I° Rencontre internationale pour les leaders des communautés charismatiques

Intervention du Cardinal Farrell aux évêques, au cours de la I° Rencontre internationale pour les leaders des communautés charismatiques, Recife, Brésil, 18 janvier 2020

Chers frères dans l’épiscopat,
Je suis heureux d’être avec vous aujourd’hui pour réfléchir sur le Renouveau Charismatique Catholique, réalité ecclésiale si importante pour l’Eglise universelle. Je m’adresse à vous en tant que Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, qui est le Dicastère de la Curie Romaine à qui a été confiée la compétence et l’autorité juridique « d’accompagner la vie et le développement des associations de fidèles et de mouvements laïcs » et « (d’) érige(r) les associations des fidèles et les mouvements laïcs ayant un caractère international et (d’) en approuve(r) ou en reconnaît(re) les Statuts » (Statuts du Dicastère pour les Laïcs, la famille et la Vie, Art. 7).

1) CHARIS, Une brève description :
Permettez-moi de commencer mes remarques en vous rappelant la nature, la fonction et le mode de fonctionnement de CHARIS. Pour ce faire, je vais essayer de répondre à trois questions fondamentales.

Première question : qu’est-ce que CHARIS ? Comme le précisent les Statuts : « Le Service International du Renouveau charismatique catholique – également connu sous le nom de CHARIS – est l’organe de service international pour toutes les expressions du Renouveau Charismatique Catholique » (Statuts de CHARIS, Art. 1 §1). Je voudrais souligner deux aspects de cette définition.
Tout d’abord : CHARIS est un organe de service. Ce n’est ni un organe de gouvernement, ni un parlement où on voterait des lois qui s’imposeraient à tous les membres du Renouveau. Cela signifie qu’il n’est pas indispensable que chaque groupe soit « représenté » dans CHARIS. Ce n’est pas la présence d’un représentant à CHARIS qui donne sa légitimité à un groupe. Certains membres, issus de différentes expressions du Renouveau, travaillent à tour de rôle pour CHARIS et offrent les services qui correspondent à sa mission. Les « membres » du Service International de Communion et les « représentants » des Services Continentaux et Nationaux de Communion ont un mandat pour servir pour une période de temps limitée et seront ensuite remplacés par d’autres.
Le deuxième aspect de la définition des Statuts est que CHARIS est au service de « toutes les réalités » au sein du Renouveau charismatique catholique. Sa tâche ne se limite pas à une « catégorie » spécifique (communautés, groupes de prière, etc.), ou seulement à de plus grandes associations nées du Renouveau. CHARIS est au service de chaque expression du Renouveau, même les plus petites. En effet, l’une des premières tâches de chaque Service National de Communion est d’identifier toutes les réalités qui se considèrent comme faisant partie du « courant de grâce » qu’est le Renouveau charismatique catholique, pour ensuite les englober dans la grande « famille » du Renouveau, en partageant la même communion et leur offrant les mêmes services.

Deuxième question : Quelle est la tâche de CHARIS ? CHARIS a pour but d’offrir au Renouveau des services. L’un des services les plus importants est de « promouvoir et renforcer la communion entre toutes les réalités charismatiques, favorisant leur sentiment d’appartenance à la famille du Renouveau Charismatique Catholique au niveau international. » (Art. 1 §1) Par des rencontres, une connaissance réciproque, la coopération, la prière commune et la célébration liturgique, et de bien d’autres manières, on doit aider toutes les réalités du Renouveau charismatique à sentir qu’elles font partie d’une grande famille. Mais la communion n’est pas le seul « service » offert par CHARIS. D’autres services importants sont proposés dans le domaine de l’information, de la formation et du conseil (art. 4 §2).

Le partage d’information est vital pour construire la communion ; le bureau de CHARIS à Rome gère le site internet de CHARIS, un magazine – CHARIS – et une adresse mail pour recevoir commentaires et questions.

En ce qui concerne la formation, signalons l’Institut de Formation au Leadership de CHARIS (CLI), les programmes de formation des jeunes, la formation pour les activités œcuméniques ou caritatives.

Quant au conseil, CHARIS peut offrir une assistance doctrinale par le biais de sa Commission Théologique, fournir une assistance canonique aux communautés qui ont besoin d’aide pour la rédaction de leurs Statuts ; il peut fournir une assistance pastorale à travers sa Commission pastorale, par exemple, en suggérant de nouveaux moyens pour répandre la grâce du baptême dans le Saint-Esprit à travers toute l’Église. Il existe également une commission spécifique, au sein de CHARIS, affectée au service des communautés issues du Renouveau charismatique catholique, appelée Koinonia, c’est elle qui a organisé notre rencontre actuelle. Un dernier « service » que je voudrais mentionner est l’assistance que CHARIS peut apporter aux évêques et aux prêtres qui sollicitent son aide (art. 4 §1). CHARIS peut aider le clergé local à mieux comprendre la nature et la pratique des réalités au sein du Renouveau, au cas où on souhaiterait solliciter la coopération pastorale du Renouveau, ou au cas où d’avantage d’éléments pour discerner et accompagner les communautés et les groupes de prière qui existent déjà dans leurs diocèses sembleraient nécessaires, etc. Une remarque plus importante : les services fournis par CHARIS ne sont pas seulement « de haut en bas » ; ils ne viennent pas seulement de commissions ou d’« experts » désignés par le Service International de Communion. CHARIS doit également être un lieu « d’échange » pour partager les informations sur les programmes de formation, les meilleures pratiques et les activités pastorales qui portent du fruit et qui ont été initiées par des groupes ou des communautés dans un pays et peuvent être adoptées par d’autres groupes ou communautés dans un autre pays.

Troisième question : Quelle est l’autorité de CHARIS ? La réponse est simple : très petite ! Comme le disent les Statuts à l’art. 1 §3 : « En tant qu’organe de service, CHARIS n’a pas d’autorité sur le Renouveau Charismatique Catholique, puisque toutes les expressions du RCC sont directement sous la juridiction des autorités ecclésiastiques compétentes. Le rôle du service CHARIS ne limite pas la liberté des individus ni des groupes au sein du RCC dans leurs relations avec les autorités ecclésiales. » Par conséquent, les communautés, les groupes de prière et toutes les réalités du RCC peuvent se prévaloir des différents services offerts par CHARIS, mais ne peuvent pas être liés par les décisions prises par CHARIS. À cet égard, je tiens à mentionner que CHARIS a mis en place un système d’inscription des communautés. L’objectif est de connaître l’existence des communautés à travers le monde, afin que CHARIS puisse les servir selon leurs attentes. Cette inscription n’implique aucune reconnaissance ecclésiale ; seules les autorités ecclésiastiques compétentes peuvent accorder cette reconnaissance (art. 1 §3). En se faisant enregistrer, une communauté exprime simplement son désir de se faire connaître et de travailler en communion avec l’ensemble du Renouveau charismatique catholique. Les différentes expressions du Renouveau ne deviennent pas des « membres » de CHARIS, et n’établissent pas non plus une « affiliation » juridique avec lui : elles veulent simplement, à travers CHARIS, vivre en communion avec toutes les autres réalités charismatiques.
Une précision supplémentaire. La structure de CHARIS comprend trois niveaux différents, tous formant un seul « réseau ». Ces niveaux sont le Service international de communion, les Services continentaux de communion et les Services nationaux de communion. Ces multiples « services de communion » existent afin d’être plus efficaces dans leur tâche et plus proches des diverses réalités du Renouveau Charismatique dans le monde entier, avec toutes leurs spécificités spirituelles, culturelles et ecclésiales. CHARIS n’étant pas un organe de gouvernement, les différents services continentaux ou nationaux de communion ne sont pas des « branches » de CHARIS. Ils ne reçoivent pas de « délégation de pouvoir » de la part de l’équipe internationale. Ils doivent être constitués dans le même esprit que le Service International de Communion, c’est-à-dire assister, soutenir et aider toutes les expressions du Renouveau dans leurs régions respectives, et aider et assister les évêques et les prêtres localement. Si, par exemple ici au Brésil, nous parlons de CHARIS-Brésil, comme cela commence à se produire dans plusieurs autres pays, cela peut créer un malentendu. Par conséquent, nous recommandons que, au lieu de parler de « CHARIS-Brésil », on parle simplement du Service national de communion du Renouveau charismatique brésilien, signifiant par-là qu’on se réfère à l’organe de service qui existe au Brésil pour l’ensemble du Renouveau charismatique au Brésil.

2) Le désir du Pape
La création de CHARIS est une initiative du Saint-Père le pape François lui-même. En juin 2015, il a écrit aux présidents de l’ICCRS et de la Fraternité catholique pour leur demander de réfléchir à un service unique. Il a ensuite nommé un groupe de quatre personnes pour mener à bien ce projet, et a demandé à notre Dicastère d’accompagner la création de ce service. Je peux témoigner de l’importance qu’il y accorde : chaque fois que je le rencontrais, il ne manquait pas de me demander où en était l’avancement des travaux. CHARIS a officiellement commencé son service le dimanche de Pentecôte 9 juin 2019. Le même jour, à la demande du Saint-Siège, l’ICCRS et la Fraternité catholique ont cessé d’exister.

3) Trois objectifs pour tout le Renouveau charismatique catholique :
Les points clés que le Pape a demandé à CHARIS de développer parmi toutes les expressions du Renouveau Charismatique, sont le service et la communion, avec comme principaux objectifs de partager le baptême dans le Saint-Esprit, l’unité des chrétiens et une vie de charité. Ce sont là trois objectifs qui doivent être clairs pour nous car, comme il l’a dit lui-même, « voilà ce que le Pape attend » de toutes les réalités du Renouveau charismatique catholique. Bien entendu, ces « attentes » ne doivent pas être visées comme une volonté « personnelle » du pape François, en conformité avec certaines de ses inclinations spirituelles particulières. Ces attentes reflètent simplement un désir de plus grande fidélité à l’Évangile.

A. Tout d’abord, partager le baptême dans le Saint-Esprit. Cette expérience marque souvent le début du chemin de foi de nombreux membres du Renouveau charismatique et coïncide avec un tournant radical de leur existence. Le Pape est convaincu que cette expérience fondamentale ne doit pas rester « exclusive », limitée au Renouveau charismatique. Il est convaincu que Dieu a accordé ce don de grâce au Renouveau charismatique afin qu’il puisse aider l’Église tout entière à redécouvrir le don du baptême dans le Saint-Esprit. Par conséquent, le Renouveau Charismatique doit devenir un « instrument » et un « canal » pour que ce que Dieu y a suscité devienne un patrimoine commun pour tous les chrétiens. Ce n’est pas facile et ce sera un grand défi. Il y aura de la résistance et des idées préconçues, mais c’est ce que le Pape attend du Renouveau charismatique. Je reviendrai sur ce point plus tard.

B. Ensuite, promouvoir l’unité. Le Renouveau charismatique a été œcuménique dès sa création, car ce sont la même expérience de grâce, le même mode de prière, la même manifestation de charismes, la même vie de communion qui ont été vécus, de manière identique, au sein de diverses Églises et communautés ecclésiales comme dans l’Église catholique. De plus, le Saint-Esprit, lien d’amour et d’unité dans la Trinité, est lui-même créateur de communion. Voici donc la vocation particulière de chaque groupe dans le Renouveau charismatique catholique : être au service de l’unité au sein de l’Église catholique et au service de l’unité entre tous les chrétiens baptisés, quelle que soit leur confession.

C. Enfin, servir les pauvres. Le Saint-Esprit est la même charité divine, l’Amour de Dieu « personnifié », peut-on dire. Par conséquent, Il éveille toujours chez ceux qui le reçoivent, des sentiments de compassion, de miséricorde et de charité pour chaque personne, en particulier pour ceux qui sont dans la détresse. D’où l’engagement particulier que le Pape attend de tous les membres du Renouveau charismatique, qui est de se mettre concrètement au service des pauvres – ceux qui sont en détresse spirituelle et ceux qui sont en détresse physique – en fuyant la tentation de s’enfermer dans une expérience spirituelle individualiste et narcissique.
Tous ces points ont été soulignés dans les différents discours de la dernière Pentecôte, en particulier dans le discours du Pape, que je vous invite à lire. Je voudrais maintenant vous inviter à entrer dans l’esprit qui a conduit à la création de ce nouveau service unique.

4) Le Renouveau charismatique en tant que « courant de grâce » :
L’existence de CHARIS – en tant que nouveau et unique service pour le Renouveau charismatique catholique – est basée sur la compréhension de l’Église de cette réalité. À la suite du cardinal Léon Joseph Suenens, chargé par saint Paul VI de suivre le Renouveau à ses débuts, le Pape considère la réalité du Renouveau non pas en tant qu’association ou mouvement ecclésial, mais comme un courant de grâce. Permettez-moi de développer un peu cette différence, car elle est essentielle pour comprendre la pensée du Saint-Père.
Les associations ou mouvements ecclésiaux sont des organes au sein de l’Église qui rassemblent un certain nombre de fidèles qui se reconnaissent dans une vie et un apostolat partagés spécifiques, et qui reconnaissent également un chemin commun de sainteté, adapté à leur situation particulière et à leur vocation. En ce sens, l’une des caractéristiques des associations et mouvements ecclésiaux est l’adhésion : on en est membre ou pas. Une association ou un mouvement ecclésial n’a pas vocation à rassembler tous les baptisés ; il propose un chemin de croissance dans la vie chrétienne parmi beaucoup d’autres.
Un courant de grâce dans l’Église, c’est très différent. Le cardinal Suenens, quand il parlait du Renouveau Charismatique, le comparait à un courant océanique, comme le Gulf Stream dans l’Atlantique. Il s’agit d’un courant d’eau chaude qui réchauffe l’océan Atlantique et donne son climat tempéré au nord de l’Europe. Pour le Pape, le Renouveau charismatique, c’est cela. Il est appelé à réchauffer toute l’Église afin que tous les baptisés soient renouvelés dans le Saint-Esprit. Pourquoi le Renouveau charismatique est-il un courant de ce type ? C’est dû à son identité même. Ce qui caractérise le Renouveau charismatique, c’est l’expérience du baptême dans le Saint-Esprit. Tout baptisé peut faire cette expérience, car elle reflète simplement le baptême lui-même. On peut dire que recevoir le baptême dans le Saint-Esprit, c’est clairement vivre pleinement toutes les grâces reçues lors du baptême sacramentel. En ce sens, le Renouveau est un courant de grâce dont chacun peut bénéficier. On peut être Jésuite ou Capucin et avoir reçu le baptême dans le Saint-Esprit. C’est le cas, par exemple, du père Raniero Cantalamessa, l’assistant ecclésiastique de CHARIS. On peut être membre d’une association ou d’un mouvement ecclésial et avoir reçu le baptême dans le Saint-Esprit. Cela ne nous empêche en aucun cas de rester membre de l’association à laquelle nous appartenons. On peut être prêtre ou évêque et faire cette même expérience.
Si le Saint-Père a demandé à plusieurs reprises aux membres du Renouveau – et en particulier à CHARIS – de répandre le baptême dans le Saint-Esprit dans toute l’Église, c’est précisément parce qu’il est convaincu que ce baptême dans le Saint-Esprit est une grâce que tout baptisé peut et devrait vivre. C’est une expérience de Pentecôte personnelle, une intrusion du Saint-Esprit dans la vie du baptisé, accompagnée d’une expérience de conversion et d’une rencontre avec Jésus vivant. Tout cela devrait faire partie de la vie normale de chaque baptisé appelé à la sainteté. Le Renouveau Charismatique en tant que courant de grâce offre le baptême du Saint-Esprit à toute l’Église.

5) CHARIS n’est pas le courant de la grâce mais est à son service
Dans ce contexte, CHARIS doit être compris comme un service pour ce courant de grâce. Ce serait un terrible malentendu de penser que CHARIS « est » le courant de grâce. Ce n’est pas le cas. Le courant de grâce est le Renouveau charismatique catholique en tant que tel. CHARIS est au service de ce courant. CHARIS a une structure donnée par ses Statuts approuvés par notre Dicastère. Cette structure ne s’identifie pas au Renouveau charismatique, mais est à son service. Il est donc important que, dans tous les pays, on fasse une distinction claire entre le courant de grâce et la structure à son service. Par exemple, les statuts de CHARIS requièrent que dans chaque pays, un Service National de Communion soit mis en place pour tout le courant de grâce, c’est-à-dire l’ensemble du Renouveau Charismatique. Cependant, ce Service National de Communion n’est qu’un organe de service, et ne doit pas être identifié à l’ensemble du Renouveau charismatique dans ce pays.

6) Quelques clarifications : Ici, permettez-moi de faire quatre commentaires importants :

A. En tant que service, le Service National de Communion a un coordinateur. Cette personne est dans le Service de Communion, mais n’est pas responsable du courant de grâce ; cette personne sert, mais ne contrôle pas le Renouveau. Un des aspects du Renouveau charismatique en tant que courant de grâce est qu’il est né sans fondateur. C’est l’œuvre du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est celui qui le guide, Il en est le chef. Par conséquent, le Modérateur de CHARIS n’est pas responsable du Renouveau Charismatique du monde entier ; il ou elle n’est responsable que du service offert au courant de grâce. Il en va de même pour le coordinateur du Service National de Communion : c’est un serviteur, pas un leader. C’est très clair dans les statuts de CHARIS, qui stipulent qu’il s’agit d’un service sans autorité (art. 1 §3). L’autorité appartient aux autorités ecclésiastiques compétentes, comme je le soulignerai plus loin.

B. Les statuts de CHARIS prévoient que les Services Nationaux de Communion soient « aussi inclusifs que possible et ouverts aux nouvelles réalités émergentes » (art. 15). Ici, le mot « inclusif » fait référence aux services offerts par CHARIS, pas à sa constitution. CHARIS doit rejoindre toutes les expressions du Renouveau et les « inclure » dans son service, mais ne peut pas « inclure » tout le monde dans son organe de service. En effet, nous voyons beaucoup d’intérêt et de désir de nombreuses expressions à travers le monde d’être en contact avec leur Service National de Communion. Je dois dire que je m’en réjouis. En même temps, il n’est pas toujours possible pour chaque expression particulière du Renouveau charismatique catholique dans un pays de participer directement au Service National de Communion. Par exemple, ici au Brésil, la richesse et la diversité rendent impossible la présence physique de chacun. Pour le moment, le Service National de Communion brésilien est un service transitoire qui compte environ 40 « représentants » en son sein. Il est clair qu’il est difficile de travailler de manière efficace dans un groupe de cette taille. L’objectif est de réduire le nombre de « représentants » d’ici 2021 ; il semble raisonnable d’avoir entre 15 et 20 « représentants ». En ce qui concerne la composition, les Statuts stipulent : « Les Services Nationaux de Communion devraient être composés de représentants des réalités et des expressions du courant de grâce qui se réclament du Renouveau Charismatique Catholique. […] Cela peut inclure des groupes de prière, des communautés, des réseaux, des écoles d’évangélisation, des instituts religieux, des maisons d’édition, des ministères particuliers, des initiatives œcuméniques, les jeunes, etc. »
Le désir de communion n’est pas moins légitime. Il m’a été dit par CHARIS qu’il est recommandé que chaque pays organise des rassemblements nationaux ou régionaux des personnes responsables de toutes les réalités charismatiques, qui permettent la participation de toutes les réalités présentes à l’intérieur d’un même pays qui se considèrent comme faisant partie du RCC, sans distinction de taille, ancienneté ou même reconnaissance ecclésiale. Le but est de permettre à toutes ces réalités d’y envoyer des représentants. N’oublions pas que le Service National de Communion n’a aucun pouvoir pour décider qui fait partie du Renouveau Charismatique Catholique et qui n’en fait pas partie ; il est chargé de servir de manière fraternelle toutes les réalités qui se reconnaissent comme faisant partie de ce courant de grâce. Comme nous le préciserons plus loin, ceux qui ont le mandat de discerner toutes les réalités du Renouveau charismatique sont les évêques, cela fait partie de leur ministère. L’idée d’avoir des « rassemblements nationaux ou régionaux » des personnes responsables de toutes les réalités charismatiques pourrait être utile pour avoir un lieu de communion, un lieu d’échange et de partage qui permettra connaissance et entraide réciproques. En effet, le Service National de Communion est un organe au service de la communion, mais n’est pas le seul lieu où la communion peut se construire et se vivre. D’autres lieux et occasions sont nécessaires pour créer cette communion. Dans certains pays, l’organisation d’une « rencontre nationale » des responsables peut également être un moyen de faire émerger un Service National de Communion plus ouvert et plus inclusif.

C. Dans certains pays, des associations ou des réseaux de groupes de prière ont pris le nom – sous quelque forme que ce soit – de Renouveau charismatique catholique (RCC). C’est le cas du réseau de groupes de prière appelé RCC-Brésil. Cela présente une difficulté, car le Renouveau est plus large que n’importe quel groupe ou réseau de groupes. Le Renouveau comprend également des communautés nouvelles, des communautés religieuses, des ministères, des écoles d’évangélisation, des réseaux de communication (télévision et autres), des maisons d’édition, etc. Toutes ces réalités font partie du courant de grâce d’un pays. Avec la naissance de CHARIS, on assiste à la reconnaissance de cette diversité et un appel à toutes ses réalités à vivre en communion. En un mot, l’harmonie dans la diversité.
Il est donc important qu’une « partie » ne prenne pas le nom du « tout » : « le tout est plus important que la partie ». Aucun groupe particulier ni réseau de groupes ne peut s’appeler « Renouveau charismatique catholique » en tant que tel. Il est préférable qu’un tel groupe se choisisse un autre nom et affirme également son appartenance au Renouveau charismatique catholique. En d’autres termes, nous devons préserver l’identité du courant de grâce, c’est-à-dire le Renouveau charismatique catholique, en évitant tout malentendu. Il serait important d’éviter, dans un pays donné, qu’une structure ou une association, reconnue par l’autorité ecclésiastique, prenne pour elle-même le titre de courant de grâce, comme si c’était un monopole. Si c’est le cas, notre Dicastère demande que cette structure change de nom pour éviter ces malentendus et mieux servir la communion. Je m’adresse à vous en tant qu’évêques et je vous demande d’être aussi vigilants que possible sur ce point. C’est une bonne occasion pastorale pour vous, en tant que pasteurs de l’Eglise locale, d’expliquer, de manière positive, à tous les membres du Renouveau, la nature de ce « courant de grâce » et le but et la signification des changements qui ont lieu, en précisant que les groupes de prière et les communautés sont associés au courant de grâce et font partie du courant de grâce, mais qu’ils ne sont pas à eux seuls le courant de grâce tout entier.

D. Il existe également un autre type de problème. Dans certains cas, il y a une structuration excessive du courant de grâce, ce qui comporte un risque d’exclusivité. Ce que je veux dire par là, c’est que pour certaines personnes, avoir fait l’expérience du baptême dans l’Esprit et faire partie d’une des nombreuses réalités formant le Renouveau Charismatique ne suffit pas. Parfois, ce qui donne à quelqu’un la légitimité d’agir ou de parler en tant que membre du Renouveau, c’est son appartenance à un groupe spécifique. Il a pu arriver, en effet, que certaines personnes se voient interdire de parler, simplement parce qu’elles ne sont pas membres du même groupe ou parce qu’elles ne sont pas d’accord avec certains responsables. Des membres d’une communauté spécifique n’ont pas été autorisés à parler dans un groupe de prière par le Renouveau local, ou vice versa. Cela ne doit plus se produire. Pour la même raison, ni CHARIS, ni le Service National de Communion ne peuvent devenir une sorte « d’organe supérieur » qui décide qui est charismatique et qui ne l’est pas. Ce que le Saint-Père voulait avec l’institution de CHARIS, c’est précisément d’empêcher ces types de divisions et de contraste. Le Saint-Père souhaite une profonde communion entre toutes les expressions du Renouveau charismatique.

7) La responsabilité et le discernement des évêques.
Nous, évêques, en tant que pasteurs de l’Église locale qui nous a été confiée, sommes appelés à discerner ce qui est bon pour notre diocèse. Par conséquent, en ce qui concerne le Renouveau charismatique, il est important que nous exercions ce discernement de manière concrète, sans le déléguer aveuglément à des structures qui peuvent parfois avoir des vues très partisanes. Dans certains pays, les évêques ont chargé un prêtre ou un laïc, membre d’un groupe charismatique, de faire le point sur toutes les réalités du Renouveau charismatique du pays, abandonnant complètement la responsabilité qu’ils ont au plan pastoral des personnes engagées dans le Renouveau. Les statuts de CHARIS font explicitement référence au discernement des évêques. C’est à vous qu’il revient de discerner les situations qui se présentent dans vos diocèses. Ni CHARIS, ni le Service National de Communion, ni aucune autre structure du Renouveau, ne peuvent prendre votre place.
Chaque évêque doit être très prudent et toujours marcher sur le fil, en évitant deux erreurs opposées. D’abord, l’erreur de déléguer complètement son autorité à un prêtre ou à des responsables laïcs ou à certains groupes, au point de n’être plus qu’un « observateur » distant. Ensuite, l’erreur de détenir une autorité excessive sur le Renouveau charismatique, au point de lui nier toute autonomie et liberté d’action et de se substituer aux responsables légitimes des différents groupes.
Sachez que CHARIS, en tant que service d’Église, est toujours à votre disposition si vous avez besoin d’informations ou d’aide pour votre discernement. Je pense notamment à la Commission théologique de CHARIS, qui rassemble d’excellents théologiens qui ont étudié de l’intérieur les caractéristiques de ce courant de grâce.
Le fait que le Renouveau charismatique soit un courant de grâce, dans le sens que j’ai expliqué, est un peu inconfortable pour nous évêques. Dans l’accomplissement de notre ministère, il nous semble plus facile de traiter avec une association ou un mouvement ecclésial bien défini, sans le flou inévitable associé à un « courant de grâce ». Ici, le Saint-Père nous place devant un véritable défi : sommes-nous prêts à accepter que le Renouveau charismatique est un courant de grâce, un souffle de rajeunissement pour l’Église à travers l’œuvre du Saint-Esprit ? Un jour le Saint-Père, s’exprimant lors d’un congrès de la Congrégation pour la vie consacrée à Rome, a déclaré que le Saint-Esprit était le maître du chaos. Oui, le Saint-Esprit produit toujours des choses nouvelles, souvent surprenantes. « Il fait toutes choses nouvelles ». Ici au Brésil, par exemple, les gens parlent de plus de 800 communautés charismatiques ! En même temps – et je continue de citer le Saint-Père – le Saint-Esprit est aussi le maître de l’harmonie.

8) Communion avec la hiérarchie et l’attention pastorale des évêques
De toute évidence, il est important que le Renouveau soit en parfaite harmonie avec la hiérarchie de l’Église. Je voudrais souligner un point fondamental qui se trouve dans les statuts de CHARIS. Il est clair que chaque Service National de Communion doit être étroitement lié à la Conférence épiscopale de son pays. Cela implique notamment – c’est évident – que si la Conférence épiscopale a nommé un ou plusieurs évêques de référence pour le Renouveau, ceux-ci doivent participer aux réunions du Service National de Communion et y exercer leur ministère pastoral. Ils sont également invités à participer activement aux rassemblements nationaux ou régionaux des dirigeants de toutes les réalités charismatiques que j’ai déjà évoquées. Mais le travail de ces évêques référents dépasse le simple accompagnement du Service National de Communion. Ce ne sont pas des « évêques pour CHARIS » ou des évêques pour le seul Service National de Communion ; ce sont – tout en respectant l’autorité de chaque évêque de son propre diocèse – « des évêques au service du Renouveau charismatique ». Par conséquent, ils sont appelés à veiller au plan pastoral sur tout le Renouveau charismatique du pays et à ne pas interagir uniquement avec les « représentants » du Service National de Communion. On retrouve ici la distinction que j’ai déjà faite : CHARIS ne s’identifie pas au courant de grâce, mais n’est qu’à son service. Il est donc nécessaire de poursuivre la bonne pratique de nommer des répondants pour le Renouveau Charismatique dans chaque pays.

9) Limites des mandats au sein de CHARIS et au sein du Service National de Communion
Il me semble important de souligner un autre élément, qui est celui de la durée des mandats. L’intention derrière les statuts de CHARIS est de recommander, pour tous les postes, un mandat de 3 ans, renouvelable une seule fois. C’est explicitement le cas du Modérateur, des membres du Service International de Communion et des « représentants » des Services Continentaux de Communion. C’est également le cas des « représentants » de chaque service national de communion. Ce n’est pas dit explicitement dans les statuts, mais c’est implicite. C’est là « l’esprit » du document. L’objectif est d’assurer un renouvellement des leaders au sein du Renouveau charismatique catholique. Comme ailleurs dans l’Église, il n’est pas bon pour les responsables de servir indéfiniment ou trop longtemps. Il est donc nécessaire de renouveler les responsables qui exercent leur leadership depuis de nombreuses années afin qu’ils puissent être remplacés par de nouveaux responsables, peut-être moins connus.
Derrière cette bonne pratique du renouvellement des mandats se trouve la place des jeunes. Les statuts de CHARIS accordent une grande importance aux jeunes. Si les responsables ont de très longs mandats, la conséquence immédiate est de marginaliser les jeunes. Je vous rappelle qu’en 1967, lorsque le Saint-Esprit a lancé le Renouveau charismatique dans l’Église catholique, il a choisi de jeunes étudiants, universitaires. Pour lancer son courant de grâce, l’Esprit a fait confiance aux jeunes. Comme vous le savez, Dieu ne change pas. Aujourd’hui encore, le Saint-Esprit veut faire confiance aux jeunes. Il est important qu’en tant que pasteurs, nous leur fassions nous aussi confiance.

10) Conclusion : regarder vers l’avenir avec espérance
En 1975, le pape Paul VI accueillait le Renouveau Charismatique dans la basilique Saint-Pierre et prononçait à son égard cette phrase historique : « Le Renouveau est une chance pour l’Église ». Je suis convaincu que, sous l’impulsion du Pape François aujourd’hui, nous entrons dans un temps favorable où le Saint-Esprit souhaite développer son action sur tous les baptisés. CHARIS a été créé pour accompagner ce temps. Je vous invite à soutenir, en pasteurs, cette vision de notre Pape et à permettre, comme le souhaite le Saint-Père, que le courant de grâce qu’est le Renouveau charismatique catholique puisse partager le feu du Saint-Esprit avec toute l’Église.
Merci beaucoup de votre écoute. Que le Seigneur vous éclaire et vous guide, afin que vous puissiez accompagner avec sagesse et aimer le Renouveau charismatique catholique au Brésil et dans le monde entier.

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