“Le combat spirituel, clé de la paix intérieure”
Livre du Père Joël Guibert
Notes de lecture Françoise Reinberger
3°partie (3/3)
- N’avance pas au combat seul
L’écoute de l’Esprit Saint
Discerner l’Esprit de Dieu et l’esprit du mal ; seul l’Esprit discerne l’Esprit : sans cesse plonger notre sagesse humaine dans la sagesse de Dieu. Saint Paul : « laissez-vous mener par l’Esprit » (Gal 5,16) ; l’Esprit Saint a de la joie d’être en nous ; plus on vit en Dieu, moins on a envie de faire du mal ; la joie d’accomplir le bien prend le dessus et le mal devient moins attrayant.
Apprendre à obéir à l’Esprit
par l’écoute, par des petites choses au départ, c’est une expérience.
Oser être décalé ; nous sommes en décalage avec l’esprit du monde car l’Église dit des vérités qui ne font pas plaisir à entendre. « Une crise morale nécessite une parole d’autorité, au nom de Dieu » (Jean Paul II, Dans la splendeur de la vérité) ; la foi est vérité à croire et vérité à vivre.
Comment voir clair en temps de confusion ? il y a une confusion doctrinale actuellement ; on ne peut s’écarter de l’enseignement bimillénaire de l’Église, ni s’écarter du catéchisme de l’Église catholique.
La prudence, mère de sûreté ; éviter les situations qui vont à l’encontre des vertus morales et de la communion avec Dieu.
Confiance dans le père spirituel
Les dispositions intérieures du fils spirituel : l’ouverture du cœur avec simplicité et vérité ; l’obéissance pour libérer de l’orgueil et de la volonté de puissance et pour purifier les intentions et dilater la charité.
L’action thérapeutique du père spirituel : il guidera avec un dosage subtil de juste distance, de fermeté et de douceur.
Sous le manteau de Marie
Marie notre mère dans l’ordre de la grâce ; elle est notre mère dans le combat spirituel, elle est notre éducatrice dans l’ordre de la vertu, notre maman aux heures d’angoisse, notre mère dans la nuit de la foi ; elle nous conduit à travers les ténèbres.
En compagnie des anges
La mission de l’ange gardien est de nous rapprocher de Dieu, de nous guider et de nous éviter les pièges de l’ennemi ; il est aussi disposé à agir dans les âmes des personnes que nous sommes amenés à rencontrer.
- Quelques passages à risque
Dès les premiers mois de la conversion (nouveau converti ou pratiquant renouvelé)
Il importe de découvrir la beauté de la loi morale ; se donner la peine de pratiquer assidûment et joyeusement la vertu pour qu’elle devienne de plus en plus désirable et épanouissante.
La pratique assidue de la vertu, la persévérance ; il nous faut une vigilance incessante, une courageuse renonciation aux séductions du monde ; une lutte contre soi-même assimilée à un lent et long martyre.
Un petit détour par le pari de Pascal ; il propose d’apprendre à maîtriser la partie animale de notre être afin de la disposer à la pureté de la vérité ; « vous auriez bientôt la foi si vous aviez quitté les plaisirs » (à l’inverse des libertins qui disent : j’aurais bientôt quitté les plaisirs si j’avais la foi).
Quand Dieu s’approche de nous
Lorsque Dieu nous révèle notre misère : il faut consentir à se laisser aimer par Dieu ; lorsque Dieu, qui est pureté de feu et divine lumière, s’approche de nous, créature limitée et pécheresse, cela fait apparaître le contraste ; on se voit de plus en plus minable, pécheur, mesquin, égocentrique… C’est le travail de l’Esprit Saint en nous ; pour ne pas tomber dans la désespérance, faire un grand saut dans l’humilité et l’abandon à la miséricorde de Dieu ; cesser de se regarder et abandonner son perfectionnisme à l’immense perfection de Dieu.
Au quotidien, vivre nos ratés en Dieu ; ils sont un tremplin pour basculer humblement en Dieu ; soit on en vient à désespérer de nous-mêmes, soit on fuit par des compensations compulsives, soit on fait le choix de basculer dans l’infinie miséricorde de Dieu et on se découvre pécheur, tendrement et infiniment aimé de Dieu.
Jean Paul II : « il n’existe pas pour l’homme d’autre source d’espérance en dehors de la miséricorde de Dieu » ; ne ratons pas nos ratés ; on demande intérieurement pardon à Dieu et on se jette dans ses bras ; Jésus tressaille alors de joie ; nos péchés servent à glorifier la miséricorde de Dieu.
Lorsque Dieu veut nous donner une grâce, il la fait souvent précéder une période d’humiliation, d’impuissance, ou de pauvreté intérieure : pour que nous soyons convaincus que toute grâce vient de Dieu, et pour élargir notre cœur par l’humilité : « aux humbles Il accorde sa grâce » (1P 5, 5).
Lorsque Dieu nous envoie en mission
C’est toujours l’Esprit Saint l’agent principal de l’évangélisation.
L’union à Dieu est le premier fondement de l’évangélisation ; Joseph Ratzinger : « seul l’amour intime d’une vérité cohérente en soi et de sa cause en œuvre dans la vie peut faire briller cette évidence de la foi attendue par le cœur humain ; l’Esprit Saint ne peut entrer que pas cette porte ».
La croix est le second fondement de l’évangélisation, la croix accueillie et vécue au service des âmes ; le curé d’Ars voyait dans la croix le grand moyen surnaturel de coopérer au salut des âmes qui lui étaient confiées ; pour elles, il souffrit sans se plaindre les calomnies, incompréhensions, contradictions ; Thérèse de Lisieux : « la souffrance seule peut enfanter les âmes » ; Padre Pio : « les âmes ne sont pas données en cadeau, elles s’achètent ; vous ignorez ce qu’elles coûtèrent à Jésus » ; Marie à Kibaho : « la souffrance est un moyen d’expier pour le péché du monde et de participer aux souffrances de Jésus et de Marie ».
Combattre la peur de ma mort
Accueillir ma peur de la mort, lâcher les scénarios angoissants de ma future mort, m’appuyer sur les promesses du Christ, réciter le rosaire et le chapelet de la miséricorde.
Entrer dans l’indifférence spirituelle
Un chemin de profonde paix
L’indifférence spirituelle, l’abandon à la volonté de Dieu est le secret de la sérénité profonde des saints quelles que soient les croix ; « la seule joie sur la terre, c’est d’accomplir la volonté de Dieu » (Thérèse de Lisieux).
Une voie à suivre pour tous, petit pas par petit pas, par l’Esprit Saint.
Une voie à suivre en tout dans les grandes décisions et les petits riens du quotidien.
Cessons d’exiger de Dieu : dès que nous voulons un peu trop par nous-mêmes, Dieu se retire, Il ne prend que la place qu’on lui donne.
Choisir Dieu ou les œuvres pour Dieu : « si Dieu veut que tu lui abandonnes toutes ses œuvres en lui remettant entre ses mains, fais-le tout de suite, aie confiance en Lui ; Dieu saura infiniment mieux que toi, Il confiera ses œuvres à d’autres qui sont plus compétents que toi, tu as choisi Dieu et non ses œuvres ».
Jésus disait à Mgr Van Thuan de Saïgon ; est-ce que tu fais un apostolat au nom de Dieu ou est-ce que tu sers un apostolat voulu par Dieu ? Laissons Dieu déployer sa toute puissance dans notre impuissance.
Entrer dans l’union de volonté
Rom 12, 2 : « ne vous conformez pas à ce monde, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence pour discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréé et parfait »
L’union de volonté : Louisa Picaretta : « Jésus, je veux m’unir à toi, je veux conformer ma volonté à la tienne qui se manifeste à travers l’événement présent » ; ce n’est pas faire la volonté de Dieu mais vivre dans la volonté de Dieu ; ce n’est pas du fatalisme, le fatalisme s’abandonne à l’événement (si on nous impose une injustice, nous avons à la refuser).
Une voie de félicité : si on ne se reçoit pas de Dieu et de sa sainte volonté, on s’épuise en vain ; une voie de gradualité : l’union de volonté ne grandit qu’avec la mort de notre volonté propre afin que la volonté de Dieu y règne ; l’une doit céder la place à l’autre ; « lorsque l’âme me reste fidèle dans les petits tests, ma grâce abonde et je lui demande de plus grands sacrifices afin de pouvoir l’enrichir encore plus et de faire d’elle un prodige de sainteté ». « La vie dans ma volonté est la sainteté des saintetés ».
L’union de volonté pas à pas : le matin, je me dispose à accueillir tous les événements de la journée comme l’expression de sa volonté sur moi ; à chaque événement : « puisque tu veux que je vive cela, je le veux bien aussi » ; un grand oui à l’instant présent : « l’âme est prête à tout, ne s’oppose à rien » ; l’âme s’arrime à la volonté de Dieu qui le veut ou le permet ».
Ne pas chercher à comprendre pour accéder à une nouvelle compréhension des choses et de Dieu ; tout faire et vivre en Jésus ; « si je prie, c’est Jésus qui prie en moi et moi je prie avec lui ».
Que faire lorsque survient la croix ?
Ce n’est pas la croix qui sanctifie, mais l’union de volonté dans la croix ; les épreuves ne purifient et ne font grandir qu’à la mesure de notre union dans l’amour à la volonté divine.
La purification de la sensibilité : la croix vécue dans l’abandon à la volonté de Dieu purifie la sensibilité ; on adhère moins à ce que l’on ressent, l’âme est polarisée par la volonté de Dieu et prend de la distance par rapport à son ressenti et on a l’impression de moins souffrir.
Un sens nouveau est donné à la souffrance : le pire dans la souffrance, c’est le manque de sens ; la souffrance peut devenir offrande d’amour : « l’âme qui vit dans ma volonté perd son tempérament et acquiert le mien » ; » l’âme installée dans la divine volonté à l’heure de la croix a la capacité de soulager des offenses des hommes ; l’âme devient un petit rédempteur dans son unique Rédempteur et devient une puissance d’évangélisation ; elle peut se présenter devant la Divinité comme d’autres moi-même et ainsi désarmer la justice divine et demander pardon pour les créatures perverties.
- Délivre-nous « du monde », de l’esprit du monde
Saint Augustin : « combattre les erreurs mais aimer les personnes qui sont dans l’erreur » ; ne pas se laisser dévorer par la modernité.
L’Église aux prises avec les démocraties libérales libertaires
Les sociétés libérales libertaires qui courent de la révolution à nos jours : un mouvement qui va de l’émancipation à la transgression.
La modernité émancipation : la modernité est définie comme la mise en place de la raison chargée d’émanciper l’homme du poids des coutumes, des traditions, de la religion ; à ce jour c’est l’idéologie du progrès, le progrès pour le progrès, qui fait tourner en rond ; la liberté est érigée en absolu : « il est interdit d’interdire ».
La post-modernité « transgression » ; l’émancipation érigée en absolu conduit à la transgression ; au nom de la sacro-sainte liberté, toutes les identités – religieuses, nationales, sexuelles, – doivent être combattues ; l’homme post-moderne veut rompre avec l’idée de limite et devenir sa propre origine, aménager le monde au gré de ses caprices et de ses pulsions.
La dérive totalitaire des démocraties : l’idéologie de la transgression et de la déconstruction est de plus en plus autoritaire et pousse l’individu à inventer radicalement à partir de rien ; cela engendre des névroses de plus en plus graves : l’individu délogé, désorienté, désexué, déraciné, et déculturé est jeté dans le vide ; il ne sait plus comment se définir ; le commun des mortels a besoin d’une demeure, ce droit lui est contesté : qui ne suit pas le rythme de la révolution est inévitablement étiqueté de réactionnaire.
Et l’Église dans tout cela, et Dieu dans tout ça ? Joseph Ratzinger :« la Vérité elle, est très loin et ne montre pas son pouvoir ; mais l’opinion des hommes est présente et exerce un pouvoir dominant. Voilà pourquoi l’on s’y conforme. L’être humain craint davantage la lueur voisine du pouvoir de l’opinion humaine que la lumière lointaine et non violente de la Vérité. Aussi se soumet il au pouvoir de l’opinion et devient il son allié, l’un de ses défenseurs. Il devient l’esclave de l’apparence ».
Les médias de masse, les réseaux sociaux et les moyens numériques ont un pouvoir impressionnant de formatage des esprits, de sollicitations et d’intimidation qui est sans commune mesure avec tout ce qui a pu exister précédemment ; il est très difficile de ne pas se laisser dévorer par la pensée dominante.
« Quand le monde pénètre à l’intérieur de l’Église, il est pire que le monde » (Cardinal de Lubac). Au nom de compassion envers les personnes et de tolérance, certains membres de l’Église ont tout bonnement épousé l’esprit du monde.
La séduction du « catholiquement correct » : lorsqu’un pasteur d’âmes est soucieux de ne pas déplaire au monde, il ne peut que s’y soumettre : c’est se servir de Dieu pour faire mentir Dieu ; l’hérésie nous choque-t-elle encore ? Redécouvrir les racines de la foi et la beauté de l’identité catholique est une question de vie ou de mort.
La tentation du réformisme : faire la différence entre la séduction du nouveau et la nouveauté de l’Esprit ; Saint François n’a pas réformé, il s’est réformé lui-même.
Prendre sur soi les plaies de l’Église ; l’amour de l’Église, c’est celui de la vérité, de la vie, de l’Époux ; à ses intimes, le Christ leur donne de participer à sa propre souffrance à la vue des scandales causés par certains fidèles et surtout parmi les consacrés ; Sainte Hildegarde : « le fait que les blessures du Christ restent ouvertes c’est de la faute des prêtres ». Benoît XVI : « nous devons accueillir cette humiliation comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement, seule la vérité sauve » ; par notre offrande des blessures de l’Église dans la foi et dans l’amour, le Christ est capable de réparer le péché, glorifier Son Père et renouveler son Église.
La tentation moderne de l’acédie :
L’acédie est la maladie spirituelle du siècle, une désespérance profonde : « à quoi bon ?» ; c’est une tristesse indéfinissable, plus rien n’a de sens ; à l’inverse de « soyez toujours prêt à rendre compte de l’Espérance qui est en vous »(1P 3, 15) ; l’acédie rend aveugle sur son propre mal ; l’acédie trouve sa racine dans le dégoût des choses de Dieu ;
« nous possédons tout mais nous n’avons pas Dieu ; nous avons la puissance mais nous avons perdu le sens ; notre société suinte d’angoisse… elle va disparaître » (Xavier Emmanuelli).
« La plus grande crise de l’Église me paraît reposer en ceci : ne plus oser croire dans le bien que Dieu réalise avec ceux qu’Il aime et pour eux ; dans la tradition, les maîtres ont appelé acédie un tel manque de foi » (Cardinal Schönborn).
L’Eucharistie est le plus grand remède à l’acédie ; par l’incarnation Dieu s’est fait homme afin de permettre à l’homme de devenir Dieu par participation ; par l’incarnation, l’Inaccessible nous est désormais accessible ; par l’incarnation, Dieu s’est fait chair ; par l’Eucharistie, Il s’est fait pain ; par l’Eucharistie, le Christ me comble de sa présence d’amour, ici et maintenant, et me rejoint concrètement : le Christ s’est fait chair pour toucher la chair de notre humanité ;
« l’adoration du Dieu vivant détourne des idoles de l’argent, de la soif de l’avoir et du pouvoir et même du savoir ; n’ont-ils pas détourné l’homme de sa fin véritable, de sa propre vérité »… «s’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté » (Benoît XVI).
Conclusion
« Où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17) ; le combat intérieur est une participation intérieure au combat spirituel du Christ ; la remise de notre volonté à celle de Dieu est une victoire qui ne s’obtient pas sans luttes, sans renoncements, sans agonie de l’âme.
Combat et abandon sont les deux poumons qui font respirer une authentique vie spirituelle ; notre vie de baptisé : mettre le moins possible d’obstacles à l’envahissement de l’amour de Dieu en nous, afin de devenir nous-même amour dans l’Amour de Dieu.
« La créature sans le Créateur s’évanouit » (Vatican II).
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