Enseignement « prêt-à-donner » : Les trois temps de croissance spirituelle au sein d’un groupe de prière.

Enseignement « prêt-à-donner » :

Les trois temps de croissance spirituelle au sein d’un groupe de prière.

(Par François Lebon, Conseil National de Fraternité Pentecôte)

Chaque personne qui arrive dans un groupe de prière est appelée à vivre une croissance spirituelle à travers différentes étapes. Aucun temps n’est fixé par Dieu pour chacune de celles-ci. C’est l’assiduité, l’amour fraternel, l’ouverture et l’abandon à l’Esprit-Saint qui le détermineront pour chacun. Certains arriveront très vite à la troisième étape, d’autres resteront longtemps à la première.

(Le mot “étape”, ici employé, suggère qu’aux étapes suivantes on ne vive plus la première. Il n’en est rien, bien évidemment, et l’on pourrait parler tout aussi bien de niveau, de progression, de palier, d’avancement ou de trois temps d’évolution spirituelle. Par commodité, retenons le mot “étape”. Nous invitons fraternellement les bergers à s’approprier cet enseignement.) 

La première étape est ce que je reçois de Dieu par mes frères et sœurs 

La seconde étape est ce que je donne de Dieu à mes frères et sœurs 

La troisième est ce que je donne de Dieu à l’Église et au monde

 

1) Ce que je reçois de Dieu par mes frères et sœurs  

Quand j’arrive dans un groupe de prière, c’est souvent, dans un premier temps, l’amour fraternel qui me surprend, l’entraide, d’autant plus si je suis une personne assez isolée. “Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis. ” (Ps 132, 1) . Il y a un climat affectif et relationnel, entre personnes si différentes, qui m’interpelle et que l’on ne trouve que rarement ailleurs.

On ne se connaissait pas, on a parlé du Seigneur et voilà qu’on s’est découvert « frères et sœurs en Christ » : instantanément, ou presque, on s’est senti « en famille » comme si on se connaissait depuis des années. Une conviction, implantée aux tréfonds de notre être, nous avertit que nous sommes enfants du même Père, animés du même Esprit, héritiers d’une espérance commune ; nous pouvons prier, louer Dieu et travailler « en commun ».

Les nouveaux accueillent, d’abord cette amitié sur un plan humain, avant de la recevoir comme fraternité sur un plan spirituel : nous sommes frères et sœurs en Christ, avec un seul Père. Se sentir « en famille » est stimulant pour la croissance spirituelle.

Cette première étape est celle des découvertes. Par ceux qui m’ont invité, ceux qui m’ont accueilli, je découvre ou redécouvre :

– la puissance de la prière communautaire, par des personnes qui placent leur foi en Jésus

– la rencontre avec Jésus, ressuscité, vivant et agissant

– la personne de l’Esprit-Saint qui nous guide, nous soutient et « se joint à notre esprit »

– la volonté de Dieu, c’est-à-dire ce que Dieu aime pour nous

– l’appel à la conversion, à la sainteté et à l’évangélisation

C’est aussi l’étape de l’apprentissage. Je reçois, j’apprends :

– la louange et les chants

– le témoignage : ce que Dieu est pour nous, ce qu’il fait pour nous

– les charismes et la vie charismatique

– la Parole de Dieu, reçue et partagée

– l’intercession et la prière des frères

– le discernement et le combat spirituel

– l’effusion de l’Esprit ou baptême dans l’Esprit-Saint, qui est la redécouverte de la vie de l’Esprit Saint de mon baptême

Certains resteront à cette première étape, voire quitteront le groupe avant la seconde étape. Ils viennent pour « l’ambiance », ou pour l’accueil. “Te voilà pour eux comme un chant passionné, à la sonorité agréable, avec une belle musique. Ils écoutent tes paroles, mais personne ne les met en pratique. ” (Ez 33, 31-32)

Ils reçoivent mais donnent, en apparence, si peu. Ou ils sont en quête de l’amour humain plus que de celui de Dieu et sont, un jour, forcément déçus. Ils vivent, à première vue, passivement la prière du groupe mais ne forment pas la communauté. Ils demandent éventuellement la prière des frères, les grâces, mais sans toujours une réelle volonté de changer de vie. On ne les entend guère au sein de l’assemblée mais ils peuvent être très bavards à l’issue de celle-ci. Ils peuvent être critiques : « Ce n’était pas terrible ce soir ! ». Ce à quoi on peut leur répondre, avec bienveillance, bien sûr : «Ben, oui, on ne t’a pas entendu ! ».

Cette première étape peut être très courte, pour les uns remplis du feu de l’Esprit, ou très longue pour d’autres qui, même après trente ans de présence, se contentent de chanter. Mais le temps de Dieu n’est pas le nôtre, et Lui seul connaît ce qui se passe vraiment dans les cœurs.

Que faire pour aider davantage ces frères et sœurs ? Les aimer tels qu’ils sont reste une priorité ; on peut leur proposer de prendre un accompagnement spirituel, de vivre un week-end, une retraite ou un rassemblement ; on peut aussi les motiver à progresser dans la vie spirituelle par des vidéos youTube ou autres ; faire partie d’une petite fraternité de partage spirituel peut aussi les débloquer…

2) Ce que je donne de Dieu à mes frères et sœurs

Ayant franchi la première étape, je n’ai pas peur de parler, confiant en l’amour de mes frères et sœurs, et chaque parole de ma part est cadeau de Dieu pour eux. Je m’ouvre aux charismes, à ce que l’Esprit-Saint m’inspire. J’ai été transformé de l’intérieur pour des effets visibles à l’extérieur. Ce que j’ai reçu gratuitement, je le donne gratuitement ! (Cf Mat 10, 8). J’ai mis ma vie sous la direction de Jésus-Christ et j’en perçois les effets !

La seconde étape est celle de l’expérience, de la mise en application et consiste, à mon tour, à donner ce que j’ai reçu et à nourrir mes frères et sœurs :

– par ma louange : “Je te rendrai grâce dans la grande assemblée, avec un peuple nombreux, je te louerai. ” (Ps 34, 18)

– par mon témoignage qui édifie l’assemblée : “Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde.” (Marc 5, 19). Si je ne témoigne pas « à l’intérieur », comment le ferais-je « à l’extérieur » ?

– par ma foi : “J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Et nous aussi, qui avons le même esprit de foi, nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons.” (2 Cor 4, 13)

– par ma vie dans l’Esprit : “Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit.” (Gal 5 25)

par ma vie fraternelle en donnant de mon temps, en étant à l’écoute, en prenant des nouvelles, en intercédant, en partageant mes dons et mes talents. “Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres.” (Philippiens 2, 4)

Tout cela nous conduit à être prêts pour notre mission de baptisés.

3) Ce que je donne de Dieu à l’Église et au monde

Notre mission consiste à annoncer l’Évangile à tous les hommes de la terre et à les conduire à l’expérience du salut par la foi en Jésus-Christ. Nous devons ensuite, en communion avec l’Église, les entraîner à devenir des disciples, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités et qui vivent une vie fructueuse. Après avoir reçu appris, puis expérimenté et donné, rempli de l’Esprit-Saint, je suis appelé à témoigner, c’est la troisième étape. 

Pourquoi donner de Dieu à l’Église et au monde ?

– Parce que notre foi doit être une foi visible, une foi vivante. Jacques (2, 15-17) nous dit : “Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même.” Mais comment nos œuvres peuvent-elles nous aider dans l’évangélisation ? Aimer en actes et en vérité, c’est la base de la vie chrétienne.

Dans Matthieu (5, 14-16), “Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.”

Notre témoignage ne doit pas seulement être un témoignage de parole, il doit aussi être un témoignage de vie.

– Parce que le monde l’attend : Il attend Jésus, souvent sans le savoir, car « seul Dieu peut combler le cœur de l’homme ». Les gens se rendent bien compte qu’ils sont faits pour plus. Nous ne sommes pas faits pour la survie, nous sommes faits pour la plénitude. « Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (Saint Augustin)

– Parce que l’Eglise l’attend : voyez comment elle a redécouvert ou redécouvre de plus en plus, la personne de l’Esprit-Saint, la louange, et, dans les paroisses et les diocèses, l’adoration, la prière des frères, le baptême dans l’Esprit-Saint, l’évangélisation.

– Parce que c’est une nécessité : si on ne transmet pas la foi, on la perd ! “Annoncer l’Évangile n’est pas pour moi un titre de gloire, c’est une nécessité qui m’incombe. Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile. ” (1 Co 9, 16)

– Parce que cela rend joyeux : il y a une vraie joie de la rencontre de l’autre, joie de partager sa foi. Paul VI parle de « la douce et réconfortante joie d’évangéliser ».

– Parce que cela fait grandir notre foi : « La foi s’affermit quand on la donne. » écrit Saint Jean-Paul II (Redemptoris Missio)

– Parce que ce n’est pas difficile : cela m’oblige à formuler la foi de l’Église avec des mots simples, à mettre des mots pas trop « cathologués ». Il s’agit d’expliquer très simplement ce en quoi nous croyons, de témoigner de l’action de Dieu dans nos vies, comment Il nous aide à mieux aimer le monde. C’est l’annonce du kérygme : « Jésus t’aime, il est mort pour te sauver, Il est ressuscité et donc vivant et agissant pour t’aider ! ».  “Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures.” (1 Cor 15, 3-4)

– Parce que c’est une des manières de vivre la charité : la première des miséricordes étant d’évangéliser. Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l’avez reçu ; c’est en lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants.” ( 1 Cor 15, 1-2). « Conseiller ceux qui sont dans le doute et enseigner les ignorants » font partie des œuvres de miséricorde spirituelle.

– Parce que c’est une façon de rendre grâce pour l’Amour personnel, inconditionnel, infini, miséricordieux qui nous a saisis, qui nous libère de nos peurs et est présent à nos côtés depuis toujours “et jusqu’à la fin des temps”

– Parce qu’ainsi on se laisse soi-même évangéliser. En effet, en évangélisant, nous recevons beaucoup par la rencontre de belles personnes non chrétiennes. Ainsi nous rendons grâce pour elles, pour la lumière de Vérité avec laquelle elles vivent. Comme Jésus, cette attitude du « donne-moi à boire » est capitale. Il s’agit aussi de nous laisser convertir par les personnes rencontrées.

Certes, il y a ce que je reçois et ce que je donne, et il y a ce qui est plus invisible, c’est-à-dire la croissance de ma relation personnelle, de mon union avec le Christ, de mon abandon total en sa volonté et en celle du Père…. et la croissance de mon attitude intérieure de service et d’amour gratuit envers mes frères.

En ce sens, on n’a jamais fini d’explorer le chemin baptismal à la suite du Christ : baptême dans l’eau (purification), dans l’Esprit de vérité (libération), dans le feu (embrasement). Sous le terme “effusion de l’Esprit”, il y a de fait un approfondissement continu dans la découverte de notre filiation divine et de notre fraternité avec tout homme.  Approfondissement qui se vit dans les trois étapes présentées. Et qui, en chacune d’elles, connait des temps de progrès et des temps de régression.

Chacune des trois étapes nécessite à la fois :

– un questionnement individuel : où en suis-je personnellement ? Qu’est-ce qui m’empêche de vivre réellement l’étape suivante ? Un accompagnateur spirituel est très utile pour y répondre. Parce qu’un accompagnement nous conduit à mieux vivre en vérité avec soi-même, avec les autres, avec Dieu.

– et une interaction communautaire : où en sont mes frères et sœurs en Christ, et comment les aider à franchir l’étape suivante ? C’est notamment, pas exclusivement, le rôle du berger et du noyau d’animation.

Le désir de Dieu est que chacun soit sauvé, rempli du Saint-Esprit et que cette puissance reçue permette de témoigner du Seigneur à tous. Soyons des Paul ou des Apollos ! 

Mais qui donc est Apollos ? qui est Paul ? Des serviteurs par qui vous êtes devenus croyants, et qui ont agi selon les dons du Seigneur à chacun d’eux. Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance. Donc celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose ; seul importe celui qui donne la croissance : Dieu. Celui qui plante et celui qui arrose ne font qu’un, mais chacun recevra son propre salaire suivant la peine qu’il se sera donnée. Nous sommes des collaborateurs de Dieu, et vous êtes un champ que Dieu cultive, une maison que Dieu construit.” (1 Cor 3, 6-9)

Venir, participer à un groupe de prière, c’est vivre et marcher par l’Esprit-Saint pour vivre davantage notre mission de baptisé.

A cette fin, la démarche pour demander et recevoir l’effusion de l’Esprit est essentielle et chaque groupe doit la proposer. Elle manifeste un engagement des nouveaux, un réengagement des anciens quand ils la revivent. Elle est, à coup sûr, un moyen de passer à l’étape suivante !

P.S. : Merci à Mercédès, Elisabeth, Mijou, Françoise, Pierre et Claude pour leurs pertinentes remarques, suggestions et corrections ! 

François Lebon

 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*