ÉLECTION DU BERGER DANS UN GROUPE DE PRIÈRE : POURQUOI ET COMMENT ?
(Par François Lebon, membre du Conseil National de Fraternité Pentecôte)
Régulièrement nous sommes interrogés sur les raisons et les procédures d’élection du berger et des membres du noyau. Il n’y a rien de figé et au sein d’un même diocèse, les durées de mandat ou les modes de renouvellement sont parfois très variés ! « Que tout se passe dans la dignité et dans l’ordre ! » nous dit Saint Paul (1 Cor 14,40).
Ces propos se veulent conseils et propositions de méthodes possibles et non pas force de loi ! Puissent-ils vous éclairer, à la lumière de l’Esprit.
1) Pourquoi élire un berger tous les 3 ans ?
– Le renouveau du Renouveau passe par le renouvellement des serviteurs du groupe de prière. Combien de groupes meurent, tombés dans la routine et la sclérose, ou confondant dévotion avec abandon à l’Esprit.
– L’élection est toujours un moment de grâces pour le berger, de « grâces d’état », c’est-à-dire de dons de l’Esprit pour assumer son charisme de berger. C’est tellement vrai que des bergers, pendant la prière « d’intronisation » qui suit l’élection, ont été physiquement guéris alors qu’ils ne demandaient juste que le secours de l’Esprit-Saint pour leur nouvelle mission ! Tout cela est valable, même si le berger est élu pour un second mandat. De même pour les membres du noyau.
– Un mandat de trois ans est une durée souvent privilégiée dans notre Église pour les responsables de services et de mouvements. Cela permet d’éviter, comme le disait Saint-François à propos des règles communautaires, « l’appropriation de sa charge ». Chaque berger apporte un souffle nouveau, dans le vent de l’Esprit qui est mouvement, tout le contraire de l’immobilisme !
– Pour ces raisons, il est préférable de limiter la mission à deux mandats successifs de 3 ans. Des anciens bergers peuvent éventuellement faire de nouveau un mandat de trois ans. Mais ceux-ci peuvent aussi annoncer au groupe que, par souci de renouvellement, il est inutile de voter pour eux.
2) Pourquoi l’Esprit-Saint doit être à l’initiative ?
– C’est la présence de l’Esprit, sollicité avec foi avant chaque élection, qui contribue pleinement au projet d’amour de Dieu. Il appelle le berger au service de ses frères.
– Dieu a l’initiative de tout. Il est le premier à nous aimer. Comme Bon Pasteur, il marche devant nous, comme un berger devant son troupeau. L’élection du peuple d’Israël en est une illustration. Le choix des apôtres par Jésus au bord du lac de Tibériade est un autre exemple de l’initiative de Dieu en toutes choses. Ainsi le « Viens et suis-moi » (Mc 10, 21) est aux origines de toute vocation. N’oublions pas lors d’une élection, cette donnée fondamentale de la foi chrétienne, mystère de la Providence.
– Une élection, dans une cellule d’Église qu’est le groupe de prière, a pour fonction de manifester le choix de Dieu, par une communauté. « J’ai trouvé David, quelqu’un selon mon cœur » (Ac 13, 22).
– Voilà pourquoi, le discernement des intentions de l’Esprit qu’est toute élection commence et finit dans la prière. C’est demander la Lumière de l’Esprit-Saint, pour que les choix se révèlent en toute clarté. Dans cette perspective de foi, il n’y a pas de place pour la partisanerie, les passions humaines comme le caprice, la jalousie ou le rejet pur et simple de quelqu’un dont « la tête ne nous revient pas » !
3) Pourquoi y-a-t-il parfois des freins à la tenue d’élections, quels sont-ils ?
– Tomber dans la solution de facilité ou la force de l’habitude. « Tout va bien, pourquoi changer ? ». On essaie de retenir l’actuel berger par des compliments ou des flatteries : « Tu fais les choses tellement bien, impossible de trouver un berger aussi compétent que toi ». De telles attitudes ne laissent pas le champ libre au changement et donc à l’action de l’Esprit-Saint. Ils sont en outre tentations d’orgueil pour le berger !
– Se trouver soi-même un remplaçant, sans organiser d’élections. Il peut arriver que le berger en fonction, essoufflé, parfois malade, ait déjà fait lui-même des demandes pour se faire remplacer et qu’il ait essuyé des refus. Il peut être alors tenté de choisir et imposer le remplaçant. Mais il n’appartient pas au berger de se trouver lui-même un successeur, mais à toute l’assemblée. Un berger dont le mandat est terminé ou qui n’est plus capable de continuer pour une raison ou l’autre n’a qu’une chose à faire : donner clairement sa démission et ainsi laisser libre la voie à des élections.
– Se cramponner à sa charge : parfois, le berger peut être à ce point attaché à sa mission, qu’il refuse de la remettre. Cet acharnement à diriger devient alors un obstacle pour toute la communauté de prière. Avec l’énorme risque pour ce type de berger de finir par confondre l’œuvre de Dieu comme étant sienne, ou d’agir pour sa propre gloire !
– Avoir peur : de la nouveauté, de l’inconnu, de la présupposée incapacité d’un successeur. C’est mépriser « L’Esprit qui se joint à notre esprit » et c’est alors, de fait, par manque d’audace ou de foi, le statu quo.
4) Pourquoi et comment élire d’abord le berger ?
– Il a une place à part, une mission particulière dans le groupe. Il est le garant de l’unité de la prière et de l’unité dans l’amour fraternel. Il conduit le troupeau, avec le Christ et rempli d’Esprit-Saint.
– Un bon membre du noyau ne fait pas forcément un bon berger. Élire d’un seul vote berger et membres du noyau, et retenant comme berger celui qui recueille le plus de suffrages, pourrait amener à une confusion des missions.
– Personne ne se déclare candidat, et personne ne peut validement voter pour lui-même ! Le scrutin est secret. On ne met qu’un seul nom sur le bulletin. Cela invite chacun à se laisser d’autant plus guider par l’Esprit-Saint !
– Combien de tours de scrutin ? Pour que le berger ait une légitimité, celle-ci asseyant son autorité, il est préférable qu’il soit élu avec les 2/3 des voix. Il peut donc y avoir trois tours ! L’animateur du scrutin annonce à chaque tour les résultats significatifs, en terminant par « plus quelques personnes qui ont obtenu une ou deux voix ». On ne dira que les noms des deux ou trois personnes qui se détachent vraiment du lot. Cela facilitera les tours suivants et ménagera toutes les susceptibilités.
– Si deux noms se détachent nettement ou sont difficiles à départager, avec très peu de voix d’écart, il peut être envisagé un binôme, si les deux sont d’accord ou le souhaitent. De plus en plus de groupes élisent directement un binôme. L’expérience montre qu’il est préférable que le berger ait un adjoint.
– On demande à la personne élue si elle accepte cette élection. Et elle est vraiment libre d’accepter ou non. Mais elle doit se rappeler que si des frères et sœurs ont mis leur confiance en elle, placé en elle leur attente, cela peut vouloir dire que c’est un signe de ce que veut le Seigneur, et que le groupe lui donne une mission.
– Certains groupe optent pour une élection de type associatif : ils élisent un noyau qui, ensuite, en son sein, élit le berger. Il y a sans doute davantage de représentativité pour le noyau mais peut-être moins pour le berger.
5) Pourquoi et comment désigner les membres du noyau ?
– Le noyau a une mission importante : avec le berger, il discerne et encourage les charismes, veille à la croissance spirituelle du groupe et met en œuvre ce qu’il faut pour cela (enseignements, effusion de l’Esprit, relecture, formation, rassemblements, vie paroissiale, etc …). « Choisissez-moi dans chacune de vos tribus des gens sages » (Dt 1, 13). « C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. » (Ac 6-3).
– Selon la taille du groupe, le berger s’entoure de 4 à 6 personnes. Elles peuvent être élues (mode associatif), ou désignées par le berger (mode gouvernemental). Une formule mixte est pratiquée par certains groupes. Une moitié est élue, l’autre moitié est choisie par le berger. La profondeur spirituelle, les résultats des élections, la représentativité des membres, l’expérience, peuvent le guider dans son choix.
– Si le noyau est élu, en tout ou partie, il n’y a qu’un seul tour et chacun inscrit 2 noms. Les plus nommés sont élus.
6) Pourquoi inviter le coordinateur diocésain ou le délégué de l’évêque ?
– Cela montre l’importance de l’élection et lui donne solennité.
– Ils sont garants de la bonne marche des groupes de prière.
– Ce peut être pour l’un ou l’autre l’occasion de rappeler le rôle du berger et du noyau.
– Il sera l’animateur du vote et dépouillera, aidé de deux autres personnes du groupe : les plus récentes dans le groupe ou les plus jeunes par exemple, ou la plus jeune et la plus âgée. Il annonce les résultats.
– Il peut déléguer sa présence et son rôle à un autre membre de l’équipe diocésaine.
7) Pourquoi tous ne sont pas électeurs ?
– Il ne semble pas juste de faire voter des personnes qui seraient « de passage » ou qui viendraient d’intégrer le groupe, sans bien connaître l’ensemble des membres. Une présence régulière d’au moins 6 mois est un bon critère.
8) Pourquoi nos critères de choix du berger et du noyau ne sont pas seulement à vue humaine ?
– Parce qu’ils sont avant tout élus de Dieu et à l’image de Jésus-Christ, le Bon Berger : « Voici mon élu, mon familier, mon serviteur, mon Fils bien-aimé, celui qui a toute ma faveur » (Mt 17, 5). On ne choisit donc pas seulement une personne parce qu’elle « a une bonne tête et est sympa », ni sur son rang social, ni sur son niveau d’études (Ac 4,13), On choisira un homme ou une femme humble, qui a reçu du Seigneur un minimum de discernement dont la foi est solide, et qui est capable de travailler à l’unité du groupe. L’âge n’a pas d’importance (1 Tim 4,12), mais on ne choisira pas, généralement, un récent converti (1 Tim 3,6). Mais, à la lumière de l’Esprit-Saint, on s’interrogera sur qui peut « mener le troupeau vers de verts pâturages », vers plus de Dieu, plus d’évangélisation, plus d’amour fraternel, plus d’abandon à l’Esprit.
– Le berger et le noyau sont ceux qui permettent aux membres du groupe de vivre les trois étapes d’un cheminement dans un groupe de prière : 1) Qu’est-ce que je reçois de Dieu de la part de mes frères ? 2) Qu’est-ce que je donne de Dieu à mes frères ? 3) Qu’est-ce que je donne de Dieu à l’Église et au monde ?
9) Pourquoi prier pour le berger juste après l’élection ?
– Une fois élu, le berger remercie le berger et le noyau précédents, puis demande la prière. C’est reconnaître la Parole de Jésus : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire », c’est demander un renouvellement de la force de l’Esprit-Saint, en vue de la mission, c’est, par la prière unanime des frères, raffermir l’unité.
– Le berger, élu dans la prière, a peur ! Avoir peur et se sentir petit face à la tâche, surtout quand elle signifie service et don de soi, est un sentiment humble et juste. C’est bon signe, le signe qu’il voit clairement la responsabilité qui est sienne. Les prophètes les premiers ont eu peur et ont demandé au Seigneur de pouvoir se défiler et choisir quelqu’un d’autres. Il lui faut savoir entendre la parole du Seigneur : « N’ayez pas peur » (Mt 17, 7 et Jn 6, 20).
– Le nouveau berger prend conscience que c’est le Seigneur qui envoie son messager ! Par la prière des frères, il répondra « Me voici ! »
– La communauté demandera au Seigneur de fortifier et de développer les charismes du berger (1 Tim 4, 14), ceux qui étaient déjà les charismes de Pierre (Lc 22,32 ; Jn 21, 15ss). C’est donc durant tout l’exercice de son mandat que le groupe portera, soutiendra son berger par la prière.
10) Pourquoi donner une place à l’ancien berger ?
Pour assurer un tuilage ou soutenir le nouveau berger, il peut être ajusté de lui donner une place, même pour un temps limité, au sein du noyau. Ou de lui confier très vite un enseignement à donner ou une autre tâche, d’accueil ou d’écoute par exemple. C’est ainsi faire vivre la fraternité au sein du groupe. Certains groupes offrent aussi un petit cadeau, la semaine suivante, à l’ancien berger, pour le remercier de sa mission. Voir aussi l’article sur le site : La place des anciens serviteurs dans nos instances | Fraternite Pentecôte (fraternitepentecote.fr)
11) Pourquoi agir de même pour l’élection du coordinateur diocésain ou régional ?
– Ces suggestions de méthode pour l’élection du berger d’un groupe peuvent en effet s’appliquer à tous niveaux.
– Les électeurs, au niveau diocésain, sont les bergers ou leurs délégués en cas d’absence. Ce peut être aussi deux personnes par groupe.
– Les électeurs, au niveau régional, sont les membres des équipes diocésaines.
– Pour le choix du noyau diocésain, les mêmes principes peuvent être retenus.
«Soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré, selon Dieu ; non par cupidité mais par dévouement ; non pas en commandant en maîtres à ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau. Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas. » (1 Pierre 5, 2-4)
Merci !