Il guérit les malades …

« Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima » (Mc 10, 21)

De retour de Tressaint …

Par Marie-Hélène Martin, ex-membre du Conseil National de Fraternité Pentecôte.

Du 15 au 20 mai 2022, au foyer de charité de Tressaint, a été lancé par la Fraternité Pentecôte un nouveau cycle de formation : pour une centaine de participants, venus de toute la France, une initiation à différentes formes de prières en vue de demander au Seigneur des guérisons.

Depuis la première session, en 2009 à Angoulême, de nombreuses personnes ont déjà bénéficié des enseignements de Denise Bergeron, de la Communauté de l’Alliance (Québec), et les mettent en pratique dans des lieux d’accueil où elles reçoivent des frères et sœurs en souffrance.

Là où cela peut se vivre, on fait l’expérience de l’infinie miséricorde du Seigneur, qui répand ses grâces à profusion, pourvu qu’on soit disposé à les recevoir… et qu’il y ait des priants bien formés pour en être le canal.

Au cours de la formation, en étant à tour de rôle priant et « suppliant » (celui qui demande la prière pour tel ou tel problème personnel), on ne peut que s’émerveiller devant l’œuvre du Seigneur, qui aujourd’hui comme hier passe parmi nous, guérit les malades et chasse les esprits mauvais, exactement comme on le lit en Marc 1, 34.

Et cela n’exige rien d’autre de nous qu’une foi éclairée, une confiance absolue dans l’amour du Père pour tous ses enfants, la docilité aux motions de l’Esprit Saint, un cœur de compassion pour nos frères et sœurs en souffrance, et la plus grande humilité ; car rien ne serait plus dommageable que de nous enorgueillir de ces « miracles » qui se font sous nos yeux, alors que là comme dans d’autres services nous ne sommes que des serviteurs quelconques, et même de simples apprentis.

Dès lors on peut s’étonner qu’il y ait besoin d’acquérir une « méthode ». Ne suffit il pas d’intercéder avec toute sa bonne foi et tout son amour pour la sœur, le frère en souffrance ? Et d’ailleurs, nous le faisons communément dans nos assemblées de prière, dès que quelqu’un le demande, en élevant vers le Seigneur une prière unanime qui se fonde sur sa Parole : « si deux d’entre vous sur la terre unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux » (Mt 18, 19). Et que de fois, à la rencontre suivante ou quelque temps après, le groupe est invité à l’action de grâces, parce que l’opération chirurgicale s’est bien passée, le pardon difficile à donner a été accordé, la recherche d’emploi a abouti, la brouille familiale s’est dissipée, l’enfant prodigue a donné de ses nouvelles… bref, la prière a été exaucée !

Mais nous savons bien aussi qu‘il y a des situations qui demandent d’entrer dans des démarches beaucoup plus approfondies, parfois sur le long terme. Nous touchons alors à un domaine extrêmement délicat, et c’est là que les « méthodes » sont précieuses, pourvu qu’elles s’enracinent dans ce qui est au cœur de la vie dans l’Esprit.

Je reprends ici les propos que Pierre Chieux (ancien berger de Fraternité Pentecôte) m’a adressés quand j’ai sollicité son discernement sur le bien fondé de ma participation à cette formation : pour lui, cette prière de compassion « fait partie intégrante de la grâce de Pentecôte, en particulier avec l’exercice des charismes », dans la mesure où elle se fonde sur « l’écoute, le discernement et la mise en œuvre des appels de l’Esprit Saint. »

En suivant les enseignements donnés par Denise Bergeron, Pierre dit avoir « appris que seul le Renouveau s’attelle vraiment à ces questions, qui sont difficiles. Nous sommes sur une corde raide, entre ceux qui ne croient qu’en la raison et la science, et ceux qui sont à la recherche de forces surnaturelles (ou d’énergies), sans aucun souci de discernement sur l’origine de ces forces. Nous sommes là au cœur de la formation à la vie dans l’Esprit Saint, et au cœur du combat spirituel. Il s’agit d’oser croire que la vie dans l’Esprit implique la transformation de tout notre être, pour le rendre de plus en plus docile à l’action de l’Esprit Saint, et à la suite du Christ dans la pratique de l’amour de notre Père et de nos frères les hommes.

J’ai appris, en le pratiquant, que ce parcours amène progressivement à la lumière du Christ, consciente de tout ce qui en nous fait obstacle à l’accueil de cette lumière. Et c’est une formidable école de vie fraternelle. Mais cela peut aussi être un lieu de grands combats spirituels. Rien n’y est possible sans que se forme une véritable fraternité entre des serviteurs qui présentent naturellement une grande diversité de personnalités et charismes.

L’important en effet n’est pas uniquement d’avoir des charismes de parole (de science, et connaissance), ou d’écoute et d’accueil, mais aussi d’avoir des personnes d’une grande paix intérieure, et d’une foi et d’une patience à toute épreuve… c’est l’unité dans cette diversité qui est source de bénédictions, c’est la communion entre les serviteurs qui est évangélisatrice et porteuse de salut. Unité qui est donnée d’en-haut. Et en définitive, à travers cette prière pour demander la guérison, on ne fait qu’ « appeler à toujours revenir à l’essentiel : Dieu est Seigneur, il fait tout pour le plus grand bien de chacun de ses enfants. Jésus est venu sauver ce qui est perdu, et il nous donne d’en être les témoins et instruments. L’Esprit Saint fait jaillir la Vie là où tout semble irrémédiablement perdu. »

Bien entendu, il n’y a pas qu’une méthode, et toutes ont leur valeur, tant qu’elles sont fidèles à l’enseignement du Seigneur et de l’Église. Bien entendu, aussi, il n’y a rien de magique, et la gratuité du don de Dieu est totale. Même ceux à qui a été reconnu un authentique charisme de guérison, comme le p. Emiliano Tardif, n’ont pas de réponse à cette question : pourquoi untel est-il guéri, et tel autre ne l’est pas ? Les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres… Et même si la guérison demandée n’est pas obtenue, les personnes reçoivent à travers la prière des frères confiance et paix, et ainsi la force de traverser l’épreuve qui se prolonge.

Nous n’avons qu’une certitude, c’est que le Père aime tous ses enfants. Et précisément, dans ce service, il nous est donné de porter sur nos frères souffrants le regard de Jésus, comme il est écrit en Marc 10, 21 : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima ». Et si nous sommes appelés à ce ministère de compassion, nous verrons comment, sous ce regard d’amour, les visages crispés peuvent devenir rayonnants, et tous ensemble, « priants » et « suppliants », nous rendrons gloire à Dieu !

 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*