L’ASSEMBLEE DE PRIERE CHARISMATIQUE, DES POINTS DE REPERE / Sommaire
Fiche n° 1 : Travail biblique à partir des épîtres de Paul. (Régine Maire)
Fiche n° 2 : Rassemblés par l’Esprit. (V. Aufauvre, G. Constant, E. Garin)
Fiche n° 3 : La place de la Parole de Dieu dans l’assemblée de prière. (Danielle Ostertag)
Fiche n° 4 : La louange. (Robert Wondolowski)
Fiche n° 5 : Prière de demande et d’intercession. (Daniel Schearer)
Fiche n° 6 : Recommandations utiles pour la prière en commun. (Jean-Daniel Fischer)
Fiche n° 7 : Conduire la prière charismatique. (Guy Noël)
Fiche n° 8 : La tentation qui guette nos groupes de prière. (Père Raniero Cantalamessa)
Fiche n° 9 : La relecture dans l’assemblée de prière. (Bruno Favre)
Fiche n° 10 : Quelques propositions pour la relecture. (Guy Noël)
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Fraternité Pentecôte, Service national des groupes de prière du Renouveau Charismatique, a vocation d’aider les groupes de prière à vivre pleinement la grâce propre du Renouveau. Pour cela elle organise des rassemblements, des sessions de formation, et propose aussi des publications, telles que la revue « Pentecôte Aujourd’hui ».
Ayant constaté que le besoin se faisait sentir de donner des points de repères « éprouvés » sur lesquels se fonde la vie charismatique et s’organisent les groupes de prière, Fraternité Pentecôte a jugé bon de constituer une série de numéros spéciaux de sa revue à cet effet.
Comment ?
L’élaboration de ces fiches de travail a été confiée à Régine Maire, membre du Renouveau Charismatique depuis 1972 et au service du diocèse de Lyon pour la formation et les relations œcuméniques. Son travail a consisté à rechercher d’abord un texte biblique sur lequel s’enracine la réflexion, puis, dans la documentation déjà parue sur le sujet, à sélectionner quelques articles de base.
Des membres de la Fraternité Pentecôte ont mis en forme ces différents documents, les ont actualisés et complétés notamment par des propositions de temps de formation.
Pour qui ?
Les destinataires de ces fiches sont les responsables engagés dans le Renouveau Charismatique et qui portent particulièrement le souci de la formation : principalement les membres des équipes diocésaines ainsi que les équipes régionales, qui organisent des rencontres de formation, mais aussi les responsables des groupes de prière et plus particulièrement les plus récents dans ce service. Le renouvellement des responsables et participants à ces groupes de prière demande de rappeler en permanence les fondements de la vie charismatique.
Quels documents ?
Les articles choisis peuvent présenter plusieurs niveaux de lecture :
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Certains, plus immédiatement accessibles, serviront de base à la réflexion.
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D’autres paraîtront peut-être d’un abord plus difficile et seront alors réservés à ceux qui désirent un approfondissement des questions.
Comment utiliser ces fiches de travail ?
Ces fiches visent à aider à la formation de ceux qui sont en responsabilité actuelle ou à venir dans les groupes de prière du Renouveau Charismatique, et notamment les bergers et membres des noyaux.
Elles seront aussi une aide pour tous ceux qui doivent effectuer des enseignements dans leur groupe de prière.
De ce fait elles pourront être travaillées :
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Dans des rencontres de formation (journées, week-ends, …).
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En noyau, voire en noyau élargi à d’autres membres du groupe.
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A titre personnel, bien que cela limite leur intérêt.
Ces fiches ont 2 objectifs :
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Fournir des documents de travail et de réflexion pour les responsables de formation.
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Proposer des éléments pédagogiques pour animer des temps de formation.
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En ce sens elles ne proposent pas un cadre rigide, mais plutôt des pistes et des documents que le ou les formateurs devront adapter au public, au temps disponible ainsi qu’aux buts de la formation. Il est bien compréhensible qu’une formation pour des “nouveaux” responsables sera différente de celle pour des responsables plus anciens. De même la pédagogie devra s’adapter au vécu, aux problèmes et aux attentes des participants.
De ce fait, le contenu, le déroulement et la pédagogie des temps de formation devront être repensés à chaque fois.
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De même, tous les documents proposés ne sont à utiliser ni systématiquement, ni dans leur totalité à chaque formation. Leur variété permet justement de choisir les passages et les thèmes qui seront les plus pertinents face aux buts recherchés.
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Une des utilisations possibles est de fournir aux responsables de la formation des éléments solides pour assurer eux-mêmes des temps d’enseignement. En ce cas il ne s’agit pas pour l’enseignant de lire aux participants le ou les textes proposés, mais de les redonner, après un travail personnel, avec la grâce et la pédagogie qui est la sienne. Certes pour les débutants en ce domaine, ce ne sera pas parfait la première fois, mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Jésus lui-même n’a pas craint de donner des responsabilités à ses disciples : “Donnez-leur vous-mêmes à manger” (Mt 14, 16).
Puissent ces fiches aider ceux qui dans les diocèses et les groupes ont ce souci de la formation.
Que l’Esprit Saint guide votre travail !
A noter : Deux dossiers à ne pas séparer !
L’exercice des charismes est un élément constitutif d’une assemblée de prière du Renouveau charismatique.
Pour des facilités d’utilisation et de travail, nous publions deux dossiers mais nous vous invitons à les prendre dans leur ensemble :
Premier dossier : L’assemblée de prière.
Deuxième dossier : Les charismes dans l’assemblée de prière.
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°1
Travail biblique à partir des épîtres de Paul
(Traduction : la Bible en français courant)
Par Régine Maire
Et voici ma prière : que votre amour abonde encore, et de plus en plus, en clairvoyance et pleine intelligence
1 Thessaloniciens 5, 16-21:
16 Soyez toujours joyeux, 17 priez sans cesse, 18 remerciez Dieu en toute circonstance. Voilà ce que Dieu demande de vous, dans votre vie avec Jésus-Christ. 19 Ne faites pas obstacle à l’action du Saint-Esprit; 20 ne méprisez pas les messages inspirés. 21 Mais examinez toutes choses : retenez ce qui est bon,
1 Corinthiens 14, 1 et 26-32 :
1 Recherchez l’amour ; ayez pour ambition les phénomènes spirituels, surtout la prophétie.
26 Que faire alors, frères ? Quand vous êtes réunis, chacun de vous peut chanter un cantique, apporter un enseignement ou une révélation, parler en langues ou bien interpréter : que tout se fasse pour l’édification commune. 27 Parle-t-on en langues ? Que deux le fassent, trois au plus, et l’un après l’autre ; et que quelqu’un interprète. 28 S’il n’y a pas d’interprète, que le frère se taise dans l’assemblée, qu’il se parle à lui-même et à Dieu. 29 Quant aux prophéties, que deux ou trois prennent la parole et que les autres jugent. 30 Si un assistant reçoit une révélation, celui qui parle doit se taire. 31 Vous pouvez tous prophétiser, mais chacun à son tour, pour que tout le monde soit instruit et encouragé. 32 Le prophète est maître de l’esprit prophétique qui l’anime. Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais un Dieu de paix.
Ephésiens 5, 19 : Dites ensemble des psaumes, des hymnes et des chants inspirés; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur. En tout temps, à tout sujet, rendez grâce à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus Christ.
Colossiens 3, 12-17
12 Vous faites partie du peuple de Dieu; Dieu vous a choisis et il vous aime. C’est pourquoi vous devez vous revêtir d’affectueuse bonté, de bienveillance, d’humilité, de douceur et de patience. 13 Supportez-vous les uns les autres; et si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre, pardonnez-vous réciproquement, tout comme le Seigneur vous a pardonné. 14 Et par-dessus tout, mettez l’amour, ce lien qui vous permettra d’être parfaitement unis. 15 Que la paix du Christ règne dans vos cœurs ; c’est en effet à cette paix que Dieu vous a appelés, en tant que membres d’un seul corps. Soyez reconnaissants. 16 Que la parole du Christ, avec toute sa richesse, habite en vous. Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec une pleine sagesse. Chantez à Dieu, de tout votre cœur et avec reconnaissance, des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés par l’Esprit. 17 Tout ce que vous faites, en paroles ou en actions, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en remerciant par lui Dieu le Père.
Lisez ces textes de Paul et soulignez les mots ou expressions qui vous parlent le plus pour votre assemblée de prière (voir note ci-dessous).
Qu’est-ce qui qualifie de “charismatique” un groupe de prière (en particulier dans 1 Cor 14) ?
Comment l’assemblée de prière nourrit-elle la vie de l’ensemble du groupe ?
Ces textes nous invitent aussi à vérifier la place du chant, de la louange, des courts enseignements, de la prophétie, de la vie fraternelle….
Etes-vous attentifs à ce qui peut favoriser la prière de l’assemblée : le lieu, la disposition des personnes, la lumière, la structure de la prière ?
Quelle est la place du discernement dans la prière ?
Note : On parle souvent, sans les distinguer réellement, de groupe de prière et d’assemblée de prière. Pour les groupes les plus petits, l’assemblée de prière constitue parfois l’unique activité du groupe. Pour les autres, des journées, des week-ends, des formations, des services s’ajoutent aux assemblées de prière.
Le groupe de prière est l’ensemble des personnes participant plus ou moins régulièrement aux différentes activités et rencontres.L’assemblée de prière est ce temps de prière, en général hebdomadaire, ce pourquoi principalement le groupe existe, le cœur de son activité. Elle irrigue et nourrit toute la vie du groupe de prière.
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°2
Rassemblés par l’Esprit
Plusieurs textes d’auteurs différents pour cette fiche : Etienne Garin, Violaine Aufauvre, Geneviève Constant (Une prière irriguée par l’Esprit), Pierre Pelletier (Un laboratoire de vie chrétienne), Pasteur Jean Daniel Peter (Une grâce de l’action du Saint Esprit), Georgette Blaquière (Actualiser l’expérience de Pentecôte)
Une prière irriguée par l’Esprit
(Etienne Garin, Violaine Aufauvre, Geneviève Constant, Extrait de Qui fera taire le vent ? D.D.B., 1988, p. 91)
Toute prière chrétienne, personnelle ou communautaire, est irriguée par l’Esprit. Prier, c’est laisser l’Esprit faire germer et croître en soi la semence de vie qu’est la Parole de Jésus: Quelques traits caractérisent une assemblée de prière charismatique:
Une expression à la fois personnelle et communautaire. Une dimension de la prière ne s’efface pas au profit de l’autre. Chaque personne peut manifester ce qu’elle vit dans le plus profond de son cœur sans perturber le déroulement de la prière communautaire. Celle-ci rassemble dans l’écoute mutuelle, ce que l’Esprit fait vivre personnellement. Chacun exprime une prière très personnelle qui ne saurait être comparée à celle d’un autre membre de l’assemblée; et en même temps il n’y a qu’une seule prière, celle de l’assemblée qui, dans la communion de tous, est mue par l’Esprit comme si elle n’était qu’une personne. La présidence est offerte à l’Esprit Saint.
La Liberté de l’Esprit. L’unité et le déroulement de la prière ne sont guidés par aucune loi. En effet, nul règlement n’est à l’origine du rassemblement. Nul schéma liturgique ne guide minute après minute, l’ordre des prières, l’alternance des lectures, des chants, des silences ou des interventions de célébrants. Nul ministre. Au contraire, chacun est invité à manifester ce que l’Esprit fait naître en lui en écho de ce que vivent et disent chacun et tous.
L’Esprit de Pentecôte. C’est Lui qui est invoqué dans l’espérance qu’Il se manifestera avec puissance. Il s’agit donc de l’attente d’une irrigation, de fleuves d’eau vive qui vont détremper la terre assoiffée avant que lui soit confiée une semence lorsque la Parole est donnée. Celle-ci peut ainsi immédiatement germer avec vigueur dans les cœurs parce que ceux-ci sont débordants d’Esprit Saint. De plus, c’est avant tout sur les manifestations charismatiques que tous comptent pour unir la communauté, animer la prière de l’assemblée et ainsi transformer chacun des participants en un témoin de Jésus Vivant, Seigneur et Sauveur.
L’assemblée de prière : un laboratoire de vie chrétienne
(Pierre Pelletier, extrait de Tychique n°103)
Pour moi, le groupe de prière qui rassemble des frères de tous bords, est un véritable laboratoire de la vie chrétienne, de la vie dans l’Esprit, d’où jaillit en permanence la grâce de Pentecôte. Nous expérimentons ensemble ce que nous dit Jésus (Mt 18, 20) “Que deux ou trois soient réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux“.
Mais aussi ce que Jésus affirme (Lc 11, 13) : “Si vous qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel vous donnera-t-il l’Esprit si vous le lui demandez“.
Aussi faisons-nous appel à son Esprit en nous abandonnant à lui, en ouvrant notre cœur pour tout accueillir de Lui. C’est Lui qui prie en nous :
Nous abandonner à Lui : c’est lui remettre toutes nos idées, nos soucis, nos inquiétudes, le poids de notre journée, nos habitudes … et même la prière que nous avions déjà un peu dans la tête.
Ouvrir notre cœur : c’est nous tourner vers le Seigneur qui est là, présent parmi nous, en nous, pour nous parler, faire grandir notre foi, nous convertir. C’est prendre le temps de se laisser aimer. Rendez-vous d’amour avec Lui qui est déjà là le premier, qui nous attend et qui nous aime d’un amour fou.
Nous allons ensuite nous joindre à la prière et aux chants de louange des frères ; et louer Dieu, simplement parce qu’il est Dieu, gratuitement.
Puis nous allons accueillir la Parole que l’Esprit Saint va mettre dans le cœur des uns et des autres, la faire nôtre, la laisser se déployer en nous, lui permettre de descendre au plus profond de nous-mêmes pour qu’elle devienne agissante. Jésus nous parle et sa Parole est vivante.
Avec beaucoup de tendresse, de délicatesse, d’amour, le Seigneur vient agir lui-même dans notre vie, dans tout ce que nous sommes. Peu à peu il vient nous libérer de ce qui nous encombre et nous empêchait de l’accueillir, de le laisser vivre en nous.
Guidés par l’Esprit Saint nous pourrons alors demander à nos frères de prier pour nous et avec nous, pour nous abandonner à Lui, Lui donner ou redonner notre vie, tout ce que nous sommes, afin qu’Il prenne toute la place.
Une grâce de l’action du Saint Esprit
(Pasteur Jean Daniel Peter, extrait de Tychique n°103)
Un groupe de prière charismatique est d’abord pour moi un don de Dieu, une grâce de l’action du Saint Esprit. Par cette multitude de petits ou grands groupes de prière charismatique, Dieu fait un merveilleux cadeau à l’Eglise. Un tel groupe est forcément ouvert aux autres dénominations puisqu’il reconnaît chez les autres le même don du Saint Esprit répandu dans les cœurs et manifesté de diverses manières (cf. Ac.10, 17).
Dans les réunions de prière, il y a cette possibilité “ d’aspirer aux dons de l’Esprit ” (1 Co 14, 1), ce qui veut dire: être dans une attitude d’attente et d’accueil vis-à-vis de ce que l’Esprit veut faire comprendre par prophétie, vision, image, révélation ; tout en sachant qu’un discernement doit être exercé. Les chrétiens qui se laissent ainsi remplir et diriger par le Saint Esprit vont être entraînés et poussés en avant pour approfondir leur communion avec Dieu (cf. Jn 14, 16-18) pour se laisser sanctifier (cf. 2 Co 7, 1), pour combattre dans la prière (cf. Ep 6, 18-20) et pour témoigner (cf. Ac.1, 8).
Un groupe de prière charismatique est un lieu où l’on peut se montrer tel qu’on est, aussi bien dans sa pauvreté que dans sa faiblesse. On peut y vivre un grand partage, car Dieu lui-même garantit la qualité de l’amour fraternel. C’est un terrain d’expérimentation pour « rechercher l’amour » (1 Co 14, 1), pour apprendre à “ donner sa vie pour ses amis ” (cf. Jn 15, 13).
Actualiser l’expérience de Pentecôte
(Georgette Blaquière, extrait de Tychique n°103)
Dans le groupe de prière, des chrétiens essaient d’actualiser aujourd’hui l’expérience de Pentecôte et d’en vivre :
dans la communion fraternelle : Chrétiens de tous âges, de tous horizons, se voulant en communion, quel qu’en soit le prix.
dans une prière fervente et fidèle dans la durée : “…ils persévéraient dans la prière“
dans l’attente du don de Dieu, c’est-à-dire de l’Esprit Saint, qui seul “scrute les secrets de Dieu“, nous fait appeler Dieu Père bien Aimé, nous fait reconnaître Jésus comme Seigneur et Sauveur, réveille en nous le désir de mieux le connaître et de nous offrir à Lui pour le suivre et annoncer le salut du monde.
Ainsi, chacun peut découvrir dans le groupe, si pauvre soit-il, le merveilleux dessein de Dieu pour les hommes :
que Dieu est vivant, “le même hier, aujourd’hui et demain” : “Il nous a aimés le premier“
qu’Il n’aime pas “en général”, mais qu’à l’image du Bon Pasteur, Il connaît et aime personnellement chacun d’entre nous, qu’Il nous appelle par notre nom
qu’Il nous aime au point de vouloir nous faire vivre de sa propre vie, en nous donnant son Esprit “sans mesure”
que “la vraie religion” n’est pas d’abord de “faire des choses pour Dieu”, mais d’accueillir tout ce que Dieu a fait et veut faire pour nous, dans son infinie miséricorde, c’est-à-dire “Jésus mort et ressuscité”
en particulier que, par l’expérience dite de “l’effusion de l’Esprit”, Il vient “réveiller” la grâce reçue aux sacrements de baptême et de confirmation. Ainsi chacun peut prendre conscience, dans une prière de louange fervente, d’être vraiment “fils de Dieu”, héritier du Royaume, appelé lui aussi, tel qu’il est, à connaître et à aimer Celui qui nous a aimés “jusqu’au bout”.
que là est le cœur de la Bonne Nouvelle de l’Evangile que l’Esprit nous envoie annoncer au monde. Il fait de nous des témoins. D’abord dans le groupe lui-même qui est un espace d’accueil pour les “chercheurs de Dieu”, mais aussi pour l’Eglise locale, la paroisse en particulier, et pour “le monde” qui est le nôtre, au fil de la vie quotidienne.
que pour cette mission qui concerne tout baptisé mais dont le groupe, pour la plupart d’entre nous, nous a fait prendre une conscience aiguë, l’Esprit nous donne des “charismes” qui viennent confirmer la Parole annoncée et manifester la puissance de la prière et celle de la Miséricorde de notre Dieu. L’exercice des charismes conduit à la pratique de plus en plus exigeante de “la charité” sous toutes ses formes les plus concrètes, car notre Dieu “veut que tout homme soit sauvé”.
Ainsi, pourrait-on dire, l’assemblée de prière n’est pas d’abord un lieu où parler de Dieu, même pas un lieu où parler à Dieu, que ce soit par paroles apprises ou spontanément. Mais c’est d’abord un lieu où apprendre à écouter Dieu qui veut se révéler à nous. Il nous parle au cœur par sa Parole, reçue au cours de la prière, et par les frères qui nous la transmettent.
J’ai envie de dire aussi que le groupe est un lieu où on lâche Dieu en liberté, sans l’obliger à passer par nos chemins. Alors Il peut se conduire en Dieu, “délivrer sa puissance”, “passer parmi nous en faisant le bien”, nous surprendre par les inventions de sa miséricorde.
Ainsi, nous y apprenons à vivre au cœur de l’Eglise, visible et invisible, dans l’écartèlement entre le “pas encore” et le “déjà là” du Royaume. Nous y apprenons à “veiller et prier”, et indissociablement à annoncer le salut à tout homme, à tous ceux qui sont “assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort”, salut offert “par l’amour du cœur de notre Dieu, Soleil Levant qui vient nous visiter”, et dont il dépend de nous qu’il soit proclamé au monde.
Sommes-nous un groupe de prière charismatique ?
I — Sommes-nous d’accord sur le genre de notre groupe ?
« Le groupe est un lieu où on lâche Dieu en liberté, sans l’obliger à passer par nos chemins. Alors Il peut se conduire en Dieu, “délivrer sa puissance”, “passer parmi nous en faisant le bien”, nous surprendre par les inventions de sa miséricorde ».
Nous reconnaissons-nous comme un groupe dont la vocation est d’actualiser la grâce de Pentecôte et d’en vivre ? Quelle est la place de l’effusion de l’Esprit dans la vie du groupe ?
Avons-nous une sorte de « liturgie ordonnée » de la prière, un cadre dont nous ne sortons pas ou très peu ? Ou bien, la prière est-elle spontanée du début à la fin ? Avons-nous à cœur de donner « la présidence à l’Esprit Saint » (p. 7) ?
Sommes-nous attentifs à ne pas laisser une « pieuse routine » s’installer dans le déroulement de l’assemblée de prière ? Par quels moyens ?
Comment nous préparons-nous à l’assemblée de prière, personnellement, en noyau, de façon à être le plus disponible possible à l’action de l’Esprit Saint ?
Désirons-nous les charismes1 ? Les exerçons-nous?
II – Comment vivons-nous la communion fraternelle ?
« Chacun est invité à manifester ce que l’Esprit fait naître en lui » : Venons-nous à l’assemblée de prière, convaincus que la prière commune n’existe qu’à travers la prière de chacun, exprimée dans l’écoute mutuelle ? Est-ce que je fais effort pour me « lancer » ?
Comment nourrissons-nous et favorisons-nous cette vie fraternelle : prière des frères, groupe de partage, convivialité, fête, enseignement, formation ?
La vie personnelle et quotidienne, les événements du monde sont-ils présents dans notre prière ?
Quelles sont nos liens d’Eglise : diocèse, paroisse, équipe diocésaine, autre groupe ? Quelle ouverture vivons-nous ?
Quelle est la place de la prière pour l’unité des chrétiens ?
1 Sur ce point, voir le dossier Les charismes dans l’assemblée de prière.
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°3
La place de la Parole de Dieu dans le groupe de prière
(Par Danielle Ostertag, pasteur bibliste)
Oui, tout commence par la Parole.
… Convoqués par Toi…
Si nous venons pour prier ensemble – si nous venons pour célébrer ensemble le Dieu vivant en assemblée de prière, c’est à cause de la Parole. La Parole de Dieu nous accueille avant que nous n’accueillions la Parole de Dieu. Elle est là, Parole qui nous invite, chacun et ensemble, car c’est le Dieu vivant, Père, Fils et Saint Esprit qui convoque l’assemblée de prière et met en nous le désir de répondre à cette invitation. C’est lui qui le premier, doit prendre la parole : il nous faut le signifier au début de notre réunion en invoquant sa présence, signe de ce désir de vivre devant lui et de lui, et par la reconnaissance de son autorité sur ce moment privilégié qu’est la prière communautaire.
… Pour Te reconnaître…
Dans un grand nombre de groupes de prière, la louange est la première démarche communautaire de la soirée. Elle dit notre joie de pouvoir reconnaître publiquement, et donc comme un témoignage en Eglise et à la face du monde, que Dieu est vivant et donc qu’il parle. Sa Parole n’est pas une parole du passé mais le Seigneur parle aujourd’hui à son Eglise et chacun est appelé à s’engager dans l’accueil et dans la transmission de cette Parole.
… Parle Seigneur…
Le Seigneur parle aujourd’hui par les Ecritures: il y a une objectivité des promesses de Dieu – objectivité de la réalité d’amour et de fidélité, avant même que nous les saisissions, avant même que nous nous engagions à en vivre, avant même que nous y répondions, avant même que nous ouvrions notre Bible.
… A cause de ta Parole…
Quand Dieu parle, il intervient. Quand Dieu intervient, il agit. Tout a été créé par la Parole de Dieu. Aujourd’hui encore cette Parole de Dieu fait naître l’assemblée de prière : le mot “assemblée” traduit la réalité objective de la venue de Jésus telle qu’elle est proclamée dans les Ecritures : “Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux”, Jésus ressuscité, seule raison d’être de notre réunion, seul chemin possible vers la communion en Christ. Aucun participant ne devrait venir sans la Bible – sans sa Bible – elle est en quelque sorte sa carte d’invitation et le signe visible, devant Dieu et devant les frères, de sa place légitime dans le groupe – invité par Jésus – à la gloire du Père – poussé par l’Esprit de Jésus, l’Esprit Saint, à la communion fraternelle à cause de la Parole de Dieu, pour rencontrer le Dieu vivant à travers cette Parole.
… Pour goûter la Parole…
Recevoir la Parole de Dieu, c’est l’accueillir comme le visiteur qui a déjà frappé à la porte. Marie de Béthanie s’est ensuite assise aux pieds de Jésus pour l’écouter et se laisser enseigner par lui: c’est ainsi qu’il nous est proposé de goûter la Parole, toujours accueil et jamais mainmise, toujours rendez-vous donné par Dieu lui-même et jamais convocation adressée de notre part à “notre” Dieu.
… Tentation…
Il arrive que dans des groupes, ce soit la joie de se retrouver qui soit première – la Parole de Dieu venant après coup pour donner un contenu plus fort à cette joie. Dans d’autres circonstances, c’est le problème d’un frère qui sert de “libellé” à l’invitation, ou une question à résoudre, un choix à faire. On attendra de la Parole de Dieu une confirmation, une orientation, un avertissement. Que se passe-t-il ? Confirmation, orientation, avertissement sont tous trois des fonctions de la Parole de Dieu. Il y a pourtant une grande tentation d’utiliser un texte biblique pour remplir – serait-ce de “volonté de Dieu” – un cadre que nous, nous avons nous-mêmes mis en place. Dans certains groupes de prière, les textes bibliques ne sont souvent que des “textes-prétextes” et, selon le processus du choix des textes, une manière de dire de nous-mêmes “avec la force de la Parole” une adhésion de Dieu telle que nous la désirerions pour l’un de nos projets.
… Porte-parole…
Nous ne devenons porte-parole que parce que la Parole vient à nous. Dieu lui-même veut préparer en chacun de nous un terrain d’accueil et une qualité d’accueil qui porte la vie cachée de la semence jusqu’à la jubilation de la moisson à la seule gloire de Dieu.
Cette Parole de Dieu vient à nous comme une FAIM, faim de vie et de sève de vie (cf. Am 8, 11). Jésus lui-même, Parole vivante de Dieu aujourd’hui, est ce pain de vie qui calme cette faim.
Cette Parole de Dieu vient à nous comme une ROSÉE, comme la pluie de printemps et la pluie d’arrière-saison (cf. Is 55, 10-11). Elle est donnée ainsi pour que germe en nous, jusqu’à devenir arbre du Royaume de Dieu, le projet de Dieu sur chacune de nos vies, sur l’Eglise, pour la vie du monde.
Cette Parole vient à nous comme une ÉPÉE, c’est pour nous conduire avec exigence dans le chemin d’authenticité qui est le chemin de Dieu pour nous (cf. He 4, 12-13). Après cet émondage par la Parole seule, nous sommes rendus capables d’entrer dans le combat au nom du Seigneur Jésus, mort, ressuscité, roi à la droite du Père, intercédant en notre faveur pour ce chemin-là, auprès du Père.
Cette Parole vient à nous comme une BRÛLURE, brûlure de la présence de Dieu sur nous, brûlure de l’amour de Dieu en nous, brûlure-combustion pour que nos vieilles scories ne deviennent pas en nous terre d’aridité. La brûlure de la Parole de Dieu est venue dans les disciples à Emmaüs comme le mystère du tombeau qui s’ouvre pour laisser surgir le Christ ressuscité : “notre cœur ne nous brûlait-il pas quand il nous ouvrait les Ecritures ?” (Cf. Lc 24, 32) Brûlure du cœur : les témoins attentifs et conduits par la Parole de Dieu ont fait l’expérience de la rencontre de Dieu, ouverture à Dieu par Dieu lui-même.
Le Seigneur nous ouvre à sa Parole pour nous y enraciner et nous y faire grandir: pour cela, il ouvre nos lèvres à la louange (cf. Ps. 51, 17) il nous ouvre l’oreille (cf. Is 50, 5) il nous ouvre les yeux (cf. Ac 9, 18) il nous ouvre l’intelligence (cf. Lc 24, 45).
… Ouvre-nous, Seigneur, à Toi…
Dieu nous ouvre à sa Parole. L’assemblée de prière est l’un de ces moments merveilleux où Dieu vient chez les siens, où il veut passer au milieu de nous, où il veut faire sa demeure en chacun d’entre nous. Il n’y a plus de réalité d’Eglise, là où la Parole de Dieu n’a plus droit à la parole. Aucune persécution ne peut faire taire cette Parole, mais notre orgueil le peut, quand nous l’enfermons dans nos propres désirs de justification, quand nous en faisons “une doctrine”, quand nous la manipulons avec désinvolture. Il n’y a plus de réalité d’Eglise, là où notre parole prend le pas sur la Parole de Dieu. Il n’y a plus de réalité d’Eglise, là où nous forçons la Parole de Dieu dans notre parole; là où nous sommes tentés de nous ériger en porte-parole sans nous soumettre à la seule autorité du Dieu qui est Parole.
… Fais-nous rayonner de Toi…
Il faut nous donner du temps pour la grande diversité et l’immense richesse de la Parole de Dieu donnée : Parole à recevoir, Parole à croire, à laisser faire en nous le travail de Dieu. Il nous faut rester attentifs aux différentes tranches de vécu dans la réunion du groupe de prière afin de ne pas nous laisser décentrer par rapport à cette Parole : l’Esprit Saint nous ramène toujours à nouveau vers elle. La prière sous toutes ses formes, dans toutes ses expressions, dans toute sa dimension, se trouve alors placée sous cette autorité de la Parole de Dieu: l’assemblée de prière devient ainsi Tente de la Rencontre où veut se manifester la gloire de Dieu. Quand Moïse était revenu d’une telle rencontre, son visage rayonnait parce que Dieu lui avait parlé (cf. Ex. 34, 29).
Le charisme de recevoir la Parole dans l’assemblée de prière
Comment discerner un texte de la Parole, avant de le donner dans l’assemblée ?
En plus des critères de discernement liés à l’exercice des charismes prophétiques (voir dossier sur les charismes), il est important d’entrevoir si le texte sera ou non exploitable par le groupe. Certains textes sont compliqués, risquent de déstabiliser les personnes ou demandent à être resitués dans leur contexte. Dans ce cas il faut être sûr qu’une personne compétente pourra éclairer l’assemblée. Dans le cas contraire, un tel texte ne peut être reconnu comme inspiré.
Qui a le droit de lire un texte de la Bible dans l’assemblée de prière ?
Tout membre de l’assemblée peut lire un texte de la Bible. Certains groupes réservent cette possibilité au noyau, lequel, le plus souvent, reçoit ce texte dans un temps de prière avant l’assemblée. Quelles que soient les habitudes du groupe, il est cependant normal que ce charisme puisse être exercé au niveau de l’ensemble des participants.
Si un texte a déjà été donné pendant la prière, peut-on en lire un autre ?
Dans certains groupes, il est fréquent que plusieurs images ou prophéties soient données dans la même soirée de prière. De même il est possible que plusieurs textes soient lus. Selon le déroulement de la prière et le moment où ces textes ont été donnés, un seul sera retenu par l’animation pour la suite de la prière ou bien un texte complétera le précédent et enrichira ainsi la prière. Plusieurs textes sont souvent une richesse pour la prière.
Cependant il faut éviter une avalanche de textes qui, pour beaucoup, sont donnés sans réel discernement et, de ce fait, gênent l’accueil d’un texte vraiment inspiré pour ce moment.
Comment reçoit-on un texte de l’Ecriture ?
Plusieurs façons sont possibles : soit par un passage connu qui revient en mémoire, soit par une idée, une phrase ou une expression qui nous rappelle un texte, soit encore par la référence. Il se peut aussi qu’après avoir prié quelques instants, en ouvrant sa bible au hasard, nous soyons interpellés par un des passages qui se présentent.
Mais dans tous les cas il faut effectuer un discernement et surtout savoir refermer sa bible chaque fois que nécessaire.
L’exercice de ce charisme est de beaucoup facilité par une bonne connaissance de la Bible. En effet, une lecture régulière de la Bible permettra de retrouver rapidement un passage qui vient en mémoire.
Combien de versets faut-il lire ?
Il n’y a pas de longueur définie. Mais il n’est pas forcément nécessaire de lire tout un passage de la Bible. Il est souvent pertinent de ne prendre que quelques versets. Les textes trop longs, abordant généralement plusieurs aspects, amènent souvent à une dispersion des interventions qui suivront et la prière risque de perdre son unité.
Quelques remarques de bon sens
Apporter sa Bible à l’assemblée de prière : Il est important que chacun amène sa Bible pour l’assemblée de prière. Elle est indispensable, tant pour celui qui exerce le charisme de recevoir et de donner un texte de la Parole que pour les membres de l’assemblée. Certains participants préfèrent utiliser une bible qu’ils trouvent dans le groupe. Cela n’est pas à encourager. Avoir sa propre Bible aide à la lecture quotidienne, la rend plus familière, permet d’y porter des annotations personnelles et ainsi de s’y retrouver plus facilement.
Lire correctement : Il ne s’agit pas seulement de recevoir et de discerner un texte de la Parole. Encore faut-il le lire correctement : la Parole est faite pour être entendue et comprise. Si cela n’est pas possible (oubli des lunettes, extinction de voix, bégaiements…) il suffit de demander à un voisin d’en effectuer la lecture à haute et intelligible voix.
Encouragement ; Le berger et le noyau doivent avoir le souci d’éveiller les membres du groupe à la fréquentation de la Bible. Pour cela il faut en encourager la lecture, l’écoute, la méditation. Il faut aussi inciter à une formation biblique. Celle-ci peut être trouvée dans le groupe ou dans des formations paroissiales ou diocésaines.
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°4
La louange
(Par Robert Wondolowski)
« Pendant le repas, Jésus prit la coupe, rendit grâce et chanta des psaumes delouange »
(d’après Mt 26, 27 ss – Mc 14, 23, – Lc 22, 17).
J’ai peine à croire, face à Jésus prêt à donner sa vie pour l’accomplissement de la volonté de Dieu, que sa louange était simple routine, récitation de formules toutes faites. Je crois plutôt que sa louange, comme toute sa vie, était consciente, vibrante, dynamique, jaillissant des profondeurs de l’être. Son désir était de faire la volonté de Dieu (cf. Jn 17, 4), le Père et lui ne faisant qu’un (cf. Jn 17, 21) aussi sa louange, naissant de ce désir et de cette relation, devait être pleine de vie.
Le Renouveau Charismatique a contribué à retrouver la prière de louange. Celle-ci doit être vraiment vivante et chaque groupe de prière devrait se soucier de la développer. Dans les réunions de prière auxquelles je participe, nous mettons l’accent sur la louange pendant la première partie de la rencontre… Et si Jésus avait des raisons de louer Dieu, nous en avons plus encore. Nous louons Dieu pour lui-même : il est Dieu, il nous a créés. Cela seul justifie notre ouverture totale à la louange.
Mais comment le louons-nous dans nos assemblées ?
Nous le louons par la prière spontanée, par l’action de grâce en toute chose. Nous le louons par le chant.
Nous le louons, quand, à court de mots, nous prions ou chantons en langues, dans l’Esprit (cf. Rm 8, 26-27).
Nous le louons en partageant l’Ecriture.
Nous le louons en partageant un silence attentif.
Nous pouvons louer de différentes manières, mais l’essentiel est de louer le Seigneur, de se donner à Lui, de le laisser devenir le centre de nos vies, le centre de nos assemblées. La louange est don de Dieu et comme pour chaque charisme, nous avons à grandir dans la louange. Lorsque nos cœurs se purifient et se donnent, notre louange devient plus forte, plus puissante, plus purifiante. La louange n’est pas statique, elle vit, elle grandit. Elle est un glaive à double tranchant qui nous pénètre, comme la Parole de Dieu (cf. He 4, 12).
Dans les assemblées où on loue beaucoup, où on se donne en vérité en se centrant sur le Seigneur par la louange, l’écoute de la Parole est favorisée, qu’elle nous vienne par l’Ecriture, la prophétie, les autres dons. La Parole peut alors s’enraciner et prendre de l’importance dans notre vie parce que la louange a préparé la terre à la recevoir (cf. Mc 4, 20). Nous donnons au Seigneur une outre neuve où il peut verser son vin (cf. Mc 2, 22).
Mais la louange est aussi importante en dehors des temps de prière. Elle attire vers le haut et encourage. Pas de place pour le pessimisme et le cynisme qui détruisent. La louange est un don inestimable, avec de multiples facettes. Elle ouvre à la Parole de Dieu, conduit à la santé spirituelle et psychologique. Et surtout, elle rend à Dieu l’honneur qui lui est dû.
Est-ce que la louange est une attitude de prière : que je connais, que j’ai déjà expérimentée, que je pratique facilement, difficilement, habituellement, rarement ?
Est-ce que je fais la distinction entre la louange qui est une prière gratuite pour Dieu, parce qu’il est Dieu et l’action de grâces où Dieu est remercié pour le don qu’il m’a fait ?
Il existe différents moyens pour louer : le chant en langues, la lecture des Ecritures, les cantiques, la danse. Suis-je ouvert à ces différentes formes ? Est-ce que j’utilise ces différents moyens ? Quelles sont mes difficultés, mes résistances ?
La louange porte des fruits : ai-je déjà repéré, dans ma vie de foi, des changements, des transformations ? Quels en sont les fruits pour ma vie, mon entourage ?
II — Dans notre groupe :
La louange nous paraît-elle utile ? Importante ? Indispensable ?
Quelle expérience en avons-nous ? Est-elle habituelle ? Inhabituelle ?
Pouvons-nous durer dans la louange ?
Quels moyens utilisons-nous ? Le chant, la danse… Avons-nous déjà fait appel à d’autres frères qui ont un ministère de louange pour nous aider ?
A quelle source puisons-nous pour vivre la louange ? L’Ecriture a-t-elle sa place ?
Quel est le rôle du responsable de la prière ? Comment veille-t-il à aider le groupe à choisir la louange ? Y a-t-il des peurs, des résistances vis-à-vis de la louange ? De quel ordre ? Choisissons-nous ensemble de louer ? Quel est le rôle du noyau ? Avons-nous un groupe musique ? Un animateur de chants ?
Puis-je voir le lien entre la vie personnelle de louange et la louange du groupe ? La louange du groupe n’est-elle pas d’autant plus riche que chacun loue le Seigneur habituellement dans sa vie et la louange personnelle n’est-elle pas encouragée et soutenue par la louange du groupe ?
Quels sont les fruits de la louange dans le groupe ? Ne serait-il pas profitable de souligner les fruits par des témoignages, des relectures ?
La louange litanique (répétée indéfiniment) ou la louange trop dirigée et organisée (louange spectacle) ne risquent-elles pas de conduire à un certain conditionnement psychologique de l’assemblée ?
Deux Psaumes, parmi beaucoup d’autres, qui nous invitent à louer Dieu :
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- Psaume 100 (99) : Invitation à toute la terre, ses habitants… à louer Dieu car Il est Dieu et nous sommes son peuple. Ce Psaume nous invite à venir le célébrer dans son sanctuaire, à proclamer dans la foi que son amour est éternel, qu’il ne s’éloignera jamais de nous.
- Psaume 104 (103) : un cri d’admiration devant la splendeur de la création en reconnaissant que tout vient de Dieu, que tout est dans sa main puissante : « Tous ils espèrent de toi » (v. 27).
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°5
Prière de demande et prière d’intercession
(Par Daniel Schaerer, protestant, membre de « Jeunesse en mission »)
« On va prier pour toi, on va demander au Seigneur, on va intercéder, on va prendre un temps d’intercession… » autant d’expressions couramment entendues dans la vie d’un groupe de prière et qui recouvrent souvent des réalités différentes.
La plus fréquente de ces réalités concerne la prière de demande : un frère ou une sœur présente une demande au Seigneur, soit pendant l’assemblée de prière, soit en dehors ; des frères l’entourent et intercèdent pour lui (elle) et avec lui (elle), en présentant cette demande au Seigneur.
Le seconde réalité, peut-être moins habituellement vécue, est la prière d’intercession gratuite et désintéressée (sans qu’une demande précise soit formulée) faite au Seigneur pour des personnes, des réalités sociales ou politiques, des nations, la vie du monde etc… Certaines personnes à titre personnel, certains groupes la pratiquent dans l’assemblée de prière ou en dehors.
C’est cette seconde réalité, la prière d’intercession, qui est traitée dans cette fiche. Le texte proposé rappelle l’importance et l’urgence de cette prière dans la vie chrétienne. Mais intercéder pour le monde requiert de la part de ceux qui prient de justes attitudes et dispositions du cœur : ce texte nous apporte des éléments.
Vous avez tous expérimenté des moments de louange, des moments d’adoration. Vous avez tous dans vos groupes des moments d’intercession. Vous avez, à maintes occasions, apporté des requêtes au Seigneur. C’est une forme de prière aussi. Nous avons souvent dans notre Bible ou nos classeurs une liste de sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur. Toutes ces choses sont bonnes, mais il est une forme de prière qui est relativement rare parce qu’elle demande un engagement peut-être plus complet, c’est la prière d’intercession.
Vous vous souvenez de ce chapitre de l’Exode (Ex. 17) où Moïse se tient sur la montage et il élève les mains vers Dieu en priant pour son peuple. Le peuple est en train de combattre dans la vallée contre Amalek, et quand Moïse a les bras levés, le peuple est vainqueur; mais, quand Moïse baisse les bras de fatigue, le peuple est vaincu. C’est une image de l’intercession. Dieu pourrait se passer de la prière de ses enfants, il pourrait intervenir sans nous, mais dans sa bonté, dans son amour, il a jugé bon de nous associer à ses victoires, et dans le cas que je cite, il associe Moïse à la victoire du peuple élu. Et il y a eu des intercesseurs comme lui dans toute l’histoire du peuple de Dieu: souvenez-vous d’Abraham qui intercède pour Sodome et Gomorrhe par exemple (cf. Gn. 18, 22-23).
Et dans le livre d’Ezéchiel (22, 30) Dieu dit qu’il cherche “un homme qui élève un mur, qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays afin que je ne le détruise pas” mais il n’en trouve point.
Dieu voudrait pardonner, Dieu voudrait pouvoir agir et transformer des vies, mais il n’y a personne qui soit là à la brèche, comme un veilleur qui se tient là où il y a une brèche dans la muraille pour que l’ennemi ne rentre pas et ne vienne pas envahir la ville. C’est cela l’intercession, et c’est là où le Seigneur voudrait nous appeler, nous ses enfants, pour changer le monde.[…]
Dans le passage d’Ezéchiel, ce qui est triste, c’est que le Seigneur ne trouve que peu de personnes qui soient prêtes à se livrer à Lui pour intercéder. Parce que la prière d’intercession, contrairement à la prière de demande, est parfaitement désintéressée. Je suis disponible au Seigneur pour les autres, pour le monde, pour les fardeaux qui sont sur le cœur de mon Dieu. Pas pour les miens. Je vais laisser ma liste de requêtes, je vais laisser mes fardeaux personnels et je vais me mettre à la disposition de Dieu. Je laisse la place à Dieu, et Dieu agit, Il agit de façon merveilleuse. Parce que c’est Lui qui est souverain.
Comment vivre cette prière?
Je vais vous donner un certain nombre de démarches qu’il nous faudra accomplir si nous voulons nous approcher de Dieu pour l’intercession, un certain nombre de conditions qui nous permettront d’intercéder.
Tout d’abord, il faut avoir une conscience nette. Il faut vous assurer quand vous rentrez dans votre chambre pour prier, pour intercéder, que vous êtes en règle avec Dieu et avec vos frères et sœurs. Vous connaissez ce passage où il est dit: “Si tu veux apporter ton offrande à l’autel, et que tu te souviennes d’une brouille avec ton frère, commence par te réconcilier avec lui” (Mt 5, 23-24). Et bien, il en est de même, si je veux intercéder, il faut que je sois en règle avec Dieu. Y-a-t-il eu de l’impatience, de la “colère dans mon cœur” ? Y-a-t-il eu une relation difficile ? Il faut commencer par-là. Si vous avez fait du tort à un proche, et qu’il est actuellement absent prenez l’engagement simplement devant Dieu de vous réconcilier lorsque vous le reverrez. Et demandez pardon au Seigneur pour ce qui n’était pas juste dans votre vie : “Si j’avais conçu de l’iniquité dans mon cœur, l’Eternel ne m’aurait point exaucé”. (Ps. 66, 18) Il ne s’agit pas de faire de l’introspection; mais simplement dire : Seigneur, est-ce qu’il y a quelque chose qui me sépare de toi? Et tout de suite, le Seigneur vous éclairera. Alors, vous pouvez continuer. Dieu ne condamne pas, Il convainc de péché. Ce qui est tout à fait différent.
Ensuite, deuxième point, assurons-nous que nous désirons mourir à nous même. Parce que, si je ne suis pas mort à moi-même, si je n’ai pas crucifié le vieil homme qui voudrait prendre la première place, alors, je ne peux pas entrer vraiment dans cette prière d’intercession. Je ne peux pas me consacrer à Dieu pour le monde parce que je ne suis pas prêt. Dieu n’est pas maître dans ma vie. Et je dois aussi mourir à mes fardeaux personnels, à mes propres sujets de prière, à mes idées, à mon imagination, à tout ce qui pourrait me séparer de Dieu afin que l’Esprit soit pleinement libre pour me conduire, et mettre sur mon cœur des fardeaux qui viennent de Dieu.
Ceci m’amène au troisième point. Je ne peux pas prier sans l’assistance du Saint Esprit. “Sans moi, vous ne pouvez rien faire” (Jn 15, 5) disait Jésus à ses disciples, et je crois que nous en sommes tous convaincus. Et nous lui demandons son aide. “Saint-Esprit, viens et prie à travers moi. Donne-moi tes pensées, les pensées de Dieu”. Dans 1 Co. 2, 16, il est dit que nous avons la pensée du Christ. Faut-il encore que nous la prenions, parce que vous savez très bien que nous avons souvent des pensées qui ne sont pas celles du Seigneur. La Bible est pleine de promesses, faut-il encore que nous nous les appropriions. “Seigneur, merci de me donner ta pensée, maintenant, pour l’intercession, alléluia, amen!”
Point suivant: rappelons-nous que l’intercession est un combat. Un combat contre des puissances et des dominations qui tiennent le monde sous leur férule, qui lient les hommes, qui les empêchent d’être libres. Alors si nous entrons dans cette intercession, il va falloir que nous soyons prêts pour ce combat, que nous soyons armés. Si vous vous en prenez aux puissances des ténèbres, il faut vous assurer que vous êtes “revêtus”, que vous êtes prêts. Invoquez sur vous la protection du sang de Jésus-Christ. Et puis revêtez les armes que Dieu vous donne. Dans Ephésiens 6, à partir du verset 11, il nous est dit que nous ne combattons pas contre la chair et le sang, mais contre les puissances et les dominations. Ce n’est pas contre des êtres humains que nous avons à nous battre, mais contre des autorités invisibles. Alors revêtons “l’armure de Dieu, le casque du salut, le bouclier de la foi, la cuirasse de la justice, l’épée de l’Esprit, les chaussures du zèle pour le Seigneur, pour la proclamation de l’Evangile”. Paul s’adresse à des gens qui avaient constamment devant eux des gens armés : l’occupant romain. C’est une comparaison que les Ephésiens comprenaient. Les réalités spirituelles comme la foi ou le zèle ou la justice sont comme une armure qui nous protège : “Seigneur, je prends sur moi la foi que tu me donnes, je prends sur moi ta justice, ton salut, ta vérité… Et puis, je prends autorité sur l’ennemi”. “Soumettez-vous donc à Dieu, résistez au diable, et il fuira loin de vous”. (Jc. 4, 7)
C’est l’autorité que Dieu nous donne. L’ennemi ne peut rien contre nous, mais il faut que nous soyons équipés : “Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents, les scorpions, toute la puissance de l’ennemi. Rien ne pourra vous nuire” (cf. Lc 10, 19). Lorsque je suis équipé, je m’attends à l’Esprit, je m’attends à ce qu’il me donne ses pensées, les pensées de Dieu; je prends le temps d’écouter avant de prier, avant de parler.
Pourquoi intercéder ?
Simplement parce que, depuis la 1ère alliance avec les hommes, le Père cherche des intercesseurs : « J’ai cherché quelqu’un qui se tienne debout sur la brèche devant moi pour défendre le pays… » (Ez 22, 30). Dieu veut passer par les hommes : « Nous sommes les coopérateurs de Dieu »(1 Co 3, 9). Intercéder dès lors n’est pas une option facultative. « De toutes les choses divines, la plus divine est de coopérer avec Dieu au salut des hommes » (Denys cité par Saint Jean de la Croix dans l’ouvrage de Jean Michel Garrigues : « Ce Dieu qui passe par les hommes », tome III, p. 176). Dans sa miséricorde, le Père nous a permis depuis longtemps de coopérer à l’œuvre de son Fils à travers l’expérience de la prière pour les frères.
Un simple devoir d’humanité
Ce n’est pas un charisme, c’est un simple devoir d’humanité. C’est parce que je suis un être humain que je vis cette prière et que j’ai du goût pour m’y tenir. Peu à peu, je prends conscience de ma place dans un monde que je n’ai pas choisi. S’il y a un événement qui me concerne en premier chef et sur lequel je n’ai aucune influence, aucune responsabilité, c’est ma naissance. Il en est ainsi pour les six milliards d’êtres humains qui peuplent la planète. Ma foi chrétienne me les fait accueillir comme frères et sœurs en marche, eux et moi, vers la maison du Père. Quelle extraordinaire aventure !
Maintenant ainsi rendu disponible, Dieu va pouvoir donner des fardeaux, des pensées qui viennent de Lui, des sujets de prière. Il soupire, il attend qu’il y ait des intercesseurs pour changer le monde, il attend que nous nous mettions à genoux.
(Extrait d’un article d’Agnès Persehaie, paru dans Pentecôte Aujourd’hui, n°36)
Quelle place cette prière d’intercession a-t-elle dans votre assemblée de prière ?
Les conditions présentées par l’auteur de l’article ci-dessus vous semblent-elles remplies ?
Cette prière d’intercession, quand elle est vécue, intervient-elle après un temps de louange et une demande à l’Esprit Saint ?
Comment sont exprimées la foi et l’espérance de l’assemblée envers une réponse de Dieu à la prière d’intercession ?
L’intercession pour le monde est un « devoir d’humanité » auquel nous sommes tous conviés. (voir extrait ci-dessous). Cependant le Seigneur appelle certaines personnes à vivre cette intercession de façon plus particulière et leur donne pour vivre cet appel des charismes plus spécifiques. Sommes-nous attentifs à les reconnaître et les encourager dans le groupe de prière ?
Être des « priants sans frontières »
Depuis 18 ans, ce service d’intercession est assuré deux fois par mois par une dizaine de frères et sœurs qui se réunissent en dehors de l’assemblée de prière : une corbeille en permanence au milieu de l’assemblée recueille les intentions. Ensuite, au cœur de cette prière d’intercession, dans un geste d’offrande, elle est présentée au Seigneur. Aucun des papiers n’est lu et ils sont brûlés immédiatement après la prière. Il arrive que le groupe, dans une démarche fraternelle, prie spécialement pour une personne présente, à sa demande, ou pour une intention qui concerne tout le groupe de prière. Ensuite la prière s’élargit. Fréquemment, nous prions pour les personnes qui souffrent du chômage, de la violence, de diverses situations de détresse, pour ceux qui sont responsables du mal.
Depuis quelques années, nous avons été conduits à ouvrir davantage notre prière et à porter régulièrement dans l’intercession les besoins de l’Eglise et du monde : la paix, l’unité entre les chrétiens, les vocations dans l’Eglise, l’avenir des jeunes, le salut des mourants. Dans cette sorte de prière universelle, nous découvrons qu’intercéder c’est être des priants sans frontières, c’est aimer à l’infini selon le cœur du Père en accueillant la grâce de compassion pour que tout homme soit sauvé.
Nous nous sentons appelés progressivement à participer à une sorte de ministère d’intercession en communion avec la prière de toute l’Eglise : « A chaque eucharistie, je confie à l’intercession du Christ toutes les intentions que je porte » ou encore : « Je prolonge fréquemment la prière d’intercession par l’adoration eucharistique » ; « je me sens portée à prier pour les inconnus que je rencontre dans la rue, dans le bus ». « Dans l’intercession, je découvre mieux ce qu’est la communion des saints, en ce monde et dans l’autre ».
Groupe de prière, Bonne Nouvelle, Brest
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°6
Recommandations utiles pour la prière en commun
Par le Pasteur Jean-Daniel Fischer
Ne pas avoir peur du silence. Il a son importance, sa valeur irremplaçable. C’est devant Dieu que nous sommes réunis, c’est son Esprit qui doit guider la réunion; il faut donc lui laisser la possibilité de nous inspirer la prière, la prophétie, la louange qu’il veut…
Si quelqu’un parle constamment pour apporter sa prière, certaines personnes n’auront jamais la possibilité d’entrer dans le dialogue intérieur avec Dieu, d’écouter ce qu’il leur dit et de recevoir la contribution qu’ils devraient apporter à la prière de la communauté. Sans le silence, la prière restera incomplète.
2. Variété :
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des modes de prière :
Il y a une merveilleuse richesse dans la réunion des enfants de Dieu groupés autour du Père : l’expression de son amour pour nous, du nôtre pour Lui, de notre amour fraternel; la louange, l’action de grâce, la repentance, la demande, l’intercession, les prophéties, les langues, leur interprétation, le chant en langues, la recherche de la volonté de Dieu, la consolation…
Donc sauf contre-indication de l’Esprit, pas de monoculture; après quelques passages d’un certain type, passer à d’autres modes d’être ensemble dans la présence de Dieu.
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dans les personnes participantes :
Il ne faudrait pas que ce soient toujours les mêmes qui prient : lorsque après être intervenus à plusieurs reprises, ils se sentent encore poussés à apporter une prophétie, une demande… qu’au lieu de prendre la prière directement à haute voix, ces personnes peuvent demander silencieusement au Seigneur d’inspirer cette prophétie à quelqu’un d’autre dans la réunion.
“Timides”, ne jugez pas par vous-mêmes de la valeur de ce qui vous monte à l’esprit, ne le retenez pas! Cela vous est sans doute inspiré pour quelqu’un d’autre qui en a besoin et que vous priveriez en vous taisant. Enfin, le Père est heureux d’entendre la voix de chacun de ses enfants s’exprimant dans leur originalité.
3. Reconnaître le « fil rouge »
Lorsque le Seigneur rend sa présence manifeste, la prière se construit progressivement : une intention qui est Son intention commence à apparaître et il faut être à l’affût, sensible aux indications et, les ayant reconnues, s’y soumettre joyeusement. On abandonne alors d’autres parties de la prière auxquelles on avait primitivement songé, pour aller dans la direction fournie par l’Esprit.
4. Interprétation et mise en œuvre de ce qui est donné dans la prière
Il peut être bon de s’entretenir ensuite pour clarifier ce que le Seigneur a donné ou montré pendant cette rencontre avec lui, évaluer certaines prophéties, prendre certaines décisions pratiques et s’encourager à obéir joyeusement à ce qui nous est commandé.
RECOMMANDATIONS PRATIQUES
Plusieurs recommandations, non exhaustives, sont indiquées ci-dessous. Elles sont autant de pistes de réflexion à partager en noyau ou avec l’ensemble des participants à l’assemblée de prière pour aller plus loin ensemble afin de se laisser conduire par l’Esprit et accueillir la prière qu’Il met dans nos cœurs pour glorifier le Père avec Jésus.
A – Prier ensemble et non juxtaposer des prières
Une réunion de prière n’est pas une collection d’individus qui prient, mais une assemblée de membres de l’Eglise qui servent leur Seigneur en exerçant ensemble le ministère de la prière. Les membres de l’assemblée de prière ne se sont pas choisis, ils sont rassemblés par Dieu. Ils sont d’une grande variété sociale, culturelle, professionnelle… mais se reconnaissent sous l’action de l’Esprit, fils et filles d’un même Père, frères et sœurs de Jésus.
– Comment accueillons-nous cette diversité ?
Le mot prièreest au singulier. Une réunion de prière n’est pas une succession de prières, mais l’œuvre commune de chrétiens réunis pour la prière. Dans une réunion de prière, il n’y a donc qu’une seule prière formée dans les cœurs par le Saint-Esprit et qui s’exprime successivement par des bouches différentes.
– Sommes-nous attentifs à l’unité donnée par l’Esprit Saint ?
Quand un frère ou une sœur prie, c’est lui qui formule la prière de tous : la mienne par conséquent. Je dois m’efforcer de la prier avec lui, de m’y associer pleinement sans m’arrêter à ses imperfections, ni profiter du temps pour préparer la mienne. Ceci suppose une humilité, un dépouillement de sa volonté propre, un accueil de l’autre, chacun pouvant me transmettre une parole de la part de Dieu au cours de la prière.
– Comment nous aidons-nous à vivre ces attitudes d’accueil et d’humilité dans le groupe ?
B – Collaborer à l’œuvre commune
On ne vient pas à la réunion de prière pour y assister ou pour écouter prier les autres, encore moins pour juger leur prière mais pour collaborer à l’œuvre commune en se soumettant aux directives du Saint-Esprit.
– Sommes-nous conscients de participer à une œuvre commune conduite par l’Esprit Saint ?
– Comment le noyau y veille-t-il et éduque-t-il les frères et sœurs dans ce sens ?
Pour être pleinement disponible, il est important d’arriver à la réunion, déchargé des prières directement personnelles qui ne concernent que Dieu et soi-même et qui alourdiraient le fardeau des autres.
– Quels moyens concrets sont mis en œuvre en début de prière pour aider chacun à déposer ses fardeaux personnels pour être plus disponible ?
Puisqu‘il s’agit d’une seule prière, il faut autant que possible qu’elle se bâtisse de façon harmonieuse. Pour cela, il est bon que chacun continue dans la ligne tracée par la prière précédente, jusqu’à épuisement du sujet. « Dieu n’est pas un Dieu de désordre mais de paix »(cf. 1 Co 14-33). Toutefois, cette recommandation n’a rien d’absolu. L’Esprit souffle où il veut. Aussi ne faut-il pas non plus retenir une prière que le Saint-Esprit met sur le cœur sous prétexte qu’elle ne serait pas « dans le sujet ». Ce qui paraissait hors de sujet peut se révéler après coup comme étant en unité profonde avec l’ensemble : la logique du Saint Esprit n’est pas la nôtre.
– Comment accueillons-nous et discernons-nous les imprévus de l’Esprit qui ne sont pas directement dans « le sujet » ?
C – Veiller à la discrétion, aux silences et au respect des personnes
La prière est une action intime et sacrée. Prier en commun, n’est possible que dans une atmosphère de confiance réciproque et d’amour ardent. Ce que dit Jésus de la prière personnelle s’applique aussi à la prière en commun: le « toi » s’adresse alors à la communauté. Ton Père voit dans le secret. On n’a pas le droit de violer ce secret en divulguant ce qui a été dit à la réunion… en citant des noms par exemple…
– Le noyau du groupe a-t-il le souci de recommander la discrétion par rapport à ce qui est vécu dans l’assemblée ? Comment ?
Nul n’est contraint de prier à haute voix, et l’on n’a pas à juger ceux qui se taisent. Mais un enfant de Dieu ne doit pas prendre part à une réunion de prière en ayant décidé à l’avance qu’il se taira : il doit rester disponible. Méfions-nous de l’excitation psychique, des paroles inutiles et fatigantes pour autrui. Mais prenons garde de ne pas tomber dans un état passif et dans le sommeil (cf. Rm 13, 11).
–Comment, à la fois, respecter l’expression ou la non-expression de chacun dans la prière et exhorter à une participation active de chacun ?
Les silences sont importants pour intérioriser telle parole, telle prophétie… Il n’est pas nécessaire de vouloir à tout prix les combler.
– Comment les respectons-nous et les vivons-nous dans le groupe (temps d’intériorisation, moments pesants…) ?
« La prière communautaire est pour moi une grande grâce. Entendre des frères exprimer ce qu’ils vivent au plus profond d’eux-mêmes me stimule et m’apprend à laisser jaillir aussi ce que j’ai de meilleur en moi. Ma relation à Dieu se fortifie et j’ose en parler simplement. La prière partagée dans le groupe avec une simplicité parfois tout enfantine m’ouvre le cœur pour apprécier ce que le Seigneur a mis de bon en nous et mon regard change sur les autres. J’apprends à traverser l’écorce humaine, l’apparence trompeuse qu’elle donne parfois … Le Renouveau m’a appris à louer Dieu pour lui-même, à lui parler de lui-même. Le chant de Louange dans l’assemblée de prière nous met dans une atmosphère de joie qui nous dispose à la prière confiante : on sait à qui on s’adresse et l’intercession elle-même devient chant de gratitude … ». Jeanne
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°7
Conduire la prière charismatique
Par Guy Noël
Le responsable de la prière, qu’il soit le berger ou un animateur, doit veiller à l’ordre, à l’unité et à la fidélité à l’Esprit Saint. Rôle exigeant qui s’exerce avec des modalités différentes selon l’importance du groupe de prière.
L’Animateur
Sa mission est d’être veilleur mais un veilleur qui discerne, guide, encourage ou redresse, qui aide à maintenir l’unité et la communion dans le groupe, et qui exerce cette responsabilité avec l’équipe d’animation, ce qui suppose un groupe d’une certaine taille.
Il veille
Le rôle d’un veilleur, dans une tour de guet ou sur un rempart, est d’abord de mettre tous ses sens en action pour percevoir toute information relative à un ennemi pour déjouer ses pièges, ses attaques, ou relative à un ami que l’on attend, pour être prêt à l’accueillir.
Il en est de même pour l’animateur de la prière. Il doit d’abord mettre lui aussi tous ses sens en éveil ; il écoute, voit, sent, goûte la prière qui se déroule pour en percevoir l’origine. De trop nombreux animateurs se sentent poussés à beaucoup parler, à combler tous les silences par des chants, des textes ou des prières le plus souvent bien à eux. Et ils oublient que leur rôle premier est de veiller, d’écouter et donc souvent de se taire. Comment un veilleur qui s’agite beaucoup peut-il percevoir les mouvements de l’ennemi ou repérer l’arrivée de l’ami ?
Il discerne
Le rôle du veilleur ne se limite pas à percevoir qu’il se passe quelque chose mais à découvrir l’origine et la nature de ce qu’il perçoit Est-ce un ami ? Un ennemi ? Le vent ? Un animal quelconque ? Est-ce son imagination ? L’animateur devra lui aussi reconnaître l’origine de ce qui se vit dans la prière.
La prière est-elle inspirée par l’Esprit Saint ?
Les fruits de l’Esprit – amour, paix, joie, patience, douceur (voir Ga 5, 22) – se développent-ils dans le groupe ou y a-t-il énervement, jugement, impatience, gêne… ?
Les interventions amènent-elles une unité de la prière ou au contraire une dispersion de celle-ci dans toutes les directions, les différentes formes de prière, louange, intercession, pardon, exhortation, … se chevauchant, chacun faisant sa prière ?
Il guide
A la façon d’un berger, l’animateur doit guider le groupe durant la prière. II s’agit de guider et non de diriger ou d’imposer. Parfois le berger prend la tête du troupeau pour montrer le chemin mais à d’autres moments, quand le troupeau est dans le pâturage, le berger va plutôt se mettre un peu à l’écart, un peu en hauteur si possible et il va veiller sur son troupeau. Si une brebis s’écarte, il va la rechercher. Si tout le troupeau se dirige vers un précipice, il l’en écartera. Si un loup menace le troupeau, il le combattra. Et si le troupeau est paisible il n’interviendra pas. Ainsi en est-il de l’animateur de la prière. Si la prière se déroule dans l’harmonie et qu’il y perçoit la présence de l’Esprit, il n’interviendra pas. Mais si la prière dérape, si la présence de l’ennemi se fait sentir, si le groupe s’endort, si une parole forte du Seigneur est laissée de côté sans qu’elle nourrisse le groupe, si la louange est absente…, alors l’animateur doit intervenir. Il doit aider le groupe à retrouver son unité, à se remettre à l’écoute de la Parole qui a été un peu vite oubliée et à se laisser transformer par elle…
Il est bon aussi qu’il donne, même au cours de la prière le ou les points essentiels que le Seigneur fait vivre au groupe, qu’il explique par quel chemin le Seigneur conduit l’assemblée ce soir là car certains, moins habitués que les anciens, peuvent ne pas percevoir l’unité de la prière.
II encourage ou redresse
La prière charismatique étant une prière spontanée, ouverte à tous il n’est pas rare de rencontrer certaines difficultés. Elles sont de deux ordres possibles : au niveau de la forme ou au niveau du fond.
Au niveau de la forme : certains sont beaucoup trop timides, silencieux et d’autres excessivement bavards. Avec beaucoup d’amour l’animateur doit inciter chacun à exercer les charismes qu’il reçoit de l’Esprit Saint. Que de grâces sont perdues par le manque d’exercice des charismes, manque dû souvent à l’absence d’encouragement. Combien de personnes ont un jour essayé de proposer un chant, de donner un texte, une prophétie… et, faute d’être confirmées, n’ont jamais recommencé. Ne soyons pas chiches en encouragements !
D’autres par contre sont trop bavards, se racontent ou interviennent à contre-temps. Cela peut provoquer un malaise dans le groupe. Dans la première épître aux Corinthiens, Paul nous rappelle une règle importante du déroulement de la prière : “Que tout se passe décemment et dans l’ordre” (1 Co 14, 40).
Au niveau du fond : il n’est pas rare que certains, sans écouter le reste de la prière, interviennent avec leurs propres idées, idées qui souvent “ne sont pas très catholiques”. Ainsi il est facile de détourner de son sens profond un texte de la Parole, de sortir un verset de son contexte, ou encore de confesser un Dieu qui n’est pas notre Dieu (cf. 1 Jn 4, 1-6).
Que ce soit au niveau de la forme ou du fond, l’animateur peut être appelé à reprendre un participant ou réorienter une intervention. Il devra le faire toujours avec beaucoup d’amour et le plus souvent après la prière (cela est plus discret et respecte mieux la personne). Cependant des problèmes plus sérieux peuvent nécessiter une intervention plus immédiate pour rétablir l’ordre ou la vérité. Dans ces moments l’animateur devra vraiment demander à l’Esprit Saint d’agir en lui pour que son intervention soit vraiment juste, ferme, claire mais dans l’amour.
Il aide à maintenir l’unité et la communion dans le groupe
« Mettez le comble à ma joie par l’accord de vos sentiments » (Ph 2, 2). Paul exhorte souvent les communautés à vivre dans l’amour, à vivre dans l’unité, à vivre dans la communion les unes avec les autres. Il ne nous demande pas de perdre notre identité, notre personnalité, il nous demande d’être complémentaires (comparaison avec le corps dans Rm 12, 4 et 1 Co 12, 12) et de vivre cette communion. Comme il nous est plus facile de juger notre prochain et de nous croire meilleur !
Dans tous les groupes il y a des personnes qui gênent, qui dérangent et même qui troublent la prière, souvent des pauvres, des petits. Comment les accueillons-nous ? Sont-ils là aussi marginalisés ? Y a-t-il des clans dans le groupe ? Y a t-il des privilégiés ? De telles attitudes amènent des tensions et le berger, avec le noyau, doit être particulièrement vigilant à maintenir la communion fraternelle. Pendant la prière, l’animateur devra veiller à cette communion, l’unité dans l’assemblée étant source de l’unité de la prière. Celle-ci ne peut se faire à travers les tensions, les divisions, les jugements… « Appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix » (Ep 4, 3). L’animateur est vraiment, pour le groupe, le serviteur de la communion.
L’équipe d’animation
La conduite de la prière ne repose pas habituellement sur l’animateur seul. Il est bon que celui-ci soit entouré de quelques frères et sœurs. En effet l’animateur ne pourra réunir à lui tout seul l’ensemble des qualités nécessaires pour un tel service. Quelle chance pour lui de pouvoir interpeller à voix basse son voisin pour lui demander confirmation ou non de ce qu’il ressent, pour lui demander un conseil ou tout simplement pour recevoir de l’aide quand il panique. L’animateur est un peu comme Pierre qui marche sur les eaux et quelquefois le vent et la tempête ont raison de son peu de foi. Les frères et sœurs de l’équipe d’animation sont alors pour lui un appui important.
LA CONDUITE DE LA PRIERE DANS LES PETITS GROUPES
Beaucoup de groupes ne comptent que quelques personnes. De plus, bon nombre sont récents ou encore peu expérimentés. Les membres du groupe sont peu nombreux à s’exprimer, la louange est difficile, les chants hésitants ; quant aux charismes de recevoir un texte, de prophétie, d’image ou de chant en langues, ils sont souvent inexistants. Pourtant ces petits groupes sont fidèles chaque semaine et, dans leur pauvreté, le Seigneur manifeste son amour et sa tendresse pour chacun. Comment être animateur dans un tel groupe ?
Tout d’abord l’animateur aura nécessairement une place plus importante dans la prière. Bien souvent il est le fondateur du groupe, et bien souvent aussi il est le seul à avoir une vraie expérience de la prière charismatique. De ce fait ses interventions seront plus nombreuses, interventions en tant qu’animateur mais aussi interventions en tant que membre de l’assemblée de prière. Son expérience un peu plus importante l’amènera souvent à donner lui-même un texte de la Parole, à proposer des chants et à déterminer par-là même le déroulement de la prière. Pour bien vivre cette situation, qui ne devrait durer qu’un temps, l’animateur devra tout faire pour aider le groupe à mûrir. Pour cela il veillera à trois points particulièrement :
Ne pas imposer ses idées
Ayant la parole facile, très souvent l’animateur oriente la prière, sans le vouloir, selon ses propres problèmes ou ses idées personnelles ; s’il vit des moments de grâce la prière sera dans la louange, s’il vit un temps d’épreuve, ce sera plus une prière d’intercession et s’il se sent pécheur une prière de demande de pardon. Pour éviter que la prière ne tourne autour de lui, il devra être d’autant plus attentif aux autres interventions, même si elles sont peut être rares et maladroites. Comme pour le prophète Elie (1 R 19, 11…) le Seigneur ne se manifestera pas dans le tonnerre, l’ouragan ou le tremblement de terre mais dans la brise légère de la pauvreté de ses frères et sœurs. A lui de l’écouter.
Former les participants
Jésus a consacré une partie importante de son temps à former ses disciples. Pour l’animateur d’un petit groupe il doit en être de même et cela est difficile.
« Ce que tu dis est tellement beau, et tu le dis tellement mieux que moi ! ». Que de fois entendons-nous ces réflexions ! L’animateur doit faire attention à ne pas entrer dans ce jeu. Au contraire, il doit inciter les membres du groupe à intervenir, et cela tout d’abord en leur laissant de la place dans la prière. Les “nouveaux” ont souvent besoin de temps, et de temps de silence avant d’intervenir.
D’autre part, il doit encourager ceux qui se “lancent” timidement, mais correctement, soit en reprenant leur prière, ce qui leur montre qu’elle est importante, soit en les rencontrant à la fin de la prière pour leur dire que leur intervention était juste, que le groupe a été aidé et qu’ils doivent continuer. Beaucoup de groupes sont silencieux faute d’encouragements de la part de l’animateur.
Veiller à une prière équilibrée
Bien que se déroulant de façon très différente d’une fois à l’autre, la prière charismatique comprend habituellement plusieurs points. En voici quelques-uns qui, sans être une obligation absolue – ce qui serait l’inverse du but recherché – permettront d’aider les groupes débutants :
la louange (chants, psaumes, textes, louange parlée…)
affirmer la présence de Jésus au milieu du groupe
appeler l’Esprit Saint et ses dons sur le groupe
la Parole de Dieu, nourriture indispensable de la prière
la communion fraternelle
Tout en laissant la plus grande liberté au Seigneur l’animateur pourra veiller à ce que ces cinq points soient bien présents dans la prière.
Être animateur de la prière n’est pas facile. Habituellement personne ne se précipite pour ce service. Comme il est bon que plusieurs personnes à tour de rôle exercent ce ministère, les bergers des groupes devront être attentifs à choisir et former des animateurs. Pour cela, n’attendons pas de trouver ceux qui sont parfaits, mais plutôt, avec l’aide de l’Esprit, sachons reconnaître les charismes naissants qui ne demandent qu’à grandir.
Soyons sûrs que l’animateur parfait n’existe pas. La qualité de la prière ne dépend pas d’abord des hommes et de l’animateur en particulier, mais de Dieu, qui donne toujours gratuitement.
Comment les rôles de l’animateur de la prière, énumérés ci-dessus, sont-ils remplis dans votre groupe de prière ? Qu’est-ce qui est avantagé ? Qu’est-ce qui est négligé ?
Comment le noyau du groupe aide-t-il l’animateur de la prière ? Vigilance, discernement, encouragement, unité… ?
Surtout dans les petits groupes, comment l’animateur a-t-il le souci de former des frères et des sœurs pour participer à l’animation ? Quels moyens prend-il :
- La relecture (voir fiche 9 et 10 de ce dossier)
- La formation
- Le souci de « lancer » de nouveaux animateurs
- La participation à des rencontres inter-groupes
L’animateur et le noyau du groupe ont-ils le souci que la prière soit équilibrée, au sens utilisé par l’auteur de l’article ci-dessus ?
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°8
La tentation qui guette nos groupes de prière
Par le Père Raniero Cantalamessa, capucin, prédicateur de la Maison Vaticane
La tentation pour le groupe de prière signifie vouloir être par soi-même, se regarder, se compter, détourner le regard du soleil et regarder l’ombre. Quand le groupe se regarde, parle de lui, se défend, il regarde l’ombre, pas le soleil, le Christ Seigneur.
Ce danger existe, il menace le Renouveau ; je donne l’alarme comme une sentinelle pour que recule ce jour fatal et que Dieu demeure parmi nous le plus longtemps possible; Lui, l’Unique Sauveur et Seigneur, qu’il soit exalté, “Lui Seul”!
Je me suis parfois posé la question : mais qu’est-ce qui plaît tellement à Jésus dans tel groupe de prière ou telle communauté naissante pour que s’y manifestent tant de puissance, tant de prodiges ? J’en suis arrivé à penser que le secret qui les rend si chers à Dieu est leur absolue pauvreté, le fait qu’ils n’aient ni passé ni futur. Ils sont comme “un rien”, à la manière de ces formes de vie qui naissent un matin et disparaissent le soir, absorbées par la vie comme un petit nuage qui disparaît paisiblement dans le ciel après avoir répandu son eau sur la terre.
Dieu cherche une œuvre, petite, qu’il puisse prendre telle quelle, qui ne se préoccupe ni de son passé ni de son avenir. Il cherche une chose d’un moment, gratuite, sans prétention, un “rien” qui n’attend rien en retour que de savoir Dieu heureux et de faire briller dans le monde Sa puissance et Sa capacité créatrice. Le Renouveau dans l’Esprit saura-t-il être ce petit rien cher à Dieu ? Cet instrument “de rien” dans sa main puissante ? Alors libérons-nous de la préoccupation de nous installer, d’assurer au Renouveau un avenir parmi les réalités ecclésiales d’aujourd’hui; libérons-nous des chiffres !
L’avenir de l’Eglise nous suffit, n’est-il pas assuré et suffisant pour tous ? Comme institution, l’Eglise nous suffit. Nous tâchons, si nous le pouvons, de rester, même si peu, prophétie pour l’Eglise. Sachons recevoir de l’Eglise – en particulier de l’Eglise locale – tout ce qui est nécessaire pour vivre la vie dans l’Esprit : les sacrements, l’autorité, les ministères, la doctrine, et sachons verser tout ce que nous sommes, le peu que nous sommes, dans la source de Vie qu’est l’Eglise.
Les dangers qui nous guettent
● Le plus grand est de mettre la main sur le Renouveau et le Saint Esprit. Nous avons tous fait plus ou moins l’expérience de la Sainteté de Dieu comme “feu dévorant”. On peut même dire que le Renouveau est né dans l’Eglise catholique d’une telle expérience. Un des participants au fameux week-end de Duquesne décrit ainsi l’expérience qu’a faite ce soir là le petit groupe réuni à la Chapelle :
“La crainte du Seigneur s’est emparée de nous ; une sorte de terreur sacrée nous empêchait de lever les yeux. Il était là, présent, et nous avions peur de ne pas résister à tant d’amour. Nous l’adorions, comprenant pour la première fois le sens de ce mot. Nous fîmes l’expérience consumante de la réalité de la présence du Seigneur. Alors nous avons compris avec une lumière nouvelle les images de Yahvé sur le mont Sinaï tonnant et explosant du feu de son Etre même et l’expérience d’Isaïe disant : “Notre Dieu est un feu dévorant.” Cette crainte sacrée était la même chose que l’amour. Du moins l’avons-nous perçu ainsi. Quelque chose d’attirant et de beau même si personne n’a eu d’image sensible. C’était comme si la réalité même de Dieu – magnifique et éblouissante – remplissait la pièce et nous comblait” (Ralph Martin, in The Spirit and the Church New York 1976 p. 16).
Mais l’homme ne résiste pas longtemps à cette présence qui pénètre et met à nu. Il s’exclame alors avec Isaïe : “Qui d’entre nous pourra tenir ? C’est un feu dévorant. Qui d’entre nous pourra tenir ? C’est une fournaise sans fin” (Is 33, 14). Ne pouvant supporter ce feu dévorant que fait l’homme pécheur ? Il l’apprivoise, le masque, le tient à distance. Il se replie sur des choses à sa mesure. La flamme est mise “sous le boisseau” et le boisseau c’est le flot de paroles et d’initiatives humaines. L’homme reprend peu à peu le dessus en brassant du vent.
● Apparaît alors la phase idéologique : à la place des choses, on s’occupe de l’idée des choses. Ainsi autrefois, lorsque deux ou trois personnes du Renouveau se retrouvaient, elles priaient ; maintenant, plus d’une fois, elles parlent de l’importance de la prière ! La différence semble infime, en réalité elle est énorme ; dans cette différence consiste justement le Renouveau.
● Apparaît aussile ritualisme : on fait les mêmes choses que la première fois mais sans la puissance de la première fois parce que manquent l’Esprit et la vie. Partout c’est la même sensation de fatigue, d’épuisement. Parfois j’imagine que Marie regardant nos assemblées de prière dit à son fils comme à Cana ; “Ils n’ont plus de vin !”. Nous sommes rendus au point précis indiqué par la parole de Paul : lutter pour ne pas finir avec la chair ; lutter pour rendre son pouvoir à Dieu. Repérer parmi nous toute infiltration de la « chair » ne doit pas nous décevoir : c’est une victoire car dénicher l’ennemi c’est déjà l’avoir vaincu. C’est une oeuvre de libération que la Parole accomplit au milieu de nous…
● Trop d’extériorité. Je n’entends pas ici le fait de battre des mains quand nous prions ensemble par exemple ; mais je pense à la préoccupation excessive de l’image que nous donnons à l’extérieur, ce que l’on peut dire ou penser de nous, ou bien – et c’est autre chose – le fait de dévoiler en public et trop vite ce que le Seigneur fait dans les cœurs ou au sein des groupes, même lorsqu’il s’agit des choses qu’il vaudrait mieux tenir cachées comme “secrets du Roi”. Parfois nous devrions nous souvenir de certaines paroles de Jésus : “Ne fais pas sonner de la trompette devant toi” ou bien “que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite” (Mt 6, 2-3).
Cela part souvent d’une bonne intention : se faire connaître, témoigner des merveilles de Dieu. Mais c’est un chemin risqué. Gagner l’estime et l’approbation de l’Eglise (pape, évêques) est une bonne chose : on ne peut s’en passer pour travailler en pleine communion et être confirmé. Mais trop rechercher ou trop se soucier de cette même approbation peut devenir ce “chercher à plaire aux hommes plutôt qu’à Dieu” que Paul reproche aux Galates (cf. Ga 1, 10). Impossible de voir la fumée avant le feu ; occupons-nous du feu dans l’Eglise, non de la fumée ; de la gloire de Dieu, non de notre gloriole !
● Vouloir tout faire, devenir une force ecclésiale qui embrasse tout, présente dans tous les secteurs. Il y a des frères qui, en toute bonne foi, voudraient que le Renouveau s’occupe d’œuvres sociales, de culture, de volontariat, d’éducation, de jeunes, de drogués… L’expérience de l’Eglise montre que c’est la meilleure façon de tout aplatir, de perdre son charisme particulier, sa force originelle. En fin de compte (on peut le constater un peu aujourd’hui), tout le monde fait pareil et à peine distingue-t-on les ordres contemplatifs des actifs. C’est aussi une tentation d’orgueil : vouloir tout faire.
Demandons-nous : quel est notre charisme ? Pour quoi Dieu a-t-il suscité le Renouveau ? Personne ne doute que dans le Renouveau “nous avons commencé avec l’Esprit” ; alors, pour ne pas finir avec la chair, revenons à notre commencement, à l’essentiel, aux jours pas si lointains de notre jeunesse. Notre vocation est d’affirmer la Seigneurie actuelle, vivante de Jésus, par l’Esprit dans l’Eglise ; de rendre le pouvoir à Dieu et de reconnaître sa puissance (cf. Ps 68, 35) ; d’affirmer que Dieu est Dieu. Pour faire cela il suffit d’enfants et de pauvres gens comme ceux qui ont accueilli Jésus à son entrée à Jérusalem. Mais si personne ne crie cela, Jésus sera contraint de faire crier les pierres.
● Qu’avons-nous fait du Baptême dans l’Esprit ?
Il est des moments et des gestes où cette puissance de Dieu est proclamée avec plus de pureté.
L’effusion ou baptême de l’Esprit ! La grâce propre du Renouveau y est enfermée. Là, Jésus apparaît comme celui qui “est”, il s’y montre Donateur de l’Esprit. Là l’homme n’est rien et Dieu tout. Maintenant, “l’effusion” est passée au second plan. Dans certains groupes peu la reçoivent et l’on pense qu’elle n’est pas indispensable pour vivre le Renouveau. On dit : “mais nous avons reçu le baptême et l’Esprit nous a été donné…” Jésus lui-même était rempli de l’Esprit dès sa conception et pourtant Il a voulu recevoir le baptême dans le Jourdain et l’Esprit a reposé sur lui à nouveau. Car à chaque nouvelle mission ou nouvel appel, correspond une nouvelle effusion de l’Esprit, même si seule la première est sacrement et que les autres ne sont que renouvellement de la grâce baptismale.
Je suis sûr que “l’aplatissement” du Renouveau commence avec cette négligence ; car pour le reste il ne diffère pas beaucoup des autres mouvements ecclésiaux.
Il faut réactualiser ce don : faire des séminaires et proposer l’effusion de l’Esprit. Il faut réveiller les vies chrétiennes endormies ou éteintes ; cela fait, tout deviendra possible au niveau personnel selon l’appel de chacun : engagement social, évangélisation, vocations dans l’Eglise… Car cela naîtra du dynamisme de l’Esprit et non de l’activisme humain. En semblable circonstance, St François que l’on poussait à solliciter du Pape l’autorisation de prêcher et confesser dans toutes les églises (car souvent les évêques refusaient l’autorisation de le faire), répondit : “Soyez sans inquiétude : ceux qui se convertissent trouveront toujours des confesseurs” (op cit. p. 996). Nous, occupons-nous de convertir, de réveiller la foi, sûrs qu’ensuite ils trouveront dans l’Eglise tout ce qu’il faut pour nourrir la vie nouvelle retrouvée.
A quelle(s) tentation(s), parmi celles énumérées par le Père Cantalamessa, notre groupe de prière est-il soumis ?
Quels moyens mettons-nous en place pour maintenir et faire grandir le groupe dans la grâce du Renouveau ?
Quels soucis de reconnaissance, d’acceptation… auprès des autres communautés ecclésiales avons-nous ?
Acceptons-nous d’être ce « rien » pour que Dieu puisse agir comme il l’entend ?
L’assemblée de prière charismatique : comme pour l’artichaut, aller jusqu’au cœur !
Il est possible de comparer le déroulement de l’assemblée de prière à la façon dont on mange un artichaut !!
Les premières feuilles
Au début d’un artichaut, les premières feuilles ne sont pas les meilleures. Elles sont assez petites, parfois un peu abîmées et si le pied n’a pas été coupé bien court, la partie comestible est mélangée à des parties fibreuses. Bref, on peut les manger mais on attend les suivantes avec impatience.
– Le début de la prière est souvent à cette image. Les participants viennent d’arriver, parfois avec un peu de retard, la tête bien remplie des soucis, des bruits et de l’agitation de la journée. La prière démarre mais la louange n’est pas aussi belle qu’on pourrait l’espérer. Les visages et les cœurs, encore un peu fermés, ne traduisent pas les paroles de joie, de paix et de confiance des chants, les interventions vont un peu dans tous les sens… Et puis progressivement cela va de mieux en mieux.
Les grosses feuilles
Dans l’artichaut, les premières feuilles passées, l’on déguste alors les plus grosses, les biens charnues et l’on peut pleinement apprécier la chair savoureuse que l’on déguste feuille après feuille.
– Dans la prière c’est le moment où tout va bien. Chacun est maintenant dans la prière, attentif à ce qui se dit et se vit. L’Esprit Saint, que l’on a demandé avec insistance dans la foi, inspire les frères et sœurs et la prière trouve son unité. Les charismes s’exercent, maladroitement peut-être, mais la prière en est nourrie. La Parole a été donnée. Elle touche les cœurs. Comme cela est beau !!
Les petites feuilles du centre
Mais les grosses feuilles de l’artichaut ne durent qu’un temps. Les suivantes se font de plus en plus petites et la chair devient de plus en plus rare. Alors on en prend plusieurs à la fois et parfois même on ne les mange plus et on les met de côté directement car elles ne valent plus le coup.
– Dans la prière, quand on reçoit textes, prophéties, images…, il est facile au début d’intervenir et de se laisser porter par le sens de la prière. Mais durer est difficile pour rester dans le sens de la prière pour aller plus en profondeur, pour ne pas rester en superficie. Et là, la prière commence à tourner un peu en rond, se disperse et finit par perdre sa belle unité.
Le foin
Qu’elle est désagréable cette partie de l’artichaut ! Un peu de foin dans la bouche et nous perdons tout le bonheur que nous venons d’avoir. Il faut prendre le temps d’ôter ce foin avant de pouvoir goûter au suprême du cœur que l’on va enfin découvrir. Il serait très tentant de caler et de recommencer un autre artichaut.
– Et bien, il en est ainsi dans beaucoup d’assemblées de prière. Quand le « thème » central de la prière paraît s’épuiser, chacun commence à reprendre ses bonnes idées et à faire sa prière. Il n’y a plus d’unité. C’est un moment un peu difficile et la tentation est forte de repartir sur un autre thème – un nouvel artichaut – sans aller plus en profondeur dans la prière.
Le rôle de l’animation est ici important. Il faut aider le groupe à continuer dans le sens initial de la prière. Il est bon reprendre les points importants sur lesquels la prière s’est construite : texte de la Parole, images, prophéties, interventions, chants, exhortations, … Il faut aider à ne pas rester en superficie mais à ce que chacun se laisse toucher, interpeller, aimer, consoler, … en profondeur.
Quel dommage si l’on ne goûtait pas ce moment si délicieux ! Pour y arriver, il a fallu passer les premières feuilles, se délecter des plus belles, accepter les suivantes plus petites et surtout ne pas se laisser arrêter par cet obstacle qu’est le foin.
Si l’on arrive à rester centré sur la prière, à approfondir ce qui est déjà donné, à ne pas tomber dans la facilité des interventions faciles, alors on pourra vivre des moments de grandes profondeurs, où les participants sont vraiment touchés au cœur, où le Seigneur peut en abondance déverser ses trésors d’amour et de miséricorde, où chacun peut recevoir et vivre pleinement l’Effusion de l’Esprit. (Guy Noël)
Note : MOTION : terme utilisé pour le discernement des esprits selon la méthode ignatienne. Il s’agit de reconnaître les mouvements intérieurs qui me traversent pendant et après la prière. En prendre conscience, les repérer, les distinguer pour discerner comment ils nous portent: vers Dieu ou à la dérive, et savoir quoi en faire. C’est un éprouvé qui manifeste où j’en suis dans ma vie spirituelle (c’est de l’affectif, des sentiments), tonifiant ou affadissant, trouble, découragement ou force, courage, confiance, paix…. Des règles de discernement permettent de reconnaître ces diverses motions qui sont des états passagers qui donnent des indications sur ma vie spirituelle et éventuellement des décisions à prendre.
EMOTION : terme psychologique qui peut se définir comme un trouble de l’adaptation des conduites face à des situations nouvelles avec des réactions physiologiques et affectives et qui couvre un très grand champ de ressentis et de réactions.
Pour qui veut progresser dans les voies de Dieu, la relecture est un moyen indispensable que ce soit dans la vie personnelle ou communautaire. Les assemblées de prière n’échappent pas à cette règle de vie spirituelle et la relecture doit en être faite régulièrement et avec soin. Cette relecture peut revêtir plusieurs formes qui sont abordées dans les deux fiches 9 et 10 de ce dossier.
La forme qui vient le plus spontanément à l’esprit est la relecture du don de Dieu, de son action. C’est l’objet de la fiche 9. Elle est faite en général par le berger et le noyau en dehors de l’assemblée ; mais, en certaines circonstances, elle peut être faite par l’ensemble des membres de l’assemblée sous la conduite d’un animateur. Par exemple, si l’assemblée a pris une tournure inattendue, déroutante, si elle a été ressentie comme « difficile » par l’animateur, une relecture avec tous peut permettre de mieux comprendre le chemin pris par le Seigneur ce soir-là.
D’autres formes de relecture sont nécessaires. Elles sont davantage abordées dans la fiche 10 et touchent au vécu des personnes : celui des membres de l’assemblée de prière ; celui des membres de l’équipe d’animation, celui du groupe en tant que « corps ». Elles favorisent l’apprentissage de la distinction entre motions et émotions : nos émotions peuvent être fortes, elles n’en sont pas pour autant suscitées par l’Esprit Saint. Et il est bon d’apprendre à discerner l’origine des motions (sur motions et émotions, voir note ci-dessous).
Relire le vécu permet aussi, à travers l’écoute de chacun, d’éviter les non-dits, les mal-êtres, les frustrations qui sinon risquent de resurgir à un moment ou un autre et de façon plus douloureuse.
Bonnes et fructueuses relectures sans jamais perdre de vue le but ultime : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Lc 10, 27).
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°9
La relecture dans l’assemblée de prière
Par Bruno Fabre, Tychique N° 105
Dieu parle à un peuple qui marche !
Encore faut-il s’arrêter pour saisir quelle parole le Seigneur nous adresse et comment poursuivre cette marche. Quand un groupe de prière prend le temps de s’arrêter pour relire et s’unifier dans l’accueil du don de Dieu, il garantit son progrès spirituel.
Cette relecture est une prière de distance, un recul par rapport au temps de la prière qui a été vécue. On y revient pour dégager l’essentiel du don de Dieu, un sens, une plus claire compréhension, un chemin. Ainsi, d’une assemblée de prière à l’autre, on voit se déployer toute une expérience spirituelle : Dieu est bien un Dieu qui parle et qui agit. Un groupe de prière sans mémoire est un groupe qui tôt ou tard tourne en rond, incapable d’accueillir et de répondre à la Parole qui le fait vivre, incapable d’entrer dans l’action de grâce véritable et le témoignage.
On se retrouve bien à chaque assemblée dans l’attente de quelque chose de nouveau, mais on ressemble plus aux “citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau” (Jr 2, 13). Incapables de relire et d’accueillir le don de Dieu, nous sommes alors ni sollicités, ni éduqués au niveau de la foi. Une terre sans profondeur, où tout, “faute de racines, s’est desséché” ! (Mt 13, 6)
I — FAIRE MEMOIRE POUR PROGRESSER
Dieu parle. Il trace un chemin par sa Parole pour un peuple qui est là pour l’accueillir. D’une assemblée de prière à une autre, c’est une parole précise. La relecture permet de voir comment l’Esprit Saint nous conduit et nous édifie.
Pour nous convertir
La relecture, ce retour sur hier, est une terre ferme où prendre appui. Elle est le prélude au mouvement de conversion, qui est toujours un progrès : nous nous retournons vers cette présence de Dieu qui parle. Ainsi reconnue dans l’histoire de notre groupe, elle nous engage dans une nouvelle rencontre. La relecture prépare notre réponse pour aujourd’hui; c’est un pas de conversion, de repentance de nos errances, une décision d’une plus grande écoute et fidélité à Dieu qui ne cesse de parler et d’agir au milieu de nous.
Le seul danger de la relecture : qu’elle ne se greffe pas sur un véritable choix, qu’elle ne débouche pas sur un pas concret pour Dieu. Ce n’est donc pas une simple évaluation, qui va soit flatter nos complaisances et nos habitudes, soit nous décourager, une pesée du négatif ou du positif. C’est mieux que cela.
Relire est fondamental pour avancer dans une direction. Il s’agit de faire le point, comme sur une carte routière ; sur quelle route sommes-nous ? D’où venons-nous ? Par quel chemin ? Quelle était l’étape précédente ? Il s’agit de “lier”, “relier” ce que Dieu a donné à chaque assemblée de prière, et d’une assemblée à l’autre sur une période plus ou moins longue : telle parole reçue, telle situation, telle démarche entreprise, telle demande adressée… Quand nous relisons, nous sommes amenés à ne pas projeter dans l’avenir, mais davantage à accueillir le réel. Entrer dans la précision de la parole qui nous est adressée nous fait entrer dans la précision de la réponse à donner, en fonction de ce que nous vivons.
Relire est un exercice de mémoire nécessaire pour savoir où nous en sommes et quel visage de Dieu se découvre à nous. C’est une appropriation de la grâce de Dieu. En se tournant vers Dieu chacun peut recevoir la lumière et la miséricorde qui permettent de reprendre la route. En repassant les assemblées de prière, nous pouvons mettre au clair notre croissance dans l’Esprit et la pédagogie de Dieu dans notre groupe. Nous percevons d’un temps de prière à un autre la continuité qui existe.
La relecture est l’amorce d’un discernement. C’est-à-dire la recherche de la volonté de Dieu pour notre groupe et pour chacun. Discerner consiste à choisir entre plusieurs choses souvent bonnes ! Tout peut être bon, sans pour autant que tout soit profitable. Dans ce qui est exercé comme charismes, il y a lieu d’encourager ou de corriger. Ce discernement consiste à :
reconnaître la présence de l’Esprit, l’essentiel du don de Dieu au milieu de tout ce qui se vit, s’exprime ou se tait dans la prière,
reconnaître l‘œuvre de l’Esprit en chacun et en tous, en veillant à encourager par la suite les charismes qui édifient l’assemblée. C’est au noyau d’animation de susciter, soutenir et discerner leurs manifestations,
reconnaître le chemin au travers du déroulement de la prière. Entre le début et la fin, il est apparu quelque chose qui nous interroge : que s’est-il passé ? Du coup nous pouvons percevoir à quel moment nous avons été déviés ou rassemblés.
L’Esprit Saint sera surtout reconnu en ce qu’Il entraîne chacun à la suite du Christ, l’invitant à se tourner vers lui, bâtissant le groupe de prière en une “communauté” qui n’a qu’un même cœur, un seul Esprit. Discerner, c’est aboutir toujours à une réponse aux appels de l’Esprit.
II — ETAPES ET MOYENS
Des préalables indispensables:
Un climat de prière et de communion.
Quelqu’un qui note : un cahier où, à la suite de chaque assemblée, on a pu consigner les textes de l’Ecriture, les paroles et visions prophétiques, ainsi que les démarches ou initiatives particulières. Ce cahier sera la mémoire d’un itinéraire poursuivi sur une année et plus.
Des étapes:
On commence par l’action de grâce qui reconnaît la source et son jaillissement. Reconnaître la présence de Dieu dans le groupe et dans ce qu’il donne, en revoyant ce qui s’est passé.
1) Recueillir le « fruit », en sachant distinguer l’enveloppe et le fruit lui-même :
l’enveloppe : c’est-à-dire la forme de la prière (les lieux, la durée, le style de prière (louange – intercession…),
le fruit lui-même : c’est-à-dire le fond : la Parole qui nous est donnée et qui nous a rejoints. Tirer le “fil rouge”, l’interpellation ou la promesse que Dieu nous a adressée.
Nous appuyant sur la miséricorde de Dieu et le pardon mutuel, reconnaître nos écarts, nos refus, nos manques d’audace ou d’écoute, nos déraillements, nos “fruits amers” (ennui, lourdeur, éparpillement…), le décalage entre ce que nous recevons et nos réponses.
2) Enfin, nous choisissons et décidons ce qui peut être profitable pour nos prochaines assemblées (enseignement, formation, partage, témoignage…)
Cette relecture est d’abord une des tâches essentielles du noyau d’animation, mais parfois elle peut être suscitée au niveau de l’ensemble du groupe de prière. Le plus souvent, le noyau d’animation, se retrouvant régulièrement, fait cette relecture. Il aura ainsi à prendre des décisions pour la bonne marche du groupe. Par expérience, cette relecture est à éviter le soir même de la prière. Elle n’est pas à faire à la sortie du groupe. Il est sage de prendre le recul nécessaire, et de ne pas juger tout de suite et trop vite ce qui a été Parole de Dieu, laissant justement le chemin de la Parole se faire en chacun. Sans quoi on invalide le don de Dieu !
On pourra s’aider de la grille qui suit.
Plus rarement, c’est toute l’assemblée qui peut être amenée à faire sur-le-champ, au cours même de la prière, une relecture. En effet à la suite de ce qui s’y passe ou d’une parole, il est bon de s’arrêter pour comprendre ce que Dieu veut nous dire et attend de nous.
Cela suppose alors :
un animateur qui peut être préférentiellement le berger du groupe,
de respecter certaines règles, comme celles de :
l’ici et maintenant : on exprime ce que l’on sent dans ce qui se vit ici et maintenant, dans le groupe. Ainsi on sera confronté à la présence de Dieu qui se donne ici, dans sa Parole et dans les frères présents.
dire “ce que je sens“, et non pas d’abord “ce que je pense” de manière à ne pas interpréter trop vite,
accueillir tout : être prêt à accueillir le bon et le moins bon, comme “l’ivraie et le bon grain” (Mt 13, 24),
accueillir tous : il s’agit de pouvoir donner la parole à tous, y compris les “mécontents, insatisfaits…” ! Sachant que les combats font partie de l’avancée et permettent de souligner les points de passages devant lesquels le groupe se trouve.
L’animateur aura à créer une atmosphère d’écoute, à ouvrir et élargir la perspective. Parfois il fera préciser telle ou telle parole de la prière. Evitant de trop s’impliquer lui-même, il servira de “réflecteur”, renvoyant la parole, celle qui s’élabore à travers les interventions de chacun. Parfois il pourra souligner les points importants qui se dégagent. Il veillera à ce que ce ne soit pas quelques-uns qui s’emparent de ce temps (toujours les mêmes qui parlent !). Il saura arrêter ce temps.
Cette relecture peut déboucher sur :
la reprise et la poursuite de la prière,
une étape de délibération et de discernement,
un enseignement spontané,
l’écoute plus attentive de quelqu’un, un témoignage,
une démarche de prière pour certains ou pour tous,
un temps de partage…
Quels que soient les moments et les circonstances de la relecture, nous sommes convoqués à cette évidence: Dieu parle pour que nous puissions lui répondre. Notre décision pour Dieu ne peut se fonder que sur la reconnaissance de ce qu’Il dit et de ce qu’Il donne. On ne peut agir, entreprendre, marcher et grandir sans cette écoute d’une parole reconnue et discernée.
Grille de relecture du groupe de prière
Avant
Se souvenir de la dernière assemblée de prière
Sur quelle Parole sommes-nous restés ?
Quelle impression avons-nous gardée ? (silence, lourdeur, louange, écoute…)
Le noyau d’animation et les différents services (musique, accueil, animateur de la prière etc…)
Comment nous sommes-nous préparés dans la prière et la communion fraternelle ?
Les lieux : En quoi sont-ils accueillants ?
Nous-mêmes, sommes-nous disponibles ?
Pendant
Comment avons-nous commencé notre assemblée ( louange…) ?
Que s’est-il passé pendant ce temps ?
Combien de temps avons-nous prié ?
Etait-ce difficile (au début, au milieu, à la fin) ?
Quelle place ont eu : les charismes : chant en langues, prophétie etc…, les chants ?
Quelle Parole de Dieu avons-nous reçue et de quelle façon ? (à travers les textes de l’Ecriture, prophétie, le déroulement de la prière) ?
Qu’avons-nous ressenti ?
Quelle invitation, interpellation avons-nous entendue ? Quel « fil rouge » ?
Qu’avons-nous fait ou été amenés à vivre comme démarche ? Prière pour certains, réconciliation, engagement ensemble.
Quelle initiative avons-nous prise ?
Comment étions-nous ? Endormis, dispersés ?
Rassemblés et à l’écoute ? Au début, au milieu, à la fin
Sommes-nous restés au niveau d’une écoute qui nous centrait sur Dieu ou plutôt sur nous-mêmes et nos habitudes ?
Comment avons-nous terminé ?
Qu’avons-nous dit ou proposé au groupe ?
Quelles orientations se dessinent ?
Quelles orientations pour la prochaine fois ? Quelle proposition pour grandir (enseignement, sept semaines, ouverture)
Quelle relation fraternelle s’est établie dans le groupe, suite à cette assemblée : Partage, intercession, ouverture ?
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L’ASSEMBLEE DE PRIERE Fiche n°10
Propositions pour la relecture de l’assemblée de prière
Guy Noël
Les quatre propositions qui suivent ne sont là que pour aider la relecture.
Elles sont particulièrement détaillées sans toutefois être exhaustives. Il ne serait pas bon de vouloir reprendre la totalité de ces points pour la relecture d’une assemblée de prière. Pour une relecture il sera intéressant :
– soit de prendre une grille, ou certains points d’une grille,
– soit de “piocher” dans les différentes grilles et de suivre un thème, par exemple : “la place de la Parole”, dans mon vécu personnel de la prière, dans le vécu du
groupe, au niveau de l’animation, sur sa place dans la prière.
Les responsables de la relecture devront faire un choix dans ce qui est proposé, choix qui pourra être guidé par le but poursuivi, et par exemple pour :
– aider les membres du groupe à reconnaître pourquoi ils n’interviennent pas dans la prière,
– aider ceux qui exercent des charismes prophétiques,
– discerner ce que le Seigneur veut nous dire dans ce qui a été vécu dans l’assemblée de prière,
– faire le point sur la façon dont l’animateur (ou l’équipe d’animation) de la prière a exercé ce service.
Il est important de le souligner avant toute chose : La relecture ne doit pas être centrée sur la prière elle-même (sur l’Eglise en prière que nous sommes) mais sur le Seigneur et son action au milieu de nous (et notre écoute et réponse à son action). C’est un élément clé. Il n’est souvent pas compris, c’est pour cela que nous restons au niveau de la pensée et du psychologique ou même des habitudes et rites…
Laissons-nous Dieu être Dieu, cherchons-nous à être saisis par le Seigneur ou à contrôler et à cadrer la prière ? Ce sont des questions clés : la relecture, si elle est mal conduite, peut être le pire des outils de sclérose.
I – Grille de relecture du groupe
Cette relecture est celle du vécu des membres du groupe (et non de celui d’une personne). Il n’est pas rare en effet que, compte tenu de son vécu personnel (fatigue, soucis, maladie ou joie, paix…) une personne vive la prière de façon assez différente de celle des autres membres du groupe. Ainsi, parfois, après une assemblée de prière que nous avons mal vécue (prière terne, ennuyeuse, décousue…) nous entendons les frères et sœurs dire au contraire combien la prière était belle, riche, unifiée, …
Dans cette relecture, tout en s’appuyant sur le vécu et le partage de chacun, il faut essayer de dégager ce qui concerne l’ensemble du groupe en repérant les vécus personnels isolés. Il faudra cependant veiller à respecter ces personnes dans ce qu’elles ont vécu. Cette relecture concerne principalement la façon dont s’est vécue la prière, plus que son contenu, point qui fait l’objet de la 3e grille.
- °qualité de :
- la louange
- l’exercice des charismes
- de la communion fraternelle
- la prière était-elle vivante, éteinte, silencieuse, joyeuse, confiante, triste, … ?
- les intervenants étaient-ils rares ou nombreux ?
- des personnes ont-elles monopolisé la parole ?
- y a-t-il eu des témoignages de l’action du Seigneur dans la vie des personnes ?
- la Parole a-t-elle touché des cœurs (ou est-elle tombée dans le désert) ?
- quelle est la parole de sagesse qui résumerait la prière ? A-t-elle été perçue par le groupe ?
- qu’est-ce qui a aidé le groupe ? Qu’est-ce qui l’a gêné ?
II – Grille personnelle de relecture
A l’inverse de la grille précédente, il s’agit cette fois, de voir comment chacun a vécu personnellement la prière. Cette relecture, même faite en commun, ne peut être que personnelle, et la façon dont chacun a vécu la prière doit être respectée. Cependant une relecture, quel que soit le thème ou la grille utilisé, peut amener certaines personnes à évoluer dans la perception qu’elles garderont de la prière.
De la même façon que précédemment elle concerne plus la façon dont s’est vécue la prière, plus que son contenu, point qui fait l’objet de la 3e grille.
Mon attitude pendant la prière
- Seulement ” écoutant “ parce que :
- je n’ai rien reçu
- je n’ai pas eu le temps d’intervenir
- je n’ai pas osé intervenir (peur de me tromper, timidité…)
- je n’étais pas en forme
- …
- Je suis intervenu dans la prière :
- mes interventions me paraissent-elles (maintenant) justifiées ?
- si oui, ai-je perçu ce qui m’a poussé à intervenir ?
- si non, est-ce que je perçois mon problème de discernement ?
- ai-je tout donné ce que j’ai reçu (prière, texte, prophétie, image, …) ? Sinon, pourquoi ? :
- j’étais déjà trop intervenu
- je n’ai pas trouvé le texte dans ma bible
- quelqu’un a donné la même chose juste avant
- …
- Quelle a été mon « écoute » de la prière :
- bonne
- mauvaise. J’étais perturbé par des problèmes :
- internes au groupe (une personne, des interventions…)
- externes au groupe, c’est à dire personnels : (professionnels, familiaux, santé…)
- autres
- Etais-je à l’écoute de l’Esprit ?
- Suis-je venu avec des idées pour la prière ?
- Si oui ai-je réussi à m’en dégager, ou ai-je tenu à “placer” ma bonne idée ?
- La louange était-elle facile pour moi ?
Mon vécu de la prière :
- Ai-je bien ou mal vécu la prière ?
- qu’est-ce qui m’a aidé ?
- qu’est-ce qui m’a gêné ?
- Ai-je été touché par une parole, une prière, une démarche, un témoignage, … ? Quels fruits à venir ?
- Est-ce que je peux donner, en quelques mots, ce qui pour moi est la parole de sagesse de la prière (résumé), c’est à dire ce que je retiendrai de la prière ?
III – Grille de relecture du contenu de la prière
Cette fois la relecture s’intéresse uniquement au contenu de la prière. Elle permet de percevoir ce qui a été vécu dans la prière, mais quant à son contenu et non plus sur sa forme. Effectuée en noyau elle permet de repérer les appels du Seigneur et de discerner les suites éventuelles à y donner. Vécues avec l’ensemble du groupe elle peut aider les participants, surtout les plus récents, à comprendre le déroulement de la prière qui vient de se passer et ainsi c’est une formation qui leur permettra de mieux vivre les temps de prière du groupe.
- quels sont les différents moments importants de la prière ?
- reconnaît-on, au cours de cette assemblée, un chemin parcouru ensemble ? Ce que le Seigneur voulait faire ou voulait nous dire (le fil rouge) ?
- quelles sont les paroles fortes qui ont particulièrement interpellé l’assemblée ?
- quelle a été la dominante de la prière :
- la louange
- l’intercession
- les témoignages
- la proclamation et méditation de la Parole
- …
- quelle “parole de sagesse” résumerait le mieux la prière (3 ou 4 mots) ?
IV – Grille de relecture de l’animation de la prière
Surtout vécue par le noyau du groupe de prière, cette relecture permet de progresser dans la façon de conduire une assemblée de prière.
Comme tout n’est jamais parfait, ce type de relecture est parfois plus difficile à vivre. Tout d’abord commencer par ce qui est bien. Cela encourage ceux qui ont eu la charge de l’animation et les prépare à accueillir les points plus négatifs. Il s’agit de vivre ce temps dans la vérité. En effet pour ne pas blesser, souvent on ne partage pas vraiment ce que l’on pense. Il faut partager dans l’amour et la vérité. S’il manque la vérité, on se fait seulement plaisir, et l’on n’avance pas. S’il manque l’amour on peut fortement blesser les frères et sœurs qui, avec beaucoup de bonne volonté, ont essayé de faire de leur mieux.
Veiller à ne pas en rester au niveau des critiques, qu’elles soient positives ou négatives, mais en tirer des enseignements pour que chacun grandisse dans ce service de la conduite de la prière.
- de quelle façon percevons-nous l’animation de la prière qui vient de se vivre :
- directive, omniprésente ?
- trop libre, inexistante ?
- juste ?
- y-avait-il quelque chose de prévu avant la prière (enseignement, démarche, adoration, groupe de partage…) ? Si oui, avons-nous été disponibles pour, si nécessaire, changer nos plans afin de suivre ceux du Seigneur ?
- est-il intervenu trop, juste, pas assez ?
- était-il trop directif, juste, trop libéral ?
- a-t-il imposé sa prière, ses idées, ou a-t-il été serviteur pour aider le groupe a vivre la prière selon l’Esprit ?
- est-il intervenu pour :
- “remettre” la prière dans l’ordre
- aider à la communion des membres et à l’unité de la prière ?
- aider à percevoir le sens de la prière ?
- a-t-il perçu le “fil rouge” ? Comment a-t-il vécu les “dérapages” ? Qu’a-t-il fait à ce moment ?
- dans l’animation : qu’est-ce qui apparaît bon ? qu’est-ce qui apparaît moins bon ?
Les suites de la relecture
Une relecture de l’assemblée de prière ne se suffit pas à elle-même.
Il est fréquent que des groupes s’exercent à la relecture et que cela n’aille pas au-delà de l’exercice. Souvent la relecture se borne à constater que cela va … ou ne va pas ; ce qui dans un sens est déjà bien, mais qui est bien en deçà de ce que l’on peut attendre.
Pendant ou à la fin d’une relecture, il est nécessaire que des décisions soient prises. Voici quelques exemples de décisions possibles :
– il a été reconnu qu’un membre du groupe s’est jeté à l’eau et a lu un texte de la Parole, et ceci pour la première fois. Ce texte a vraiment conduit la prière et les interventions montraient que des personnes ont été touchées par ce texte. Cependant le texte était trop long. Il aurait fallu ne lire qu’un passage plus restreint. Une fois cette constatation faite, il faut prendre une décision : il faut encourager cette personne et l’aider à progresser dans cet exercice, et pour cela il faut décider qui ira l’encourager et l’aider. Sans cette décision sur ce point, la relecture n’aura pas servi à grand-chose.
– des dérapages dans la prière : pas assez de silence, des interventions inopportunes, prière dispersée car pas assez d’écoute, … Il faudrait faire des enseignements sur l’assemblée de prière. Pour ne pas en rester au stade des bonnes intentions, il faut déterminer les sujets des enseignements, la durée, les dates, qui les fait, …
– dans la relecture il apparaît que régulièrement le groupe est interpellé sur le même point, par exemple : accueil, évangélisation, adoration eucharistique, œcuménisme, pardon, … Une fois ce point mis au jour, quelle suite va-t-on donner ?
-
…
Souvent des groupes n’avancent pas en « eau profonde », et, de ce fait, manquent de dynamisme, faute d’avoir entendu les appels du Seigneur (relecture et discernement), mais surtout aussi faute d’avoir pris les décisions qui s’imposent et de les avoir tenues.
Bravo et merci ! Je viens de recevoir la mission de Bergère – Ce soir j’ai pris le temps de regarder vos fiches- Cela fait une trentaine d’années que je suis entrée dans le groupe, au début de façon plus ou moins régulière… puis est venu le temps de la fidélité ! De l’appel à m’engager davantage dans des formations de guérison jusqu’à ce nouvel appel comme bergère ! – Je découvre qu’il y a encore tellement de choses à vivre, à apprendre …. jamais fini !! – J’ai trouvé vos fiches très concrètes, je vais les éditer pour y revenir, la relecture me parle, mais je ne vois pas bien encore comment la mettre en œuvre au niveau du groupe – en noyau oui mais en groupe ? Je vais essayer de relire encore davantage vos fiches – de partager cette recherche avec des anciens, mais peut-être vous-même pouvez vous me donner quelques clefs ? Cette relecture est à faire à quel rythme ? En fin de rencontre de prière ? – Merci d’avoir su rendre vos fiches attractives par leur présentation !
Paix et joie à vous. Je suis un responsable dans un groupe de prière qui a soif de se former et de former. Et j’ai trouvé édifiant à juste titre les thèmes développer. Je sollicite votre soutien si je peux avoir ce document en livre ou en PDF afin d’en faire un usage qui me sera bénéfique et pour moi et pour mon groupe de prière. Que le Seigneur soit loué.
Merci de vos encouragements ! Vous trouverez facilement sue le net des logiciels gratuits qui vous convertiront, à partir de l’URL de la page du site, le document en PDF. François Lebon