L’ESPERANCE
par Bernard Mathiot
« Cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide »
Je suis un « charismatique » de la première heure, j’ai vécu la montée en puissance du Renouveau, les groupes de prière qui florissaient un peu partout en France, les communautés qui se créaient et puis, j’ai vu nos groupes vieillir, des groupes disparaître et j’en ai pris un coup dans le moral. Le renouveau est fichu, il n’y a plus personne et vous savez comment ça marche, plus on ressasse cela dans notre tête, plus l’autre coco, celui que le saint curé d’Ars appelait le « grappin », en profite. Jusqu’au jour où le Seigneur dans sa miséricorde m’a demandé si le renouveau était mon œuvre ou son œuvre. Bien forcé d’admettre que c’était l’œuvre du Seigneur et que cela ne m’appartenait pas. Et cela m’a rappelé un enseignement de Mgr Matthieu que j’avais reçu : les œuvres de Dieu et les œuvres pour Dieu.
Vous savez bien, on veut bien faire et on met en place des tas de choses mais cela ne marche pas. Pourtant, c’est bien pour le Seigneur que nous le faisons. Nous demandons au Seigneur de bénir et pas de fruits ou si peu alors, on se décourage et on a envie de tout abandonner. Mais voilà la solution : arrêter de faire nos œuvres pour faire l’œuvre de Dieu, passer du temps à genoux plutôt que d’échafauder des plans sur la comète. Je suis d’origine protestante et il est une expression qu’on avait lorsque j’étais jeune, c’était : « Dieu voulant ». Nous irons là, Dieu voulant…. Nous ferons ceci, Dieu voulant…..
Cette question de faire les œuvres pour Dieu ou les œuvres de Dieu n’est pas récente dans l’Eglise. Voici déjà ce que disait St Séraphin de Sarov, un tsaretz russe (1759-1833) dans son commentaire de la parabole des vierges sages et des vierges folles (Mt. 25,1-13) ces dernières manquèrent d’huile. Certains estiment que le manque d’huile chez les vierges folles symbolise l’insuffisance d’actions vertueuses faites dans le courant de leur vie. Une telle interprétation n’est pas entièrement juste. Quel manque d’actions vertueuses pouvait-il y avoir puisqu’elles étaient appelées vierges, quoique folles ? La virginité est une haute vertu, un état quasi-angélique, pouvant remplacer toutes les autres vertus. Moi, misérable, je pense qu’il leur manquait justement le Saint-Esprit de Dieu. Tout en pratiquant des vertus, ces vierges, spirituellement ignorantes, croyaient que la vie chrétienne consistait en ces pratiques. Nous avons agi d’une façon vertueuse, nous avons fait œuvre pieuse, pensaient-elles, sans se soucier si, oui ou non, elles avaient reçu la grâce du Saint-Esprit.
Car le but de la vie chrétienne dit encore St Séraphin est l’acquisition du Saint Esprit. N’ayons pas peur de demander une double onction du Saint Esprit comme Elisée car le Seigneur ne refuse pas l’Esprit à celui qui lui demande.
La grâce de l’acquisition du Saint-Esprit va de pair avec l’abandon. Abandonner sa vie, laisser le Christ Jésus prendre le volant de nos vies, sans essayer de freiner à sa place lorsque vient un virage. Lorsque vous entrer dans un taxi à New-York, vous verrez un panneau où il est écrit : « assied-toi et relaxe-toi ».
J’aimerais maintenant partager avec vous ces trois versets :
Le premier en Thessaloniciens 5,24
– Il est fidèle celui qui vous appelle : c’est encore lui qui fera cela.
Le deuxième en Ephésiens 2,10 :
– Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.
Et le troisième en Esaïe 26,12 :
– Seigneur, tu nous assure la paix, et même toutes nos œuvres, tu les accomplis pour nous.
Il est fidèle celui qui nous appelle et c’est lui, nous dit l’écriture, qui accomplit pour nous toutes nos œuvres. Gloire à Dieu, quelle espérance, je n’ai pas besoin de m’en faire car Dieu a préparé d’avance toutes ces bonnes œuvres. D’un seul coup, j’ai pu déposer mon fardeau aux pieds du Seigneur et lui abandonner ma vision sur les groupes de prière.
Une nuit, pendant que le Seigneur comblé ses biens aimés qui dorment, J’ai reçu le passage de l’Evangile où le Seigneur, après la résurrection demande à Pierre si celui-ci l’aimait. Pierre, dit Jésus m’aimes-tu d’amour divin et Pierre de lui répondre, Je t’aime d’amour humain.
Une deuxième fois, le Seigneur lui demande s’il l’aime d’un amour divin et Pierre pour la deuxième fois lui réponde qu’il l’aime d’un amour humain.
La troisième fois, Jésus demande à Pierre si celui-ci l’aime d’amour humain et l’on connaît la réponse : Seigneur tu sais tout, tu sais bien que je t’aime d’amour humain. Par trois fois, le seigneur institut Pierre berger de son troupeau, et Pierre aurait pu commencer sa mission à ce moment mais il attendu la réalisation de la promesse de la pentecôte et c’est rempli de cette grâce que Pierre a accompli son ministère.
Oui, Pierre le fougueux, Pierre a attendu d’être rempli de l’Esprit afin de laisser pleinement le Seigneur accomplir ses œuvres en lui.
Souvent, nous nous trouvons nous, devant deux cas. Soit nous fonçons tête la première dès que le Seigneur nous confie un ministère, soit nous le refusons car nous prétextons un manque de charisme mais la véritable attitude, c’est celle de Pierre, accepter le ministère et se laisser revêtir de la force d’en haut pour l’accomplir ou du moins pour laisser Jésus l’accomplir en nous.
Si je partage ceci avec vous, c’est afin que nous entrions dans cette espérance dont nous parle St Paul dans son épître aux Romains chapitre 5 verset 5 : « Et l’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit. »
Et de quelle espérance s’agit-il ? De savoir que nos tribulations produisent la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’espérance (Romains 5 versets 3 et 4). C’est cette espérance qui me fait maintenant marcher. Dieu a suscité le renouveau et même si pouvons penser par moment qu’il est en train de mourir, si nous voyons nos groupes diminuer, si il n’y a plus de charismes ou si peu, nous pouvons nous appuyer sur cette folle espérance d’un Dieu qui s’est engagé par serment tel que nous le dit encore l’apôtre Paul dans sa lettre aux Hébreux 6, 10-20 :
« Frères, Dieu n’est pas injuste : il n’oublie pas votre action ni l’amour que vous avez manifesté à son égard, en vous mettant au service des fidèles et en vous y tenant. Notre désir est que chacun d’entre vous manifeste le même empressement jusqu’à la fin, pour que votre espérance se réalise pleinement ; ne devenez pas paresseux, imitez plutôt ceux qui, par la foi et la persévérance, obtiennent l’héritage promis.”
Quand Dieu fit la promesse à Abraham, comme il ne pouvait prêter serment par quelqu’un de plus grand que lui, il prêta serment par lui- même, et il dit : “Je te comblerai de bénédictions et je multiplierai ta descendance”. Et ainsi, par sa persévérance, Abraham a obtenu ce que Dieu lui avait promis. Les hommes prêtent serment par un plus grand qu’eux, et le serment est entre eux une garantie qui met fin à toute discussion ; Dieu a donc pris le moyen du serment quand il a voulu montrer aux héritiers de la promesse, de manière encore plus claire, que sa décision était irrévocable. Dieu s’est ainsi engagé doublement de façon irrévocable, et il est impossible que Dieu ait menti. Cela nous encourage fortement, nous qui avons cherché refuge dans l’espérance qui nous était proposée et que nous avons saisie. Cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au- delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur, lui qui est devenu grand prêtre de l’ordre de Melchisédech pour l’éternité.
Et je termine par cette parole du Pape lors de l’ouverture de l’année de la vie consacrée, donnant trois axes qui doivent être écrit à l’encre indélébile, dans nos cœurs :
-Vivre le présent avec passion.
-Regarder le passé avec reconnaissance.
-Embrasser l’avenir avec espérance.
Soyez bénis !!!
Merci c’est un parfait enseignement selon ce que nous avons appris de nos frères protestants qui se laissaient saisir par la Parole de Dieu.