompagner la progression du groupe. Selon les circonstances, ce sera peut-être une pause méditative bien venue, ou au contraire une explosion de louange pour ponctuer une action de grâces, ou une demande de pardon dans un contexte de relations tendues, ou une invocation à l’Esprit Saint, ou un recours à l’intercession de Marie, que sais-je ! En tout cas c’est à l’écoute de l’Esprit Saint et de ce qui est en train de se vivre dans la prière qu’il faut être, et c’est sans rapport nécessaire avec des compétences musicales particulières.

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Comme tous les charismes aussi, celui-ci demande de l’humilité, et nul ne devrait se sentir offensé si un responsable de la prière rejette sa proposition en disant que « ce n’est pas le moment ». Et de même qu’il est bon pour nourrir le charisme de prophétie de fréquenter assidûment l’Écriture, de même il est bon, pour étendre la palette des choix possibles, de s’approprier le répertoire du groupe. Ensuite, il revient à ceux qui en ont les capacités de proposer des temps d’apprentissage, qui peuvent aussi donner lieu à de joyeux moments de convivialité. Alors feuilletons nos nouveaux carnets pour mieux répondre à l’injonction de saint Paul : « Dites ensemble des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés ; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur ! »4

1 Matt 13, 52.

2 Mais pas obligatoirement dans les assemblées de prière, même si elles sont forcément un peu influencées par les temps liturgiques…

3 Ps 57, 8-9.

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