PROPHETIE ET DISCERNEMENT

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Prophétie et discernement

Article paru en juillet 1991 dans le n° 4 du bulletin Pentecôte aujourd’hui, écrit par Marie-José Delyfer et Marie-Cécile Teyssier d’Orfeuil, alors bergères du groupe de prière de St-Leu à Paris. Toujours d’actualité plus de 30 ans après ! 

L’exercice du charisme de prophétie suscite souvent maintes questions aux noyaux des groupes de prière : telle parole donnée est-elle ou non une prophétie ? Comment exercer le discernement ? Comment aider le « prophète » à vivre ce don qui lui est fait ?

Le temps des premiers balbutiements

En remontant assez loin dans le temps, avant que les charismes ne soient reçus, un grand désir de les recevoir habitait les cœurs. Ce désir était déjà comme l’accueil de ce qui serait donné un jour. Puis vient le temps des premiers balbutiements et des premières interprétations d’un chant en langue. Temps où l’on se regarde, à la fois étonné et heureux. Est-ce bien une parole de Dieu pour notre assemblée ? Personne n’ose l’affirmer ou l’infirmer. Le discernement n’est pas encore bien affiné, nous sommes invités à la confiance ; confiance que le Seigneur répond à notre désir, confiance en celui ou celle qui, au nom du Seigneur, ose se lancer et prononce une parole qui le dépasse.

Le prophète : un homme « aux mains vides »

Oser parler, c’est avancer en eau profonde en mettant toute sa confiance dans le Seigneur qu’on écoute. En ouvrant la bouche, certains ont déjà tout reçu, tandis que d’autres recevront petit à petit les paroles de consolation, d’exhortation ou d’édification.

Il arrive souvent que les personnes qui commencent à prophétiser ressentent dans leur corps quelque chose d’inhabituel. Selon les personnes et les moments, ce sont des battements de cœur, douleur, crampe, gêne respiratoire, chair de poule… Cette participation émotive du corps est perçue comme signe de discernement par certains de ceux qui prophétisent. Elle n’est ni condition nécessaire, ni signe d’authenticité ; néanmoins cela les aide à prendre la parole. Puis les signes disparaissent quand le message a été transmis, comme ils peuvent disparaître lorsque le charisme s’est affirmé.

Puis peu à peu, se laissant enseigner par le Seigneur et soumis au discernement de ses frères, le prophète aura des repères de discernement et saisira de mieux en mieux si la parole reçue est à donner, si elle est pour lui ou pour toute l’assemblée, s’il doit la donner immédiatement ou attendre le moment favorable.

À l’usage, il nous semble essentiel de reconnaître que le Seigneur passe par l’humanité de celui qu’il utilise comme instrument de sa grâce pour l’assemblée.

  • le vocabulaire utilisé est celui qui lui est familier ; il en est de même pour les expressions, le rythme de la phrase…
  • souvent la parole donnée rejoint la réalité et l’expérience spirituelle que le prophète a pu faire ou est en train de faire ; si ce n’est pas le cas, il est le premier à être interpellé et concerné par la parole qu’il transmet.

Comme ses frères et sœurs, le prophète est appelé à se convertir. « À la place du Seigneur, je ne l’aurais pas choisi ! » avons-nous entendu parfois ! Reconnaissons la gratuité du don de Dieu qui n’attend pas que nous soyons des saints pour faire de nous des serviteurs. Et le prophète se doit d’être dépouillé de lui-même avant, pendant et après la prophétie, qui ne lui appartient pas.

Accueillir et discerner les prophéties

Est-ce bien la parole de Dieu ? Les membres des noyaux ont parfois l’impression que certaines paroles prophétiques ne sont pas justes ou ne construisent pas l’assemblée de prière. Plusieurs cas de figure peuvent en être cause :

  • la personne veut imposer son désir propre et choisit pour ce faire la forme prophétique. Le ton de la voix, l’usage de certains mots, sa non-écoute de ce qui est en train de se vivre… permettent rapidement de ne pas se laisser tromper.
  • la personne faisant le tour de plusieurs groupes veut imposer à une assemblée ce qu’elle a entendu ailleurs.
  • le danger de se laisser envahir par des paroles trop pieuses qui, si elles ne font pas de mal, ne construisent pas une assemblée de prière. La personne a à cœur de partager ce qui l’habite personnellement : l’amour du Seigneur, sa miséricorde, mais elle n’accueille pas la nouveauté de la parole du Seigneur ce soir-là. Ces prophéties toujours un peu semblables sur l’amour de Dieu peuvent plaire à certains, mais agacent ceux qui discernent qu’elles ne construisent pas. Nous avons toutes deux pris conscience que l’agacement manifesté par des impatiences, des mimiques, voire des grimaces, reflétait un manque de charité. De plus il suscite parfois des paroles sévères, bien que justes, qui peuvent intimider voire paralyser tel frère appelé à exercer un jour un charisme. Ne faisons pas de nos discernements des couperets.

Le charisme se confirme

Dans les groupes où ce charisme est en train de naître, veillons tout particulièrement à éviter un danger. Depuis des mois le groupe attendait, et voilà qu’aujourd’hui le Seigneur parle par un frère, dans cette immédiateté tant désirée ! N’enfermons pas notre frère dans un rôle, dans une fonction. N’attendons pas qu’à chaque assemblée il reçoive une parole pour nous ; car nous risquerions alors d’être des tentateurs en lui donnant l’occasion de connaître l’orgueil, la main-mise sur un charisme… Prions plutôt pour qu’il se laisse faire dans l’humilité, la confiance et l’amour. Encourageons-le en le confirmant, mais aussi en le freinant si nécessaire.

Il nous est arrivé d’être amenées à demander à un frère de se taire un certain temps pour purifier ce charisme. Il est beau alors d’être témoin de l’humilité et de la soumission de ce frère ! Oui, dans la prière, soyons soumis les uns aux autres, comme le demande saint Paul (I Cor 14, 32).

Désirez les charismes

À vous qui avez l’impression que votre groupe « n’avance pas », « n’est pas charismatique », ou « ne l’est plus », notre expérience à St-Leu nous invite à dire : désirez les charismes, demandez-les, demandez au Seigneur d’ouvrir vos cœurs et vos lèvres pour que vous puissiez proclamer sa louange, entrez plus librement, plus longuement, plus totalement dans cette louange de notre Dieu ; réjouissez-vous de ce qu’il est, réjouissez-vous de ce qu’il fait !

Nous voudrions aussi vous dire combien est important pour l’exercice des charismes la pratique dans l’assemblée de prière du chant en langue collectif ou individuel. Cela aide infiniment les frères et sœurs qui reçoivent des messages à les laisser naître et s’imprimer en eux. Comme dans certains concertos pour piano, le chant en langue tel l’orchestre, introduit et supporte le « solo » du prophète. Il y a comme une harmonie, un ajustement entre chants en langue et prophéties. Écoutons, affinons nos oreilles. Laissons l’Esprit Saint être le compositeur et soyons ses humbles serviteurs, ses interprètes.

Pour aller plus loin en noyau :

  • Le charisme de prophétie s’exerce-t-il dans notre groupe ? Sinon, où en sommes-nous de notre désir de le recevoir ?
  • Les cœurs sont-ils préparés à l’accueillir par la louange, le chant en langue ?
  • Les prophéties données dans l’assemblée nous semblent-elles justes, ou proches de paroles pieuses qui ne construisent pas ?
  • Vivons-nous un partage et un dialogue avec ceux qui exercent ce charisme ?

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