Témoignage de Philippe Berranger
C’est seulement vers 40 ans que j’ai eu l’idée de faire de la maçonnerie, après un long cheminement de vocation qui n’a pas encore abouti.
J’avais terminé le séminaire 2 ans avant sans être en mesure de m’engager dans la prêtrise, et j’étais assistant dans un foyer de la communauté de l’Arche au service de personnes handicapées.
Ma formation initiale est celle d’ingénieur en bâtiment, mais je désirais me mettre au service de personnes en difficulté, et il me semblait évident que je pourrais mieux le faire à travers une activité manuelle.
J’ai donc suivi une formation de maçon à l’AFPA (Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes) près de Lille, puis grâce à un ami qui avait fait le même genre de reconversion, je suis devenu auto-entrepreneur en maçonnerie en 2012.
Par hasard, j’ai trouvé la possibilité de me spécialiser en Restauration du Patrimoine l’année suivante près de Carcassonne et, à l’issue de cette dernière formation, j’ai fait un stage près de Gimont qui m’a ouvert des possibilités de travail dans les environs avec d’autres personnes spécialisées dans la restauration de maisons anciennes avec des matériaux naturels.
C’est ainsi que je suis venu m’installer à Gimont (Gers) en 2014.
Je suis resté auto-entrepreneur jusqu’en 2017, quand mon collègue qui était en Entreprise Individuelle s’est arrêté ; alors j’ai franchi le pas de quitter le régime de la micro-entreprise pour pouvoir embaucher des ouvriers. Aidé de mon ancien collègue pour trouver des chantiers et de nouveaux ouvriers que j’ai recrutés, je me suis lancé dans des chantiers assez importants pour la taille de l’entreprise. J’ai dû ensuite réduire la voilure de mon activité, et je travaille aujourd’hui avec Vianney, un ouvrier plus jeune, formé il y a quelques années chez les compagnons à Toulouse. Il a été tout de suite enthousiasmé par le chantier de la chapelle de Préchac (Commune d’Aurimont dans le Gers).
Restaurer une église a beaucoup de sens pour nous, nous le recevons comme un cadeau de Dieu. Cependant, c’est exceptionnel dans mon activité : mes clients sont presque tous des particuliers. J’ai aussi quelquefois affaire à des architectes, comme actuellement sur un chantier de restauration d’une grosse ferme dans le Lauragais toulousain, mais ce n’est pas fréquent pour l’instant.
J’ai choisi le nom de l’Atelier de Nazareth, à cause bien sûr de Celui qui a acquis en peu de temps et pour longtemps une renommée mondiale.
Je pense souvent à Jésus, Marie et Joseph à Nazareth à l’œuvre dans l’amour du Père.
Mais c’est aussi grâce à Charles, un ami rencontré à Bruxelles, qui m’a parlé de cette spiritualité d’une vie simple et cachée au service des autres, particulièrement des plus petits. Cela me fait aussi penser à Charles de Foucauld qui recherchait cette vie au plus près de celle que Jésus a vécue. C’est aussi un souhait partagé avec Vianney d’essayer de nous rapprocher de cette atmosphère qui régnait dans le quotidien de la sainte famille à Nazareth.
Nous travaillons avec les outils classiques de la maçonnerie moderne (truelles, bétonnière, échafaudage, véhicule utilitaire,…) . Nous n’avons pas de gros engins, cela ne correspond pas à nos besoins actuellement. Je m’équipe au fur et à mesure des besoins des chantiers. Je ne sais pas du tout ce que l’avenir me réserve, alors je préfère avancer pas à pas. De campement en campement, je verrai bien où le Seigneur me mène…
Témoignage recueilli par Claude Turck
Philippe est engagé dans la paroisse de Gimont -secteur de la Save-Gimone- du diocèse d’Auch- Il anime régulièrement des messes et accompagne à la guitare la louange dans différents groupes de prière. Il est membre de la communauté de l’Emmanuel.
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