Les groupes de prière du diocèse de Cambrai ont fêté les 50 du Renouveau diocésain le 25 février à Gouzeaucourt.
Pour ce jubilé d’Or, 300 personnes étaient réunies, en présence de Mgr Vincent Dollman, archevêque de Cambrai, qui présida l’Eucharistie. En ce dimanche de la transfiguration, beaucoup avaient suivi la consigne de porter un vêtement blanc. Cela ajoutait à l’ambiance de joie et d’action de grâce. Les 5 anciens bergers diocésains, qui se sont succédés, étaient tous présents pour l’occasion, autour de l’actuelle coordinatrice, Rita Warlop, porteuse de cette rencontre avec le groupe de Gouzeaucourt.
Le prédicateur était le Père Rémi Schappacher, dominicain. Voici l’essentiel
de son enseignement, et de son regard pétillant sur le Renouveau.
Le Renouveau est une plongée en Dieu, même si on n’a pas pied et pas de bords ! On ne se noie pas, on ne meurt pas, on vit ; il faut plonger pour vivre….
Le Jubilé est un temps pour dire merci au Bon Dieu et à nos frères, pour vivre du temps en sa présence et le rencontrer à nouveau. Jésus est toujours présent et toujours agissant.
Ce que nous vivons dans le Renouveau Charismatique est différent du début, et c’est normal et bien. Il y a le temps des premiers amours, de la découverte de la Parole, des charismes et de la vie fraternelle. On vit des grandes joies et des grandes espérances, mais on vit aussi des grandes désillusions et des temps de pardon…
Aujourd’hui on vient pour renouveler notre grâce du Renouveau. Nous sommes venus pour nous rafraîchir et nous réjouir en sa présence. Nous ne sommes pas venus pour faire mémoire du passé mais pour nous réjouir du printemps. Le printemps spirituel est de retour ; ne craignons pas le réchauffement climatique de l’Église. Nous vivons l’Église et découvrons les autres Églises et notre grand frère Israël.
L’Épouse, l’Église, est en train d’être nettoyée et purifiée, puis ce sera le monde qui le sera. Dieu prépare son Église belle et immaculée.
Notre fidélité compte. Rappelons-nous de notre premier appel. Malgré notre âge, nous ne sommes pas le « Renou-vieux ». L’ Esprit-Saint n’est pas vieux. Où sont les jeunes maintenant ? Est-ce qu’ils sont invités ? Dieu est avec nous jusqu’à la fin des temps. L’Esprit-Saint est le même, hier, aujourd’hui et demain.
Quand nous relisons l’histoire des pionniers du Renouveau Charismatique, ou celle des saints de l’Église, il n’y avait pas de tièdes ou de découragés, mais des courageux et des audacieux. L’Esprit-Saint a bousculé et bouscule encore et toujours. Réclamons l’effusion générale sur l’Église.
Nous sommes « fatigués » ? Demandons à l’Esprit-Saint de nous renouveler de jour en jour. « Il rend des forces à l’homme fatigué, il augmente la vigueur de celui qui est faible. Les garçons se fatiguent, se lassent, et les jeunes gens ne cessent de trébucher, mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigles, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer. » .(Isaïe 40, 29-31)
Gardons un trait de caractère de Dieu : la jeunesse. Soyons jeunes comme Dieu est jeune. Dieu est éternellement jeune. Les fils de l’ Esprit-Saint sont jeunes comme Lui.
Il y a eu des tensions et des persécutions ; il y a eu des jalousies et des refus ; nos élans ont été ralentis ou même brisés. Mais tout cela s’est bien apaisé. On nous a traités de dévisseurs d’ampoule (NDLR: cf le sketch en cliquant ICI), de doux rêveurs…. Ce n’est pas juste. Le Renouveau Charismatique a aidé beaucoup de personnes à s’engager dans l’Église. Oui, il y a eu des persécuteurs du Renouveau Charismatique, volontaires ou involontaires. Il y a eu filtrage plutôt que discernement. Le discernement est bon et nécessaire. Le filtrage n’est pas bon ni juste : on filtre le moustique et on laisse passer le chameau ! Il faut discerner le bien pour le retenir, l’encourager et s’en réjouir. L’audace et la prudence sont nécessaires toutes les deux.
En 50 ans, nous avons pu acquérir des habitudes. Il ne faut pas nous installer dans ces habitudes. Cela peut éteindre le Saint-Esprit. Il nous faut continuer à accueillir la nouveauté du Saint Esprit, nous laisser dés-installer, nous laisser réveiller toujours à nouveau. L’Église va de réveils en réveils. Parfois ça décoiffe ! Il ne faut pas vouloir éteindre ce que l’Esprit Saint suscite de nouveauté, pour ne pas devenir les persécuteurs de demain.
Dieu cherche toujours des cœurs, ceux des anciens et ceux des nouveaux. Nous ne sommes pas des « avoir été ». Dans le désert du temps de l’Exode, tout le monde est passé. Nous sommes des fils et des filles de Dieu, pas des balais mis au placard.
Nous ne sommes pas de simples tuyaux pour l’Esprit-Saint, mais nous sommes des vasques remplies pour nous-mêmes et débordantes pour les autres en gardant la simplicité et l’humilité. Rappelons-nous le miracle de Cana qui nous montre la générosité de notre Dieu. Nos cœurs peuvent et doivent être remplis en permanence, comme celui de Jésus.
N’ayons pas peur des réveils successifs. Laissons-nous nous secouer jusqu’à la venue de Jésus. Il y a deux obstacles majeurs à nous laisser bousculer par l’Esprit-Saint .
Le premier obstacle est le souci de notre bonne réputation. On dit « Oui » au Seigneur mais on a peur pour notre réputation. A qui cherchons-nous à plaire ? . Chercher à plaire, c’est avoir peur de déplaire. La reconnaissance des raisonneurs n’est pas à rechercher. Restons nous-mêmes devant les autres comme on est devant Dieu, seul dans notre chambre.
Nous nous interrogeons sur notre crédibilité ? Mais les chrétiens ne sont pas crédibles aux yeux du monde : une Vierge qui enfante et un mort qui ressuscite, c’est l’Évangile, et ce n’est vraiment pas crédible pour le monde !
Le second obstacle est le souci de la labellisation. Nous vouloir d’Église et être d’Église, c’est bon ; mais chercher absolument la reconnaissance, c’est parfois faire obstacle au Saint-Esprit. Le label n’est pas forcément signe de qualité. Un bon champagne, cela se sent au goût ; ce n’est pas le label ou l’étiquette qui fait un bon champagne. Il faut plaire à Dieu et non plaire aux hommes. (Cf Actes 5)
– A ceux du dehors, ceux qui n’ont pas encore osé vivre la grâce du Renouveau, je dis :
“Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon.” Venez, osez plonger en Dieu. Venez expérimenter comme Il est bon. Vous chercherez à comprendre seulement après. D’abord, laissez vous faire pour goûter à la Présence , à la tendresse de notre Dieu.
“Goûtez” est dit en premier. En effet, les yeux, les oreilles et le toucher peuvent nous tromper facilement. Mais le goût et l’odorat ne peuvent pas nous tromper aisément. Pour les sens spirituels, c’est identique. Nous pouvons « goûter » que quelque chose vient de Dieu même si nous ne le « voyons » pas. Saint-Jean a reconnu Jésus ressuscité lors de la pêche en Galilée parce qu’il était proche du cœur de Jésus. »
– A ceux du dedans, ceux qui sont déjà dans le Renouveau, je dis :
« Le Saint-Esprit n’est pas acquis une fois pour toutes, Il est à redemander chaque matin pour continuer à Le goûter pour nous mêmes, et pour nous laisser conduire par Lui. ». Laissons toute la place au Saint-Esprit ! De plus en plus de petits, de non-consacrés, auront des images, des motions, des paroles, pour le bien de la communauté toute entière. Ne les empêchons pas. … Il nous faut au contraire appeler de nos prières, ce réveil où toute chair verra le salut de Dieu. Les amoureux du Saint-Esprit sont habitués à prendre des voies nouvelles. N’enfermons pas le Saint-Esprit. Ce qu’il fait peut choquer et interroger. Le Saint-Esprit est toujours jeune. Notre cœur doit accepter d’être toujours renouvelé. Réveille-toi, ranime-toi. “Eh bien, rappelle-toi ce que tu as reçu et entendu, garde-le et convertis-toi.” (Ap 3, 3)
Il y a opposition entre le néophile, qui aime le neuf et la nouveauté, et le néophobe, qui n’aime ni le neuf, ni la nouveauté. Jésus donne un vin nouveau ; le vieux vin est bon, mais Jésus donne du nouveau ! Par analogie, dans le monde animal, le néophile est en meilleure santé ; il est plus rapide et plus intelligent. Le Saint-Esprit est toujours nouveau, donc néophile. Il y a du bon, du vrai et du beau dans l’ancien ; mais Dieu est très bon, très vrai et très beau ! La grâce est surabondance …
« Sam suffit » ne vient pas de Dieu. Allons à l’excellence ! En espérant que les persécutés d’hier ne deviennent pas les persécuteurs d’aujourd’hui. La mesure de Dieu est une mesure secouée et bien tassée, comme la farine ; Dieu secoue les mesures pour qu’elles soient pleines et débordantes.
Ce qui a traversé la grâce du Renouveau Charismatique, c’est comme une vague ; les grâces des différents Conciles sont aussi comme des vagues. La grâce du Renouveau Charismatique, et celle de toute l’Église bien sûr, c’est la redécouverte de la louange, l’écoute de la Parole de Dieu, la prophétie reconnaissable à ses fruits, le désir du salut des âmes, et l’attente active du retour de Jésus.
Le Saint-Esprit sera répandu sur chacun car on est dans les derniers temps. Auparavant, seuls les saints étaient habités du Saint-Esprit; puis l’ Esprit-Saint est « tombé » sur des personnes qui s’abandonnaient à lui. Maintenant, il habite sur le peuple rassemblé. Le Saint-Esprit veut se donner comme du bon pain. Il distribue les biens à chaque personne pour le bien de tous. Toute personne remplie du Saint-Esprit amène les autres à Jésus.
Nous sommes enclins à mettre de côté ceux qui ne pensent pas comme nous. Le Saint-Esprit a poussé Saint-Pierre à sortir de sa zone de confort et de certitude en lui demandant de rencontrer le centurion Corneille. Le Père Cantalamessa a parlé en 2023 de renouveler la nouveauté, en citant Saint-Irénée et Origène qui invitaient tous les deux l’Église primitive à un bain de jouvence.
Pour vivre dans l’Esprit-Saint, il y deux attitudes différentes :
– soit dire au Seigneur : « Bénis Seigneur l’œuvre de mes mains »
– soit Lui dire: « Remplis Seigneur le chèque en blanc de ma journée ».
L’homme ancien est comme Adam, l’homme nouveau ressemble au Christ. Jésus accomplit son œuvre en nous de façon progressive. Le Saint-Esprit se greffe sur nos cœurs et il portera des fruits selon les dispositions de chacun. Il se donne à fond à tous. C’est nous qui manquons au Saint-Esprit et non lui qui nous manque ! Chacun doit librement s’accoutumer au Saint-Esprit jusqu’au don total.
Le but du Renouveau Charismatique, et aussi de l’Église, c’est goûter Dieu et respirer Dieu. La louange nous conduit à l’adoration, et l’adoration nous amène en présence de Dieu. Nous pouvons et devons demeurer dans sa présence, goûter sa présence et se reposer dans sa présence. Les charismes sont les cadeaux du Bon Dieu. Ne les dédaignons pas, ne les refusons. Apprenons à goûter les charismes au lieu de les refuser sans les goûter. Acceptons les cadeaux que Dieu nous donne, comme la guérison…
Le Renouveau Charismatique nous rend malléables aux mains de Dieu, comme une terre de poterie. Dans le désert avec Moïse, Dieu apprend à son peuple à marcher en suivant la nuée et à son rythme. Être charismatique, c’est être nomade ! Et ne pas rester dans notre enclos !
Le Saint-Esprit nous permet de nous renouveler jusqu’à notre entrée dans le Royaume. On entre dans le Royaume comme des petits enfants et non comme des vieux bébés. C’est le temps favorable. Jean-Paul II parlait de notre rencontre avec le Christ en disant : « Que votre rencontre avec le Christ soit louange, adoration, contemplation, écoute, action de grâce, affection ardente jusqu’à la vraie folie du cœur. »
François Lebon, conseil national de FP
(à partir des notes d’Élisabeth Lebon, de Liliane Azar et de Chantal Lesage)
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