Témoignage de Michelle P. C.
Entre Noël et le Nouvel An 1976, je suis allée pour la première fois dans un groupe de prière du Renouveau charismatique.
J’étais maman seule avec 2 petits garçons (6 mois et 5 ans). Mon frère de passage à Nancy pouvait rester avec eux ce soir-là. J’étais en recherche spirituelle.
Après la naissance de mon 2e fils, mon mari était parti avec une collègue de travail, deux semaines après mon accouchement. Le ciel m’est tombé sur la tête. Comment mon mari que j’aime et dont je croyais être aimée, peut-il nous laisser seuls ainsi ? Si Dieu existe, comment peut-il permettre cette situation ? Dans l’état où j’étais, je remarquais des événements, des rencontres, des attitudes qui me faisaient du bien et je sentais que ce n’était pas de simples hasards ; il y a quelqu’un qui m’aidait. Ce quelqu’un ne pouvait être que Dieu. À partir de ce moment-là, je crus en l’Amour de Dieu, Père. Ça a été le point de départ de tout un chemin spirituel. Avec le groupe de prière, je découvrais que Dieu était présent dans ma vie, que je pouvais lui parler. Je découvrais l’Esprit Saint, très présent dans nos chants et nos prières. On s’exprimait très librement, et quand on le désirait on pouvait demander la prière pour que l’Esprit Saint vienne nous habiter et nous donner tout ce dont on avait besoin.
Spontanément, un jour j’ai entonné le chant :
“O prends mon âme, prends la Seigneur Et que ta flamme / Brûle en mon cœur. / Que tout mon être vibre pour toi,/ Sois seul mon maître, / O divin Roi.
Source de vie, de paix, d’amour, / Vers toi, je crie, la nuit, le jour, / Guide mon âme, / Sois mon soutien, / Remplis ma vie, / Toi mon seul bien.”
Et on a prié pour moi. C’est ce qu’on appellerait l’effusion de l’Esprit aujourd’hui.
Pendant toutes les années qui ont suivi, j’ai renouvelé bien des fois cette effusion de l’Esprit qui nous donne ses charismes et ses fruits.
Mais si on me demande : qu’est ce que ça a changé en moi ? quels dons j’ai reçus ? je ne sais pas répondre. Je n’ai pas de charismes tels qu’ils sont décrits dans la bible. J’ai envie de dire que ce sont les autres qui me font remarquer des capacités que je peux avoir dans mes services ou activités, dans mon comportement avec eux. Dans la première lettre aux Corinthiens, ch. 12, il est écrit : « Les dons de la grâce sont variés mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout, en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien.». Ça, ça me parle !
Il me revient à l’esprit le témoignage d”une collègue que j’avais au début de ma conversion. Elle m’avait fait remarquer qu’avant, j’étais moralisante, alors que par la suite elle voyait un changement, et que je ne l’étais plus. J’ai compris que peut-être dans mes propos les personnes pouvaient se sentir jugées. Alors que depuis ma conversion, combien de personnes m’ont dit: ce qui est bien avec toi, c’est qu’on ne sent pas jugé.
En 2015, le curé de ma paroisse me dit qu’il pense à moi pour faire partie de l’équipe funérailles. Impressionnée ! je n’aurais jamais pensé à ce genre de mission. Plein de choses se bousculent dans ma tête. Il y avait plein de «Oui, mais»! J’avais mes activités mises en place depuis mon début de retraite. Je me disais que je ne serais peut-être pas disponible quand il faudrait. Les jours et heures d’obsèques ne sont pas prévisibles. Puis une petite voix me dit: tu demandes toujours au Seigneur qu’il te montre ce qu’il attend de toi, et là tu reçois un appel; qu’en fais tu ? Tous mes «oui mais»! sont tombés au fur et à mesure que je décidais de donner la priorité au Seigneur.
J’en ai reparlé à mon prêtre en lui disant que je n’avais pas de raison de dire non, mais qu’il fallait que je me forme. J’ai eu trois journées de formation fin 2015. Là j’ai été très étonnée de m’y sentir à l’aise. C’était encourageant pour moi. En 2016, les célébrations d’obsèques se faisaient encore avec nos prêtres. Les laïcs reçoivent les familles, préparent tout le plan de la célébration et envoient tout au prêtre, qui nous faisait lire certaines prières pour nous faire participer.
J’ai assisté deux fois à une rencontre avec les familles avec le prêtre. La 3e fois j’ai dû faire seule, et en m’inspirant de son attitude, ça s’est bien passé. Là aussi, c’était encourageant pour moi. Ça me confirmait que j’étais à ma place.
L’année suivante, changement de prêtre ! Le nouveau nous demande de célébrer sans lui. Nouvelle panique ! Une amie de l’équipe, qui a célébré une première fois seule, m’avait envoyé tout le déroulement qu’elle avait préparé. Cela m’a aidé. J’adapte en fonction de la famille et des choix de chants et de textes.
Et là aussi, je suis allée à l’église avec le stress, et j’en suis ressortie agréablement surprise. À chaque fois, je prie en confiant tout au Seigneur. Il sait combien j’ai besoin de lui, et je lui fais confiance. À la sortie, je reste toujours dans l’étonnement que moi, Michelle, je célèbre des obsèques et pourtant c’est ainsi ! Les retours que j’ai m’encouragent. Par exemple : Suite à une rencontre avec une famille, je reçois un mail de remerciement pour mon accueil, ma bienveillance, mon écoute, ma patience, ma tolérance… Pour les célébrations, on me remercie également, en me disant que beaucoup de personnes ont apprécié la cérémonie. Je remercie le Seigneur car sans lui, ça ne serait pas possible. Je le remercie aussi de se servir de moi pour cette mission d’Église. Il suffisait que je réponde à l’appel de Dieu et lui donne la priorité. Le Seigneur conduit tout. Je pense qu’il y a en moi une certaine capacité à me laisser conduire par l’Esprit, une certaine docilité, et ça aide. Je parle avec mon cœur et Dieu me surprend. Par exemple : on me remercie pour des paroles que j’ai eues pour une personne de la famille qui vivait mal le départ de sa grand-mère. Elle avait environ 50 ans et avait une tendance dépressive. C’étaient les paroles qu’il lui fallait. Je suis contente mais aussi étonnée car je ne me rappelle pas ce que j’ai dit. Ça me permet de rester dans l’humilité devant Dieu et de n’avoir aucune fierté, seulement la joie de savoir que Dieu se sert de moi.
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