Édito: VOICI L’ÉPOUX QUI VIENT

Voici mon bien-aimé, il vient

Par Bernard Mathiot

 

Dans les eaux du Jourdain, lorsque Seigneur tu fus baptisé,

A l’univers fut révélée la Sainte Trinité.

En ton honneur se fit entendre la voix du Père,

Te désignant comme son Fils bien aimé.

Et l’Esprit sous la forme d’une colombe confirmait la vérité du témoignage.

Christ notre Dieu qui t’es manifesté

Et as illuminé le monde, Nous chantons ta Gloire. (1)

 

 

 

 

Ainsi chantent nos frères des Églises d’Orient en ce jour de fête des Saintes Théophanies, mettant l’accent sur la révélation Trinitaire de Dieu ; et nous, en bons charismatiques que nous sommes, nous mettons peut-être trop souvent l’accent sur le baptême dans le feu: « Mais lui vous baptisera avec l’Esprit-Saint » (Marc 1, 8). Aujourd’hui, j’aimerais parler d’un aspect souvent passé sous silence, celui de l’époux comme le présente Jean le Baptiste : « Vous-même, vous m’êtes témoins que j’ai dit : « je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant lui ». Qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à la voix de l’époux. Telle est ma joie, et elle est complète ».(Jean 3, 28 – 29) Jésus est venu accomplir la promesse du Père : « Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai dans la justice et le droit, dans la tendresse et la miséricorde » (Osée 2, 21). Je te fiancerai : ce verbe n’est utilisé dans la Bible qu’à propos d’une jeune fille vierge. Par son baptême, Jésus efface le passé adultère de son peuple pour le recevoir en tant qu’épouse sainte et irréprochable, et Jean le Baptiste insiste dans cette parole célèbre : « Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale » (Jean 1, 27).

Dans une de ses homélies (2) st Jérôme nous explique la signification de cette parole : « Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la courroie de ses sandales’. Voilà bien une preuve d’humilité : c’est comme s’il disait : ‘Je ne suis pas digne d’être son serviteur’. Mais dans la simplicité, ces mots traduisent une autre vérité. Nous lisons en Genèse 38, 8 ; Deutéronome 25, 5 à 10 et dans le livre de Ruth 4, 7, que si un homme refusait de prendre pour épouse sa belle-sœur (devenue veuve sans enfant), il devait comparaître devant le tribunal des anciens, et celui qui vient en second dans la hiérarchie familiale lui disait ceci : ‘C’est à toi qu’il incombe de te marier, c’est toi qui dois l’épouser’. En cas de refus, celle qu’il ne consentait pas à épouser s’approchait de lui, lui retirait sa chaussure, le frappait au visage et crachait sur lui, après quoi, elle épousait le second ». Par là, Jean le Baptiste ne se reconnaît aucun droit sur l’épouse. C’est Jésus qui est l’époux et se plongeant dans l’eau du Baptême, il purifie cette eau afin de purifier son épouse, de la rendre belle, comme le rappelle l’apôtre Paul : « Car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ » (2 Corinthiens 11, 2).

Voilà bien la finalité du baptême de notre Seigneur. Nous sommes désormais fiancés à lui. Nous sommes les pierres de choix de la Jérusalem céleste, thème cher au Pasteur d’Hermas (3). Jésus, l’Agneau de Dieu, entre dans les eaux du Jourdain pour se revêtir de nos péchés, péchés qu’il portera jusqu’à la croix. Jésus purifie les eaux du Jourdain pour purifier tout homme, toute femme qui se plongera à son tour dans les eaux du baptême. Par notre baptême, Jésus nous fiance à lui, en quelque sorte, il nous redonne notre première virginité. « Et je vis la Cité Sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux » (Apocalypse 21, 2). Et si nous prenions vraiment conscience de la portée de notre baptême , fiancés à l’Agneau, retrouvant notre pureté originelle. J’ose dire et je le dis : « par notre baptême, nous devenons des immaculés » et je ne peux m’empêcher de rendre grâce au Seigneur pour ce don merveilleux. Comme le proclament nos frères des Églises d’Orient à Noël :

« Le Christ vient dans le monde pour renouveler son image autrefois déchue » (4).

Que cette nouvelle année soit pour chacun de nous une année de grâce et de bénédiction, que chacun de nos groupes de prière devienne cette épouse sans tache, irréprochable, afin que nos charismes portent le fruit tant désiré du Seigneur.

 

 

Traduction biblique : la Bible de Jérusalem

1 : Tropaire des saintes Théophanies

2 : Collection les Pères dans la foi, Marc commenté par Jérôme et Jean Chrysostome, DDB, Juin 1986 (pages 33-34)

3 : (Wikipédia) Le Pasteur d’Hermas est une œuvre chrétienne de langue grecque datée du début du IIe siècle. Après les préceptes viennent les dix similitudes (ou paraboles) sous la forme de visions expliquées par l’Ange. La plus longue (sim. 9) est une parabole qui raconte la construction d’une tour. La tour représente l’Église et ses pierres, les fidèles.

4 : Fin du tropaire de Noël

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